Alors que 2024 s’est achevée sur la chute de Bachar Al Assad Syrie 2025 : L’année de tous les possibles

02/01/2025 mis à jour: 16:49
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Les Syriens ne ratent pas une occasion pour fêter la liberté - Photo : D. R.

Une jeune Syrienne résume le sentiment général en déclarant au site asharq.com : «En 2025, les gens seront heureux. Il y a de la liberté. Tout le monde a envie de donner quelque chose à ce pays, contrairement à ce qui se passait avant lorsque nous n’avions pas le droit de faire quoi que ce soit et qu’il n’y avait pas de joie dans les yeux des gens.»

C’est dans l’allégresse que les Syriens ont enterré l’année 2024, une année qui leur aura porté bonheur à voir les foules extatiques qui célèbrent tous les jours, depuis le 8 décembre et le départ forcé de Bachar Al Assad, la fin de la dictature. Pour l’année qui commence, l’écrasante majorité des Syriens ont sensiblement les mêmes vœux à la bouche : que cette paix retrouvée dure le plus longtemps possible, que la Syrie soit unie et forte de la diversité de ses communautés, et que ce grand virage que le pays est en train de négocier depuis la chute du régime alaouite débouche sur une belle démocratie arabe.

Désormais, les Syriens ne ratent pas une occasion pour fêter la liberté. Et la célébration du Nouvel An leur offrait naturellement une précieuse opportunité pour poursuivre les festivités. Ainsi, à l’occasion du réveillon, ils ont investi massivement  les rues et les places publiques, à Damas et dans toutes les villes du pays, très souvent en famille, pour fêter le Nouvel An en formant des cortèges joyeux, enflammant la nuit damascène à coup de klaxons et de feux d’artifice, et en donnant de la voix et dansant jusqu’au matin.

«En 2025, les gens seront heureux»

En phase avec la nouvelle ère, l’agence officielle syrienne Sana s’est fendue de ce message enthousiaste et plein d’espoir : «Aujourd’hui (mardi 31 décembre, ndlr), nous faisons nos adieux à l’année 2024 avec l’événement historique le plus important depuis un demi-siècle ou plus, et nous sommes remplis d’un espoir ardent que la Syrie de demain sera propulsée vers le progrès et la prospérité, et qu’elle devienne un modèle de vivre-ensemble et de paix. Ensemble, construisons la Syrie que nous avons toujours voulue.»

Une jeune Syrienne résume le sentiment général en déclarant au site asharq.com : «En 2025, les gens seront heureux. Il y a de la liberté. Tout le monde a envie de donner quelque chose à ce pays, contrairement à ce qui se passait avant, lorsque nous n’avions pas le droit de faire quoi que ce soit et qu’il n’y avait pas de joie dans les yeux des gens…»

Une autre fera remarquer : «Maintenant, tous les rêves sont permis et deviennent plus faciles à réaliser, que ce soit pour les étudiants, les entrepreneurs ou tous ceux qui veulent réussir. Avant, tout était pénible. Notre seul espoir était de partir à l'étranger afin de réaliser nos rêves. J’espère que nous allons pouvoir le faire chez nous.» Craignant de voir ressurgir les démons du passé, la même femme formule ce vœu : «Je souhaite la sécurité. Que nous devenions comme les autres pays, que tous les secteurs se développent, qu’on nous garantisse la liberté et la démocratie, et qu’il n’y ait pas de répression.»

Manar, une autre Syrienne qui fêtait le Nouvel An mardi soir dans la rue, émet pour sa part ce souhait au correspondant d’asharq.com : «Mon voeu est que ce pays soit sûr et sécurisé, qu’il soit prospère, qu’il y ait plus de liberté dans tout, dans les relations avec les gens, dans les administrations aussi. Nous ne voulons plus de bureaucratie. Nous souhaitons qu’il y ait de la démocratie dans tous les domaines.» Abdallah, déguisé en Père Noël, lance de son côté : «J’espère que nous pourrons tous nous aimer et être frères les uns des autres. Après tout, nous formons un seul peuple. Nous sommes tous Syriens.»

«Tout ce qu'on veut, c'est la paix»

A Damas, c’est à nouveau la place des Omeyyade qui aura été l’épicentre des réjouissances et la Mecque des foules en liesse. Sur la place résonne la chanson Souria Djenna («La Syrie est un paradis»), de l’icône Assala Nasri, chanson devenue l’hymne de la révolution syrienne. Au milieu de cette place emblématique attenante à la somptueuse Mosquée des Omeyades, près de Souk El Hamidiyé, «plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées en brandissant des drapeaux aux couleurs de la ''révolution'', célébrant l’entrée du pays meurtri par treize années de guerre civile dans une année 2025 placée sous le signe de ''l’espoir''», note l’AFP.

«A minuit, des coups de feu tirés depuis le mont Qassioun, surplombant la capitale, se mêlent au tonnerre de feux d’artifice illuminant le ciel nocturne», constate le correspondant de l’agence française. «On ne s’attendait pas qu’un tel miracle se produise, aujourd’hui les Syriens ont retrouvé le sourire», déclare à l’AFP Layane Al Hijazi, étudiante en génie agricole de 22 ans, sur la place des Omeyyades. «On a pu obtenir nos droits, on peut parler désormais. Je me suis défoulée ces trois dernières semaines et ce soir en faisant sortir tout ce que j’avais d’enfoui pendant près de 14 ans de guerre», confie la jeune femme. «Quoi qu’il arrive, ce sera mieux qu’avant», gage Imane Zeidane, 46 ans, dessinatrice.

