Alors que la CIJ rejette la requête du Nicaragua contre l’Allemagne : La peur s'empare de Netanyahu

02/05/2024 mis à jour: 02:40
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Photo : D. R.

Lundi dernier, pendant que la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, prononçait son délibéré relatif à la requête de demandes conservatoires du Nicaragua contre l’Allemagne pour «complicité de génocide» à Ghaza, en raison de son soutien militaire à Israël, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a réagi de manière virulente contre les éventuels mandats d’arrêt que la CPI pourrait délivrer incessamment contre lui et des dirigeants politiques et militaires de l’Etat hébreu.

Sa déclaration sur son compte X (anciennement Twitter) a fait le buzz sur les plateformes numériques, avant même que le président de la CIJ ne termine le prononcé de sa décision relative à l’affaire opposant le Nicaragua à l’Allemagne. Ainsi, la Cour a conclu qu’à «l’heure actuelle, les circonstances ne sont pas de nature à exiger l’exercice de son pouvoir» pour «indiquer des mesures conservatoires en vertu de l’article 41 du Statut», tel que demandé par le Nicaragua.

Cependant, elle a rejeté la demande allemande de rayer l’affaire du rôle, ce qui suppose que celle-ci peut être réactivée à n’importe quel moment. Pour la Cour, le commerce et la fabrication des armes en l’Allemagne sont régis par un «cadre juridique qui prévoit un processus interinstitutionnel faisant intervenir au moins deux ministères, et éventuellement davantage selon l’objet de la demande d’autorisation.

Conformément à ce cadre, deux catégories de technologie et de matériel militaires sont soumises à autorisation, les armes de guerre et les autres matériels militaires».

La Cour a souligné que les autorisations d’exportation d'armes vers Israël accordées ont «nettement diminué depuis novembre 2023, passant d’environ 200 millions d’euros en octobre 2023 à environ 24 millions d’euros en novembre 2023 et finalement à environ 1 million d’euros en mars 2024 (…), seules quatre autorisations pour armes de guerre ont été accordées depuis le 7 octobre 2023 : deux concernaient des munitions à fin d’entraînement, une des charges propulsives à des fins d’essai, et une l’exportation de 3000 armes antichars portables (…)».

Et de signaler qu’Israël «avait aussi pris contact avec le gouvernement allemand en 2023 au sujet de munitions pour blindés et qu’aucune décision n’a jusqu’ici été prise par la défenderesse». 

«Mandats d’arrêt imminents»

Si l’Allemagne s’est immédiatement «félicitée de la décision», le Nicaragua a déclaré que cette affaire «n’est qu’à son début» que «la route est encore longue» et «le champ est ouvert pour revenir sur les faits, car pour nous, l’Allemagne a violé le droit international en fournissant des armes à Israël».

Pendant que chacune des parties s’exprimait sur le prononcé de la Cour, le Premier ministre israélien a fait le buzz sur les plateformes numériques.

Depuis une semaine, faut-il le souligner, ces ordonnances de la CPI dirigées contre lui, son ministre de la Défense, Yoav Gallant, et son chef d’état-major des forces de défense israéliennes, Herzi Halevi, ainsi que d’autres responsables avaient fait la une des médias américain et israélien, évoquant des «mandats d’arrêt imminents» au moment où l’Etat hébreux venait de remettre le rapport exigé par la CIJ pour examensur les mesures tendant à «empêcher le génocide, en arrêter en cas où il se déroule», et la famine à travers une large distribution des aides humanitaires.

Dans une vidéo de quelques minutes, le Premier ministre israélien apparaît très irrité et inquiet. «Quelle absurdité, quelle distorsion de la justice et de l’histoire. Si la Cour devait délivrer des mandats d’arrêt pour crimes de guerre, il s’agirait de scandale à l’échelle historique», lance Netanyahu, et d'accuser la CPI d’«empêcher» son pays «de se défendre».

«80 ans après la Shoah, les organismes internationaux qui ont été créés pour empêcher une autre Shoah envisagent de refuser à l’Etat juif le droit de se défendre contre ceux qui sont venus commettre un génocide contre nous, et ils travaillent toujours activement dans ce sens.

Quelle absurdité, quelle distorsion de la justice et de l’histoire», a déclaré Netanyahu, en qualifiant la démarche de «tache indélébile sur l’humanité tout entière» et de «crime de haine antisémite sans précédent». Le responsable a juré qu’«aucune décision, ni à La Haye ni ailleurs, ne nuira à notre détermination à atteindre tous les objectifs de la guerre».

Avant de conclure, il a appelé les «dirigeants du monde libre à s’opposer» à l’émission de mandats d’arrêt car, selon lui, «une telle mesure porterait atteinte non seulement au droit d’Israël à l’autodéfense, mais aussi à celui de toutes les démocraties du monde».

Ces menaces cachent mal  la forte inquiétude du Premier ministre, surtout que le jour-même, c’est-à-dire mardi dernier, l’agence de presse britannique Reuters avait fait des révélations importantes selon lesquelles «deux procureurs» de la CPI «ont interrogé les employés de deux des plus grands hôpitaux de Ghaza».

Pour l’agence, qui se base sur le témoignage de deux sources, «cela confirme pour la toute première fois l’information qui avait laissé entendre que les enquêteurs du tribunal s’entretenaient avec les médecins concernant de possibles crimes commis dans la bande de Ghaza (…).

Les enquêteurs de la CPI avaient recueilli les témoignages des personnels du principal hôpital de Ghaza City, l’hôpital Al Shifa, qui se trouve dans le nord de l’enclave, et ceux des personnels de l’hôpital le plus important de Khan Younès, dans le sud (…)». 
 

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