En visite de travail depuis vendredi soir à Téhéran, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a été reçu hier par le président iranien, Ebrahim Raïssi. Lors de cette audience, M. Attaf a transmis un message verbal du président Abdelmadjid Tebboune à son homologue iranien, dans lequel il lui a confirmé les points sur lesquels ils se sont entendu au cours de leurs récents échanges téléphoniques pour dynamiser les relations bilatérales.
L’Algérie a salué dans ce sillage l’«évolution positive» des relations arabo-iraniennes, avec notamment la réconciliation en avril dernier entre Riyad et Téhéran, après sept ans de rupture des relations diplomatiques. Le président iranien a, pour sa part, exprimé son «admiration» quant au «développement que connaît l’Algérie grâce aux réformes politiques, économiques et sociales menées par le président Tebboune», assurant qu’il compte «intensifier les échanges et le travail avec lui» pour réaliser leur «vœu commun de hisser la coopération économique au niveau de l’excellence des relations politiques».
Pour renforcer davantage les relations bilatérales, Ebrahim Raïssi a invité Abdelmadjid Tebboune à se rendre à Téhéran pour une visite d’Etat «dans les plus brefs délais». Aussi, le président iranien participera, comme annoncé par son ministre des Affaires étrangères, au Forum des pays exportateurs de gaz qui se tiendra prochainement en Algérie. Avant de rencontrer le président Raïssi, M. Attaf s’est longuement entretenu avec son homologue Hossein Amir-Abdollahian.
Les deux ministres ont fait le point sur l’état des relations bilatérales et passé en revue plusieurs dossiers d’intérêt commun. Ils ont en outre évoqué la question de la décolonisation en Palestine et au Sahara occidental, en plus des crises au Yémen, en Libye et au Soudan. Ahmed Attaf a, par ailleurs, informé son homologue iranien des efforts déployés par l’Algérie pour contribuer à la propagation de la sécurité et de la stabilité au niveau régional et international, citant dans ce contexte l’initiative lancée par le président Tebboune pour la médiation entre la Russie et l’Ukraine.
Il a également fait part de la poursuite de la médiation algérienne dans la crise malienne afin d’«ouvrir la voie à la paix et à la réconciliation» dans ce pays, et de créer des conditions favorables à une lutte efficace contre le terrorisme dans la région du Sahel.
Dans une déclaration faite lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue iranien, le chef de la diplomatie algérienne a précisé que «les pourparlers ont abouti à des résultats positifs et concrets visant dans leur ensemble à donner une impulsion nouvelle aux relations bilatérales». M. Attaf a annoncé dans ce sillage s’être mis d’accord avec son homologue iranien pour entamer les préparatifs pour la tenue de la troisième session de la Haute commission mixte et activer d’autres mécanismes de coopération bilatérale, tels que le Comité de suivi et la Commission de concertation politique.
De son côté, le ministre iranien a affirmé que les relations bilatérales sont sur «la bonne voie», mettant en avant le rôle moteur de l’Algérie au sein de l’Union africaine (UA). Hossein Amir-Abdollahian a également relevé la «contribution» d’Alger dans le retour de la Syrie au sein de la Ligue des Etats arabes.
Les deux ministres se sont aussi entendu sur l’exemption de visa pour les ressortissants des deux pays. La visite d’Ahmed Attaf à Téhéran s’est terminée sur une note d’optimisme, avec la promesse de renforcer davantage la coopération économique. Les deux parties sont d’ailleurs convenues d’intensifier le partenariat dans des domaines de l’énergie, l’industrie, l’agriculture, les transports, les technologies de l’information et de la communication, la médecine et les équipements médicaux.
Les relations algéro-iraniennes n’ont pas toujours été au beau fixe. Bien au contraire. Elles ont traversé des périodes de tension, voire de rupture. C’est le cas au début des années 1990, où Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran à cause du soutien de cette dernière au FIS dissous. Les deux capitales ne se sont réconciliées qu’en 2000, après plusieurs rencontres entre le président de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, et son homologue iranien, Mahammad Khatami.