Alors que l’offensive des milices armées se poursuit en Syrie : Moscou et Téhéran volent au secours d’Al Assad

03/12/2024 mis à jour: 17:38
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Des bombardements ont ciblé, hier, plusieurs secteurs du nord-ouest de la Syrie contrôlés par les milices

La situation est toujours extrêmement tendue en Syrie après l’offensive menée par une coalition de milices armées dominées par Hayat Tahrir al Sham. Samedi, la ville de Halab (Alep) est tombée aux mains de ces milices, de même que l’aéroport. «A la surprise générale, le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al Sham (HTS) et des factions rebelles, dont certaines appuyées par Ankara, ont lancé leur offensive depuis la province d’Idleb. Ils se sont emparés rapidement de dizaines de localités ainsi que de la ville d’Alep, à l’exception de ses quartiers nord habités par des Kurdes», résume l’AFP. 

Malgré la riposte cinglante de l’armée syrienne, notamment l’aviation, soutenue par des chasseurs russes, les milices armées maintiennent leurs positions et tentent de conquérir d’autres territoires. «L’opposition armée syrienne a poursuivi son avancée rapide après avoir conquis la ville d’Alep, son aéroport et l’ensemble de la province d’Idleb, tandis que le régime syrien a déclaré avoir repris des villages dans la campagne de Hama, qui avaient été conquis par des factions de l’opposition samedi», indique Al Jazeera sur son site web. 

«L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé qu’Alep échappe désormais au contrôle du régime syrien pour la première fois depuis le début de la guerre, quelques quartiers restant sous le contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS)», ajoute Al Jazeera. Les FDS sont une coalition armée à dominante kurde créée en 2015 et soutenue par les Etats-Unis. Ils sont notamment déployés au nord de la Syrie. A leur création, leur objectif était de combattre les terroristes de Daesh (groupe Etat islamique) ainsi que les forces turques. 


La coalition armée tente de faire tomber Hama

Décidé à reconquérir Halab, Bachar Al Assad en appelle au soutien de ses alliés traditionnels, Moscou et Téhéran en tête, le Hezbollah étant épuisé par 13 mois de guerre contre Israël. Dans l’urgence, l’aviation syrienne et russe pilonne les positions des groupes rebelles autour d’Idleb. Hier, des bombardements ont ciblé plusieurs secteurs du nord-ouest du pays contrôlés par les milices. Ces raids aériens ont fait 11 morts, selon l’AFP. 

L’agence officielle syrienne Sana a indiqué que des frappes de l’aviation syrienne soutenue par la Russie ont visé «un rassemblement de commandants d’organisations terroristes» dans la province d’Alep, «tuant des dizaines de personnes». Ces attaques ont permis également de détruire un «convoi de véhicules transportant des armes dans l’est de la province d’Idleb». 

Du côté de la coalition armée, celle-ci a lancé hier une nouvelle offensive contre la ville de Hama. Selon l’OSDH cité par l’AFP, les groupes dissidents ont «pour la première fois utilisé des lance-roquettes pour bombarder des quartiers de la ville de Hama, tuant six civils». Au total, les combats qui font rage au nord-ouest de la Syrie ont fait depuis mercredi plus de 457 morts, «en majorité des combattants mais incluant aussi plus de 72 civils», précise l’ONG syrienne basée au Royaume-Uni. 

L’agence Reuters nous apprenait hier qu’«au moins 25 personnes ont été tuées dans le nord-ouest de la Syrie lors de frappes aériennes menées par le gouvernement syrien et la Russie». Information que le correspondant de Reuters dit avoir recueillie auprès du «service de secours géré par l’opposition syrienne, connu sous le nom de Casques blancs». L’agence britannique ajoute que «des avions (de combat) russes et syriens ont frappé la ville d’Idleb, tenue par les rebelles, dans le nord de la Syrie, dimanche, selon des sources militaires». 

«Des habitants ont déclaré qu’une attaque avait touché une zone résidentielle bondée dans le centre d’Idleb, la plus grande ville de l’enclave rebelle située près de la frontière turque, où environ quatre millions de personnes vivent dans des tentes et des habitations de fortune», poursuit Reuters. «Au moins sept personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, selon les secouristes présents sur les lieux», affirme l’agence anglaise. 

