Aïssa Kadri. Professeur honoraire des universités : «L’Exécutif ne semblait qu’alibi juridique qui occultait l’essentiel»

19/03/2022 mis à jour: 05:22
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Abderrahmane Farès (C, debout), président de l’Exécutif provisoire algérien, prononce le discours inaugural le 7 avril 1962 à Rocher Noir (Boumerdès), aux côtés du Haut-commissaire de France en Algérie, Christian Fouchet (L), dans le cadre de l’application des Accords d’Evian

Aïssa Kadri est professeur honoraire des universités. Ancien directeur de l’Institut Maghreb-Europe, chercheur associé à l’UMR LISE-CNAM/CNRS, associé à l’ICP Paris. Au titre de ses dernières publications, avec Nicole Cohen-Addad et Tramor Quemeneur, 8 novembre 42 : résistance et débarquement américain en AFN. Dynamiques historiques, politiques et socio-culturelles aux éditions Le Croquant 2021 ; «Comparability and conditions of comparability in education. Globalization of education, economist ethnocentrism versus culturalist singularism», in Olivier Giraud et Michel Lallement, Decentring, Comparative Analysis in a Globalizing World, Leyde, Brill Academic Publishersin, 2021 ; «Algérie décennie 2010-2020. Aux fondements du mouvement social», Paris 2020.  


( Aïssa Kadri)

  • Dans La guerre d’Algérie revisitée. Nouvelles générations, nouveaux regards (éditions Karthala, 2015) que vous avez co-dirigé avec Tramor Quemeneur et Moula Bouaziz, vous consacrez une étude à l’Exécutif provisoire dans laquelle vous écrivez d’emblée que peu de travaux ont été menés sur cette instance chargée de la gestion de la période de transition de la signature des Accords d’Evian à la formation du gouvernement de la République algérienne. Quelle explication en donnez-vous ?

Oui, en effet, à ma connaissance il n’y a pas eu de travaux qui ont traité de manière ciblée et exhaustive de l’institution Exécutif provisoire. Il y a eu de nombreux textes où celui-ci est abordé à l’occasion de publications sur la période de transition, plus généralement sur la guerre, ou de mémoires autobiographiques de certains de ses membres. 

Le président Abderrahmane Farès a longuement parlé de son travail dans ses mémoires, La cruelle vérité. Mémoires politiques 1945-1965. Charles Koenig en a également parlé dans une publication du Centre de recherches de la FEN. De même Roger Roth est revenu sur cette période dans des entretiens avec sa petite-fille Camille Roth. Des ouvrages généraux d’histoire ont soulevé la question du rôle de l’Exécutif provisoire. Je me réfère souvent à un ouvrage important de Harmut Elsenhans, La guerre d’Algérie, 1954-1962, préfacé par Gilbert Meynier qui a traité de la période de transition, dans une perspective historique comparatiste. Il y a eu évidemment de nombreux travaux, mais qui ont traité la question à la marge. Il n’y a rien eu de vraiment systématique. Une première explication en est que les historiens et les observateurs se sont focalisés plutôt sur la course au pouvoir qui a marqué l’été 62, sur la crise de la direction du FLN, sur le rôle de l’OAS, sur le départ des Européens. Une deuxième explication en est que beaucoup n’ont pas donné une grande importance à l’Exécutif, tant il se présentait comme une administration provisoire sans gros moyens, perçue comme un ersatz de la continuité coloniale. Les rapports de force se jouaient ailleurs et l’Exécutif ne semblait qu’alibi juridique qui occultait l’essentiel, la question de qui allait prendre le pouvoir à Alger et quelle orientation allait prévaloir ?

  • Vous évoquez des enjeux d’une transition chaotique». Vous faites référence au contexte socio-politique d’alors ? A des dissensions ? Des interférences ?

