Le e-commerce vient en tête des projets proposés par les étudiants en fin de cycle. Les universités de l’est du pays sont classées premières en nombre d’idées innovantes. Un guichet unique sera prochainement mis en place. Ahmed Mir, président de la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation et des incubateurs universitaires et aussi directeur des études à la direction générale de la recherche scientifique et le développement technologique au ministère de l’Enseignement supérieur, explique dans cet entretien que la politique «un diplôme/une start-up» connaît une adhésion de la corporation estudiantine.
- Deux ans après la mise en place du mécanisme «un diplôme/une start-up» dédié aux étudiants en fin de cycle, comment peut-on estimer l’adhésion aujourd’hui ?
Nous avons en effet créé, en septembre 2022, la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation et des incubateurs universitaires, dédiée spécialement à la promotion et au développement de l’innovation et de l'entrepreneuriat chez les étudiants. L’idée est de créer le maximum d'incubateurs et de Centres de développement de l'entrepreneuriat (CDE) et Centres d’appui technologique et d’innovation.
En parallèle, le décret ministériel 12-75 est venu appuyer cet environnement d'entrepreneurial. Il porte essentiellement la réalisation du diplôme et de la start-up en même temps. Il s’agit donc de nouvelles modalités d’élaboration d’un projet de mémoire de fin d’études. Une nouvelle vision novatrice afin d’incarner le sens et l’esprit de l'entrepreneuriat et du développement économique durable auprès des étudiants.
Il concerne tous les étudiants de fin de cycle, tous cycles et spécialités confondus, autrement dit aucun étudiant ne peut être exclu. Ceci dit, il n’est pas obligatoire que le créateur de la start-up soit d’une spécialité précise ou celle de son cursus universitaire. L’important est que son idée soit réalisable et surtout innovante et porte une solution sur le marché. Des campagnes de sensibilisations sont organisées dans ce sens périodiquement.
Nous avons aidé les différentes universités à mettre en place les incubateurs, chargés justement d’accompagner ces projets et d’étudier leur faisabilité. Ils ont pour objectif de transformer une idée innovante en entreprise concrète et performante. Les jeunes porteurs de projet qui intègrent un incubateur vont ainsi bénéficier d’un certain nombre d’outils et services pour développer leur projet.
- Quelles sont les réalisations à ce jour ?
Durant la première année, nous avons procédé à la formation des formateurs, notamment les directeurs des incubateurs, selon des normes scientifiques. Nous avons aussi fait appel aux compétences professionnelles dans le monde économique. 9000 idées ont été soumises et enregistrées, mais au final, seuls 6058 projets ont pu être soutenus et présentés devant les membres du jury. Ils ont fini par être accompagnés par nos experts et mentors.
Certains d’entre eux dépassaient l’idée de start-up et étaient transformés et transférés en cours de route aux petites entreprises. Ces porteurs de projet, formés par les CDE, aujourd’hui fiers d’annoncer qu’ils sont au stade très avancé de leur réalisation en demandant même leur financement via plusieurs mécanismes.
A retenir aussi, pendant la première année, 1400 demandes de brevet d’innovation ont été introduites au niveau de l’Institut national algérien de propriété industrielle (Inapi). Jamais un tel nombre n’a été enregistré. 25 start-up ont été créées lors de la première année, dont plusieurs ont eu leur label. Durant la deuxième année, soit durant l’année universitaire 2023-2024, il y eu de plus en plus d’engouement et d’intérêt. De bonnes expériences ont incité d’autres à y adhérer. Plus de 17 000 idées innovantes sont soumises et enregistrées, dont 9337 projets acceptés pour discussion et débat, puis accompagnés par des incubateurs.
Pour cette deuxième année, 1175 demandes de brevet d’innovation étaient soumises à l’Inapi. Nous sommes arrivés aujourd’hui à mettre en place 102 CDE à travers tout le pays. 7 autres centres sont en cours de création et seront prêts avant la fin de l’année en cours. Un guide pour les formateurs et les apprenants est disponible.
Il sert comme orientation et mode d’emploi pour la création d’une start-up. Plus de 7000 porteurs de projet ont été formés. 55 maisons d’intelligence artificielle sont aussi ouvertes, et contribuent à renforcer le rôle de l’Algérie en la matière, mais aussi de faire participer les étudiants et les innovateurs à cette démarche. 63 laboratoires d’industrie sont mis en place. Il s’agit en effet d’une nouvelle prestation pour les start-up afin de leur faciliter la conception des prototypes d’innovation.
- Quels sont les secteurs les plus prisés ?
Nous enregistrons des idées innovantes en e-commerce. Et contrairement aux idées reçues, les sciences humaines en font partie. A l’université de Blida 2 des sciences humaines, par exemple, 28 projets ont eu leur label. Beaucoup d’idées innovantes sont aussi enregistrées en filière de biotechnologie, technologie, agriculture intelligente, santé et l’utilisation de l'IA et l’irrigation intelligente. Par région, nous avons la région est qui enregistre le plus de projets, suivie de l’Ouest, puis les universités du centre du pays.
- Toutefois, certains étudiants évoquent plusieurs obstacles et disent être désemparés dans leur démarche. Quelle solution proposez-vous ?
C’est pour cette raison qu’un projet pour le «guichet unique» est en cours. Il englobera des représentants des impôts, des services du registre du commerce, des assurances et des banques pour faciliter la démarche aux étudiants et porteurs de projet. Tout avance bien, nous sommes au stade de choix des lieux.