Amélioration du service public de l’eau en Algérie : La problématique des coûts et des tarifs reste posée

20/02/2025 mis à jour: 15:39
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Le défi pour les entreprises du service public de l'eau est d'assurer sa distribution de manière efficace et durable

L’amélioration du service public de l’eau représente actuellement un énorme défi pour les entreprises chargées de gérer cette ressource vitale et la faire parvenir, à travers tout un réseau de conduites et d’infrastructures à entretenir, jusqu’aux abonnés, qu’il s’agisse de ménages, d’agriculteurs ou d’industriels avec la qualité exigée et dans les normes d’hygiène requises.

 Une exigence classée parmi les priorités stratégiques de l’Etat pour assurer un droit garanti par la Constitution algérienne de 2020, qui stipule dans son article 63 : «L’Etat veille à permettre aux citoyens d’avoir accès à l’eau potable et active à la préserver pour les générations futures.» 

Un droit qui avait déjà été conforté dans les dispositions de la loi 12-05 du 4 juillet 2005, plus connue par la «Loi de l’eau», complétée et modifiée par la loi 03-08 du 23 janvier 2008 et l’ordonnance 02-09 du 22 juillet 2009. 

Un droit que l’Etat veille aussi à faire respecter, et qui se trouve inscrit parmi les obligations à assurer par des entreprises publiques confrontées aux difficultés de réussir à satisfaire les besoins en eau des citoyens, tout en parvenant à réaliser un équilibre financier entre le coût de production de l’eau et son prix facturé, ce qui représente aujourd’hui une véritable problématique surtout que le prix du mètre cube d’eau, fixé à 6,30 DA, n’a pas changé depuis la parution du décret exécutif 13-05 du 9 janvier 2005. 

Un sujet qui a été au centre des interventions et de débats intéressants lors d’un séminaire national organisé par la direction générale de l’Algérienne des eaux (ADE) en partenariat avec l’université Frères Mentouri (Constantine 1), et le Centre de recherches en aménagement du territoire (CRAT), avec la participation de la Société de l’eau et de l’assainissement de Constantine (Seaco), et dont les travaux ont été abrités par le Campus 500 places pédagogiques de l’université Constantine 1. 

Cette situation reflète également un énorme défi accompli quotidiennement face à une hausse considérable de la demande et des exigences d’approvisionner les citoyens en eau de qualité, ce qui induit également des dépenses considérables en matière d’entretien des réseaux et des infrastructures, de traitement des eaux et de contrôle de la qualité, sans compter les dépenses relatives à l’énergie électrique. 


Un déficit de 52 DA par m3 facturé

Dans son intervention au cours de ce séminaire, Salah-Eddine Cheriet, directeur central chargé de la clientèle à l’Algérienne des eaux (ADE), a parfaitement synthétisé les efforts considérables déployés par cette dernière dans sa mission pour laquelle elle a été créée en 2001, sachant qu’elle assure la gestion de l’eau en totalité dans 1041 communes, alors qu’elle est  actionnaire majoritaire dans 123 autres, ce qui donne un total de 1164 sur les 1541 communes de l’Algérie, soit plus de 75% de ces dernières. «L’ADE assure l’approvisionnement à raison de 5,85 millions de mètres cubes en moyenne par jour pour 6,52 millions d’abonnés, soit 31,16 millions de citoyens, en exploitant diverses ressources, dont les eaux superficielles, les eaux souterraines et les eaux dessalées ; ce qui nous oblige à mobiliser d’énormes moyens pour garantir la qualité de cette eau à travers 100 laboratoires d’analyses dans les stations de traitement, 44 autres répartis sur le territoire national, sans oublier un laboratoire central installé à Alger doté des équipements et du matériel le plus sophistiqué», a-t-il souligné. 

Tout cela a un coût. Selon le même responsable, les charges inhérentes au traitement des eaux sont estimées à 2,5 milliards de dinars par an, alors que la facture énergétique revient à près de 8 milliards de dinars. En comptabilisant la masse salariale et autres charges, on évalue le coût moyen de 1 mètre cube d’eau à 75,77 DA, alors que son prix moyen de vente est de l’ordre de 24,54 DA, soit un déficit de 52 DA par m3 d’eau facturé. 

En somme, le prix de vente de l’eau ne couvre que 32% des coûts, ce qui induit des difficultés financières pour l’ADE et ses filiales, à savoir la SEAAL, la SEOR et la SEACO, chargées de la gestion de l’eau et de l’assainissement dans les wilayas d’Alger, Oran et Constantine. 

Ceci sans compter les opérations coûteuses également menées pour la réparation des fuites, l’installation des compteurs, sans oublier la lutte contre les piquages illicites qui font perdre des millions de mètres cubes ainsi que le recouvrement des créances détenues auprès des clients ayant atteint le seuil de 67 milliards de dinars en 2024. 

 

Constantine
De notre correspondant S. Arslan
 

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