Il faut en effet voir que les violences ont connu leur acmé pendant cette période. Les attentats criminels de l’OAS se sont accentués et généralisés dans une politique de la terre brûlée. La question de la sécurité des personnes et des biens s’est posée de manière aiguë. Les résistances à l’acceptation des Accords d’Evian à l’intérieur de la direction du FLN (quatre membres et pas des moindres avaient voté contre au CNRA), comme les dissensions ouvertes au sein de celle-ci, et la marche au pouvoir du groupe d’Oujda ont été également des facteurs d’instabilité et d’incertitudes sur ce qui allait advenir au lendemain de l’indépendance. Les enjeux de la définition de l’après-indépendance se jouaient dans le rapport de force à la fois interne au mouvement national et externe, notamment dans les pressions et interférences de la puissance coloniale, présente à travers le Haut-commissariat représenté par Christian Fouchet. Tout ceci a pesé sur certaines prises de décisions importantes de l’Exécutif provisoire et l’ont limité dans ses actions.

  • Quelles sont les caractéristiques des profils, des obédiences politiques des personnalités qui ont composé cette instance mixte, algérienne et française ? S’entendaient-elles ?

La composition de l’Exécutif n’allait pas de soi. Le choix conjoint par le GPRA et le Gouvernement français, d’Abderrahmane Farès – qui venait de sortir de la prison de Fresnes – comme président, ne posa pas problème. La liste des 12 membres qui circula initialement a vu le remplacement de deux membres, un Français, Gaumont par Jean Mannoni et Abdelmalek Temmam dont on n’arrivait pas à trouver la trace (il était en prison) par Benteftifa pharmacien de Blida. Chawki Mostefai représentant le FLN, désigné initialement comme chargé de l’ordre public, demanda une délégation plus politique et fut désigné aux affaires générales, Belaïd Abdesslam également représentant le FLN, souhaita passer de la responsabilité des Postes à celle des affaires économiques, ce qui lui fut accordé. Non sans quelques petites frictions sur le partage des responsabilités et des domaines d’activité, la composition finale fut actée durant la première séance du 7 avril 1962 et officialisée le 14. Il y eut 12 membres représentant les différentes sensibilités et intérêts des populations algériennes (des Européens d’Algérie (3), des membres représentants le FLN (5), des membres représentant la «société civile» (4)

Les personnalités qui firent partie de l’Exécutif provisoire ont représenté des catégories sociales issues du milieu des luttes politiques qui ont marqué l’Algérie coloniale. Ils se connaissaient et pour la plupart étaient acquis au dialogue entre les communautés. Abderrahmane Farès qualifié de «trésorier du FLN» était un homme d’une grande culture politique au fait des arcanes de la politique française ; infatigable intermédiaire qui a tenté, à l’image de Ferhat Abbas, des intermédiations, et qui a essayé de transformer de l’intérieur le rapport de force colonial. Les trois Européens étaient des hommes de dialogue et d’ouverture : Roger Roth, vice-président de l’Exécutif, avait été maire de Philippeville (Skikda) où il tenta une expérience de gouvernement municipal paritaire entre Européens et Musulmans. 

Il sera, et c’est peu connu, président de l’Assemblée nationale de l’Algérie indépendante en 1964, au lendemain de la démission de Ferhat Abbas (il dit avoir présidé l’Assemblée lors de l’essai nucléaire français de Reggane). Charles Koenig, maire de Saïda était enseignant, syndicaliste du SNI (Syndicat national des instituteurs tendance majoritaire) partisan de la Table-ronde proposée par Messali Hadj en 1953. Jean Manonni, qui avait perdu une jambe dans un attentat OAS, avait occupé la vice-présidence de l’Assemblée algérienne pendant la période coloniale. Les représentants du FLN étaient majoritairement issus du comité central du PPA-MTLD, certains proches de Ferhat Abbas. 