Décrivant la situation à Halab, le correspond de Reuters note : «A l'intérieur de la ville d'Alep, les rues étaient pratiquement vides et de nombreux magasins étaient fermés dimanche, les habitants, effrayés, étant restés chez eux. Des témoins ont affirmé qu’il y avait toujours un flux important de civils quittant la ville. Ahmad Tutenji, un commerçant du quartier aisé de New Aleppo, s’est dit surpris de la rapidité avec laquelle l’armée est partie. ‘‘Je suis choqué par la façon dont ils ont fui et nous ont abandonnés’’, a-t-il déclaré.» 

Reuters explique dans la foulée que «la guerre, qui a tué des centaines de milliers de personnes et en a déplacé des millions d’autres, dure depuis 2011 et n’a pas connu de fin officielle. Les combats les plus violents ont cessé il y a plusieurs années après que les milices soutenues par l’Iran et la puissance aérienne russe ont aidé Al Assad à prendre le contrôle de toutes les grandes villes».


«L'escalade terroriste vise à redessiner la carte régionale»

Pour le président syrien, le coup de force de ces derniers jours fait partie d’un plan visant à «redessiner la carte» du Moyen-Orient. Dans un entretien téléphonique avec son homologue iranien, Massoud Pezeshkian, M. Al Assad a estimé, en effet, que «l’escalade terroriste vise à tenter de morceler la région, d’effriter ses Etats et de redessiner la carte régionale conformément aux intérêts et objectifs de l’Amérique et de l’Occident». 
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, était en visite à Damas dimanche pour réaffirmer le soutien de Téhéran à Damas. Il a reconnu que la situation en Syrie était «difficile», mais il est convaincu que «le gouvernement Al Assad l’emportera».


Il faut savoir par ailleurs que l’Iran a mis des «conseillers militaires» à la disposition des autorités syriennes. «La présence de conseillers iraniens en Syrie n’est pas une nouveauté, elle existait dans le passé et se poursuivra à l’avenir, avec assurément (...) la volonté du gouvernement syrien», a précisé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, lors de sa conférence hebdomadaire, rapporte l’AFP. 


Autre marque de soutien qui a son importance : Mohsen Rezaï, l’ancien commandant en chef du corps des Gardiens de la révolution en Iran, a annoncé, selon Al Jazeera : «Nous soutenons le gouvernement syrien, et nous allons déployer toute notre énergie pour venir en aide à Damas dans le respect du droit international.» Le général iranien fera remarquer que «ce qui se passe en Syrie est un complot israélo-américain qui vise à couvrir l’échec sioniste au Liban», attirant l’attention sur la coïncidence de cette vaste opération de déstabilisation avec le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël. 


Pour sa part, Moscou a affirmé qu’il «continuera de soutenir» l’Etat syrien. «Nous continuons bien sûr de soutenir Bachar Al Assad», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l’AFP. Peskov a fait savoir que la Russie va s’exprimer «sur ce qui est nécessaire de faire pour stabiliser la situation». L’état-major russe a assuré en parallèle que «l’armée arabe syrienne, avec l’aide des forces aérospatiales russes, poursuit son opération visant à repousser l’agression terroriste dans les provinces d’Idleb, de Hama et d’Alep».

«Les violences en Syrie des derniers jours, les premières de cette ampleur depuis 2020, font craindre une reprise des hostilités à grande échelle dans un pays morcelé en plusieurs zones d’influence, où les belligérants sont soutenus par différentes puissances régionales et internationales», souligne l’AFP. 

A noter que la Turquie, l’Iran, la Russie et les Etats-Unis sont présents militairement en Syrie.   Mustapha Benfodil

 

 

 

 

Les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni appellent à la «désescalade» en Syrie

Les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont appelé dimanche, dans un communiqué conjoint, à la «désescalade» en Syrie. «Nous (...) appelons toutes les parties à la désescalade et à la protection des civils et des infrastructures afin d’éviter de nouveaux déplacements et la perturbation de l’acheminement de l’aide humanitaire», indique leur communiqué, ajoutant que l’«escalade» du conflit soulignait «la nécessité urgente» d’une «solution politique»

 

. Réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra aujourd’hui une réunion d’urgence sur la Syrie, après une offensive fulgurante des rebelles qui ont réussi à prendre de vastes régions du nord du pays aux forces gouvernementales, ont indiqué hier plusieurs sources diplomatiques à l’AFP.
La réunion a été demandée par le gouvernement syrien, et relayée par les trois membres africains du Conseil (Algérie, Mozambique, Sierra Leone) et le Guyana, a précisé une de ces sources.
 

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