Par une restructuration du ministère des Affaires étrangères, le président Abdelmadjid Tebboune entend affirmer la place de l’Algérie sur la scène africaine et renforcer les liens avec la diaspora algérienne. La création de deux postes de secrétaires d’État, respectivement dédiés aux Affaires africaines et à la Communauté nationale à l’étranger, marque a priori une volonté d’agir avec plus de pertinence et d’efficacité sur ces deux fronts cruciaux.
Sous l’égide d’Ahmed Attaf, désormais promu ministre d’etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, le ministère s’organise en trois départements distincts.
Selma Bakhta Mansouri, ancienne ambassadrice au Burkina Faso et ancienne vice-présidente de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), est nommée secrétaire d’etat chargée des Affaires africaines. Sofiane Chaïb, diplomate ayant exercé notamment au Vitenam, se voit confier le portefeuille de la Communauté nationale à l’étranger.
Cette réorganisation intervient dans un contexte international marqué par des bouleversements géopolitiques et des tensions régionales croissantes. L’objectif ? Permettre à l’Algérie de renforcer son rôle au sein du continent africain tout en valorisant le potentiel de sa diaspora. Lors de la cérémonie de prise de fonctions, Ahmed Attaf a salué une structure «à la hauteur des ambitions présidentielles», affirmant que cette réforme illustre l’importance majeure accordée aux dossiers africains et à la diaspora par le chef de l’État.
Avec Selma Bakhta Mansouri à la tête des Affaires africaines, l’Algérie affiche son intention de jouer un rôle de premier plan sur le continent, dans un contexte marqué par la réforme de l’Union africaine ou la candidature africaine à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette initiative s’inscrit dans une tradition de solidarité africaine, un pilier de la politique étrangère algérienne. Il s’agit également de répondre aux défis actuels, qu’il s’agisse des tensions sécuritaires au Sahel, des enjeux climatiques ou encore de la compétitivité économique. En renforçant sa présence diplomatique et en multipliant les partenariats, l’Algérie cherche à consolider sa position comme un acteur clé de la coopération africaine.
Mobiliser la diaspora
Sur le front de la diaspora, la création du poste confié à Sofiane Chaïb s’inscrit dans une volonté d’ancrer la communauté algérienne à l’étranger. Avec plus de sept millions de ressortissants répartis dans le monde, la diaspora constitue un atout majeur, tant sur le plan économique que culturel.
Dans ses premières déclarations à l’occasion de sa prise de fonction, Sofiane Chaïb s’est engagé à «incarner la vision politique et stratégique du président de la République dans ce domaine, à travers des approches et des démarches renouvelées d’interaction avec les membres de notre communauté nationale à l’étranger».
Sofiane Chaïb a déclaré que la création de la nouvelle structure qu’il dirige «participe de l’orientation constante visant à protéger les droits de notre communauté nationale établie à l’étranger, à répondre à ses aspirations, à renforcer ses liens avec la mère patrie et à l’associer activement au processus de développement du pays».
Cette approche, voulue par le président Tebboune, s’appuie déjà sur une batterie de mesures : réduction des tarifs de transport aérien et maritime, simplification des démarches administratives, et prise en charge des frais de rapatriement des dépouilles.
En filigrane, cette politique vise à contrer la montée des discours extrémistes en Europe et à mobiliser les talents algériens au service du pays. Reste à voir si cette réforme tiendra ses promesses et si elle saura concrétiser les aspirations de l’Algérie dans un environnement global complexe.