Les membres de la société civile étaient des personnalisés, d’un grand charisme, reconnues et respectées par la grande majorité des Algériens. Derrière et en appui, il y a eu également tout un vivier d’indéniables compétences qui se sont mobilisées pour jeter les bases d’un démarrage des institutions de l’Algérie indépendante (entre autres, Mohamed Khemisti qui remplaça Mohand Mahiou comme directeur de cabinet de Farès ; A. Rahal, ancien udmiste, directeur de cabinet de Mostefaï, Abdelkader Zaibek comme directeur de cabinet de Benteftifa, Benelhadj Djelloul celui de Koenig, Pierre Mahroug de Abdesslam, avec comme conseillers pour l’économie et le pétrole Joseph Sixou, Ahmed Ghozali et de nombreux autres experts et fonctionnaires sortis des grandes Ecoles. La trajectoire sociale de ces hommes était celle de «l’entre-deux» , de «spécialistes de la médiation», courant qui avait rallié certains centralistes, et qui s’entrecroise avec un autre courant minoritaire, celui dit des «libéraux», dont les idées et des pratiques relevaient plus de sensibilités que de doctrines établies. C’est dans la jonction de ces courants minoritaires que se réalise le travail de l’Exécutif, mais dans un contexte où le rapport de force était ailleurs.

  • Quelles étaient les missions et charges de cet Exécutif provisoire ?

Ces missions ont été nombreuses du fait que les Accords d’Evian n’ont été, principalement, que des accords sur des principes généraux. Il y a eu d’abord à régler les périmètres des prérogatives du Haut-commissaire représenté par Christian Fouchet avec comme conseiller Tricot, et de l’Exécutif provisoire. L’Exécutif a de suite, après le 7 avril, mené de front la production des textes qui devaient présider au fonctionnement des institutions dans la transition et après l’indépendance (protocoles de coopérations), ainsi que la gestion de la sécurité qui se dégradait considérablement dans le moment. Abderrahmane Farès et le préfet de Médéa, Mohand Mahiou, négocièrent avec succès la reddition de deux groupes armés dissidents, fortement ambigus quant à leurs objectifs (Eldjeich de Abdallah Selmi et le groupe du colonel Si Chérif, plus de 1600 hommes armés à eux deux) qui se rapprochaient de l’OAS. La force locale, commandée par le préfet Mokdad, secondé par le lieutenant-colonel Djebaili et le commandant Yazid, qui devait constituer l’épine dorsale de la politique sécuritaire de l’Exécutif, ne réussit guère à réunir un effectif conséquent et a été rapidement dépassée par la tâche. Ce qui amena d’abord Farès à travers la médiation de Beaujard, maire libéral de Blida et de Jacques Chevalier, relayé par Mostefai, «chargé de faire pour le mieux» par Benkheda, et en lien avec Krim Belkacem, de prendre langue avec Susini pour arrêter la folie meurtrière d’une OAS sur la fin, dos au mur.

La préparation et la mise au point des protocoles d’accord entre l’Algérie et la France (qui a concerné à peu près tous les domaines socio-économiques et culturels, notamment sur la situation des enseignants, sur les fonctionnaires, sur la justice, sur les travaux publics, sur l’OCRS, sur les transports, sur le code pétrolier, sur les accords et le contrôle financier), si elles soulevèrent quelques difficultés, aboutirent finalement à une signature conjointe le 28 août 1962. La préparation du référendum d’autodétermination mobilisa tous les délégués qui votèrent à l’unanimité, après débat, la question qui devait être posée. Pour rassurer la minorité européenne, l’Exécutif provisoire introduit la mixité dans les nominations des fonctionnaires. A côté des Algériens (Abdelamadjid Meziane, préfet de Béchar, Belkacem Ben Baatouche préfet de Tindouf, Mohand Mahiou préfet de Médéa, Abdelatif Rahal, préfet de Batna, Ahmed Medeghri, préfet de Tlemcen) l’Exécutif nomma également des sous-préfets et préfets européens (Ripoll Paul à Tiaret, Roger Mas à Aïn Témouchent, Audouard Pierre à Collo, Victori Albert, à Batna) dont certains continuèrent à exercer après l’indépendance. La Commission de Contrôle des élections présidée par Maître Sator a vu la participation d’Alexandre Chaulet (le père de Pierre), de Jacques Guyot, de Amar Bentoumi, d’El Hadi Mostefaï, d’Ahmed Henni.