Cette citoyenne est venue avec son mari et leur fille sur la place des Omeyyades. «Je commence la nouvelle année avec sérénité et optimisme, j’ai confiance en ce gouvernement», assure Mme Zeidane. «Chaque année, on vieillissait de dix ans d’un coup. Mais avec la chute du régime, toutes nos peurs se sont dissipées», a glissé Qassem Al Qassem, chauffeur de taxi de 34 ans. «Maintenant, j’ai beaucoup d’espoir. Tout ce qu’on veut désormais c’est la paix», ajoute-t-il. «J’espère que la Syrie de 2025 sera une Syrie non confessionnelle, pluraliste, pour tous, sans exception», souhaite pour sa part Havan Mohammad, étudiant en pharmacie, originaire de Qamichli, ville kurde du nord-est de la Syrie.

Le nouveau ministre syrien de l’Information  promet la liberté de la presse

Le nouveau ministre syrien de l’Information, Mohammed Al Omar, a organisé mardi une rencontre avec un grand nombre de journalistes syriens à Damas. Cette réunion était principalement axée sur «le rôle des médias dans la phase post-libération». C’est ce qu’a indiqué le département ministériel du gouvernement intérimaire dans un communiqué publié mardi. «Dans le cadre du soutien et du développement du travail des médias nationaux, le ministère de l’Information a organisé une réunion de dialogue avec un certain nombre de professionnels des médias dans le bâtiment du ministère à Damas.

La session a été ouverte par le ministre de l’information, Mohammed Al Omar, qui a exprimé sa grande reconnaissance pour le rôle des professionnels des médias dans la phase de libération» précise le communiqué. Le nouveau ministre considère que la dichotomie «presse gouvernementale VS presse indépendante» est dépassée, en faisant observer que «la révolution syrienne a créé un état de cohésion où tout le monde était embarqué dans le même bateau».

Pour lui, tout le monde doit maintenant ramer dans le même sens pour «construire une nouvelle Syrie». «Les médias ne sont plus seulement un outil pour rapporter les nouvelles, mais sont devenus un champ de bataille majeur» a-t-il insisté. «L’ancien régime a perdu sa puissance militaire, reste maintenant la bataille de la réforme des médias» a-t-il encore souligné. Dans cet esprit, Mohammed Al Omar a clairement fait savoir que dans le paysage médiatique post-Al Assad qui va rapidement se dessiner, «la priorité sera accordée aux médias révolutionnaires, compte tenu du professionnalisme dont ils ont fait preuve».

Ces médias qui ont accompagné l’offensive fulgurante de Hayat Tahrir Al Sham, désormais au pouvoir, sont «une partie essentielle du processus de construction du nouvel Etat», estime le ministre proche d’Ahmad Al Sharaa. Le responsable politique a appelé en outre à «adopter un discours médiatique inclusif qui favorise la cohésion sociale». Dans un entretien accordé à l’AFP, le même ministre a assuré qu’il allait «œuvrer pour une presse libre», s’engageant à «garantir la liberté d’expression» dans la Syrie post-Al Assad. «Il y avait une forte restriction des libertés de la presse et d’expression du temps du régime qui pratiquait la censure.

Pour la phase à venir, nous œuvrons à la reconstruction d’un champ médiatique syrien libre, objectif et professionnel», a déclaré le ministre de l’Information, Mohamed Al Omar, à l’AFP.  Le représentant du gouvernement de transition a promis d’accorder une attention particulière aux journalistes ayant travaillé dans les médias officiels sous la dictature et qui ont «refusé d’être des instruments de propagande», promettant qu'ils seront «appelés à revenir à leurs postes». M. B.

La guerre en Syrie a fait plus de 528 500 morts en près de 14 ans

La guerre en Syrie a fait plus de 528 500 morts, a indiqué hier l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) après près de 14 ans d’un conflit dévastateur. Plus de 181 939 civils figurent parmi les plus de 528 592 personnes tuées depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, dont au moins 15 207 femmes et 25 284  enfants, ainsi que des combattants, selon l’Observatoire.

Ce bilan inclut les décès de l’année 2024, mais aussi des milliers d’autres morts durant les années de guerre que l’ONG n’a pu vérifier que dernièrement. Au total pour l’année 2024, marquée par la chute du pouvoir de  Bachar Al Assad le 8 décembre, l’OSDH rapporte la mort de 6777 personnes. Parmi elles, figurent 3598 civils, dont 240 femmes et 337 «enfants de moins de 18 ans», selon le bilan publié par l’ONG basée au Royaume-Uni.

Par ailleurs, 3179 combattants issus des rangs des différents belligérants ont été tués, dont les forces de «l’ancien régime», «des groupes armés islamistes» et des djihadistes, d’après la même source. L’OSDH, depuis 2011, a pu catégoriquement vérifier la mort de plus de 64 000 personnes dans les geôles de l’ancien pouvoir «à cause de la torture, la négligence médicale ou des mauvaises conditions de détention».

 

 

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