  • Ces missions se sont-elles achevé sitôt le référendum d’autodétermination accompli ?

Non, après l’échange de courriers entre Abderrahmane Farès et le général de Gaulle le 3 juillet 62 où celui-ci affirma que la France «reconnaissait l’indépendance de l’Algérie et qu’en conséquence les compétences afférentes à la souveraineté sur le territoire des anciens départements français d’Algérie sont transmises ce jour (3 juillet) à l’Exécutif provisoire de l’Etat Algérien», le travail continua et ceci jusqu’à fin septembre avec la transmission des pouvoirs à l’Assemblée algérienne, puis en octobre avec la passation des pouvoirs entre délégués et ministres. L’Exécutif eut à organiser les élections à la Constituante. Dans les luttes internes au FLN qui s’exacerbaient, leur dimension politique échappa à sa responsabilité et il ne les prépara que sur le plan organisationnel. Il prépara la rentrée scolaire de 1962. Charles Koenig et Louis Rigaud du SNI Algérie, en lien avec le SAE-UGTA dirigé par Mohamed Farès et avec la FEN dirigé par James Marangé, ont permis l’ouverture des écoles avec la participation de 12 000 instituteurs dont une majorité de pieds-noirs. Sous la présidence de Ben Bella, l’Exécutif organisa en septembre des réunions dans les grandes villes du pays pour relancer les activités et assurer l’ordre.

  • Les contraintes et les difficultés qu’il a rencontrées ?

Les contraintes, il y en a eu plus qu’il n’en fallait. Entre les va-et-vient de concertations, entre l’Exécutif, le GPRA et CNRA, entre l’Exécutif, le Haut-commissariat et l’Elysée, et les positions tranchées voire par moments bloquées de certains représentants, les décisions étaient toujours prises sur le fil du rasoir, dans la perspective surtout de ne pas faire avorter un processus, dont la seule alternative pouvait être la relance d’une guerre qui prenait sur la fin la forme de guerres civiles. Au-delà du traitement de ces problèmes qui retardaient la mise en place des outils juridiques de la transition, l’Exécutif eut à traiter des questions qui ont failli «fracturer l’institution». Il en a été ainsi de la proposition d’une liste des partis politiques appelés à participer à la campagne référendaire où, à côté du FLN on retrouvait le MNA, le PPA, le PSU, le PCA, le MPC et d’autres, liste qui fut d’abord récusée pour avoir été déposée hors-délais, puis rejetée sur la forme et le fond par les délégués Belaïd Abdeslam et Abderezak Chentouf qui arguèrent que «le PPA n’était en rien la propriété de Messali» signataire de la demande de participation à la campagne référendaire et que «le MNA posait les mêmes problèmes que l’OAS». De Gaulle informé par Tricot du blocage prit en compte la réserve émise. De fait, l’enjeu était l’exigence d’un transfert pur et simple des pouvoirs au FLN, avec en face des résistances plus implicites que frontales à ce processus, et des tentatives de pousser vers des ouvertures à d’autres tendances politiques et à engager un certain pluralisme politique. Il y a eu également des frictions sur le statut de la minorité européenne. Chentouf, conseillé par Sbih, souhaitait que les agents «européens» de la Fonction publique qui étaient de droit civique algériens (pendant trois ans) abandonnent les garanties statutaires de la Fonction publique française, il disait : «Il m’est difficile de concevoir qu’un agent pouvant bénéficier des droits civiques algériens puisse dans le même temps devenir un coopérant technique».

  • L’Exécutif provisoire ne devait-il pas préfigurer ce qu’auraient dû être les fondements de l’Etat national algérien escompté par le GPRA ? Un Etat civil, fondé sur le droit et un pluralisme politique, ouvert à une pluralité ethnique et à l’intégration des minorités ?

Oui, l’idée avait circulé que le GPRA fusionnerait avec l’Exécutif provisoire, ou que le premier gouvernement verrait la participation de membres de l’Exécutif. En tous les cas, le travail de fonder en droit les institutions, mené par l’Exécutif, était très important. 

La compétence et la probité de ses membres qui avaient le sens de l’Etat, sa mixité, son pluralisme, à la fois du point de vue des appartenances religieuses, politiques, auguraient d’une reconnaissance de la participation de toutes les composantes de la société algérienne à la vie de la cité.

  • Quels ont été les points d’achoppement de cette préfiguration ?

De fait, outre la faiblesse des moyens de l’institution, les pressions et contraintes institutionnelles des pouvoirs antagoniques, l’achoppement est à rapporter, me semble-t-il, au faible poids de la représentation sociale de ses membres, à la faiblesse de sa base sociale. Une petite bourgeoisie, «une classe moyenne», en gestation dont les représentants qui avaient pour certains dirigé, pour d’autres soutenu ou accompagné le mouvement de libération nationale, se trouvaient soumis au pouvoir plébéien, dans un contexte de rapports de force où la paysannerie pauvre était la force motrice du mouvement.

  • La réconciliation des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie que proclame vouloir engager aujourd’hui l’Elysée, si elle s’adresse davantage à la société française, est-elle la voie la plus appropriée en vue d’une normalisation des relations entre l’Algérie et la France ? Autrement dit, à la problématique «réconciliation des mémoires», ne faudrait-il pas privilégier la connaissance historique ?

La politique des «petits pas», du «en même temps» engagée par le président Macron, en tant qu’elle s’adresse à toutes les mémoires, toutes les souffrances nées d’une guerre qui a revêtu par moments la forme de guerres civiles, élude l’essentiel, une reconnaissance d’Etat des effets et conséquences d’une colonisation totale. 

Outre qu’elle approfondit les fractures à travers une offre, sur la base d’une sorte de marchés des souffrances où chacun pourrait trouver ses pansements, cautères sur jambe de bois, elle paraît comme une opération – dont on ne pourrait croire qu’elle soit seulement politicienne – de contournement de l’écueil d’une reconnaissance d’Etat des crimes coloniaux. 

Car, en effet, c’est l’entreprise coloniale qui est la cause originelle de ce qui a relevé par moments de l’ethnocide. Pour paraphraser Frantz Fanon, c’est «le colonialisme qui est la violence même à l’état de nature». Et renvoyer dos à dos les protagonistes de la confrontation, permet d’occulter à bon compte les fondements historiques des violences. Le trauma algérien de la France, dont on observe qu’il se rejoue à chaque élection, ne peut être en effet dépassé que par des travaux croisés d’historiens des deux rives, également, par la transmission par l’école d’une histoire «connectée et incarnée», mais il ne peut être dépassé (sinon à voir les blessures suinter de manière durable, ou faire resurgir les vieux démons dans un avenir périlleux) que par un geste d’Etat fort qui permettrait l’apaisement et l’ouverture des chemins de retrouvailles dans un espace plus large – méditerranéen (?) – que celui, du tête-à-tête, fait d’étiquetages et de ségrégations réciproques. 

Dans le moment – temps historique décalé de celui des instrumentalisations politiques mémorielles –, les luttes des jeunes générations d’Algériens, pour se réapproprier leur histoire plurielle et la réalisation de leurs exigences de participation citoyenne, reposent la question du rapport à l’histoire, dans de nouvelles perspectives. 

Propos recueillis par Nadjia Bouzeghrane

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