Accord Séoul-Washington sur le nucléaire : Pyongyang irrité

30/04/2023 mis à jour: 07:07
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Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, accueillant le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, au Pentagone, à Washington

La Corée du Nord a fustigé hier l’accord conclu entre la Corée du Sud et les Etats-Unis pour renforcer la dissuasion nucléaire, affirmant qu’il ne peut conduire qu’à «un plus grave danger». 

Cet accord va «seulement contribuer à exposer à un plus grave danger la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est et dans le monde, et c’est donc une action qui ne peut en aucun cas être bienvenue», a déclaré la sœur du dirigeant Kim Jong-un, Kim Yo-jong, selon l’AFP, citant l’agence de presse nord-coréenne KCNA. La Corée du Nord est convaincue de la nécessité de «perfectionner encore plus» son programme de dissuasion nucléaire, a-t-elle poursuivi. 

Et d’avertir : «Plus les ennemis s’obstinent à organiser des exercices nucléaires, plus ils déploient des armes nucléaires à proximité de la péninsule coréenne, et plus l’exercice de notre droit à l’autodéfense se fera en proportion directe.» Les critiques de Joe Biden à l’égard de Pyongyang sont «absurdes (...) de la part (d’une) personne d’âge avancé», a déclaré Kim Yo-jong. Le président Biden, 80 ans, «n’est pas du tout capable d’assumer cette responsabilité», a-t-elle ajouté, le qualifiant de «vieil homme sans avenir». C’est «trop pour lui d’accomplir les deux années restantes de son mandat», a estimé la sœur de Kim Jong-un, traitant par ailleurs le président sud-coréen, Yoon Suk-yeok, d’«imbécile».

En réaction, le ministère sud-coréen de l’Unification a condamné, un peu plus tard, la déclaration «farfelue» de Kim Yo-jong, reflétant «sa nervosité et sa frustration face au renforcement drastique de la dissuasion nucléaire de l’alliance américano-coréenne». Le ministère, chargé des relations intercoréennes, a ajouté que le «langage grossier» de Pyongyang témoigne du «faible niveau du Nord». 

Lors d’une visite du président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, aux Etats-Unis, Washington et Séoul ont mis en garde mercredi la Corée du Nord contre toute attaque nucléaire qui entraînerait une riposte telle qu’elle mettrait «fin» au régime à Pyongyang. Le président Yoon Suk-yeol et son homologue américain, Joe Biden, ont adopté ce même jour la «Déclaration de Washington», qui renforce leur coopération en matière de défense, y compris nucléaire. Parmi les mesures décidées dans le cadre de cet accord figure l’escale d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en Corée du Sud, pour la première fois depuis quatre décennies. 

La Chine s’en mêle

Pékin a réagi jeudi, en appelant la Corée du Sud et les Etats-Unis à ne pas «provoquer une confrontation» avec Pyongyang. «Toutes les parties doivent faire face au nœud du problème de la péninsule (coréenne) et jouer un rôle constructif dans la promotion d’un règlement pacifique de la question», a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning. Comme elle a appelé à ne pas «attiser délibérément les tensions, provoquer la confrontation et brandir des menaces». 

Elle a ajouté que Washington «ignore la sécurité régionale et s’obstine à exploiter la question de la péninsule pour créer des tensions». Et d’observer : «Ce que font les Etats-Unis (…) provoque une confrontation entre les camps, sape le régime de non-prolifération nucléaire et les intérêts stratégiques d’autres pays.» Les actions américaines, a-t-elle soutenu, «aggravent les tensions dans la péninsule, compromettent la paix et la stabilité régionales et vont à l’encontre de l’objectif de dénucléarisation de la péninsule». 

La Corée du Nord est confrontée depuis des années aux salves de sanctions internationales pour continuer son développement de programmes nucléaire et de missiles, et n’a montré aucun signe d’être prête à abandonner son arsenal qu’elle voit comme une assurance contre toute tentative de renversement du régime. 

Allié de la Chine, Pyongyang a mené une série de lancements cette année, notamment un test de son premier missile balistique à combustible solide, une percée technologique clé pour les forces armées de Kim Jong-un. La Corée du Nord a qualifié l’an dernier d’«irréversible» son statut de puissance nucléaire, écartant ainsi toute possibilité de négociations sur la dénucléarisation. 

Washington et Séoul ont accru, en la circonstance, leur coopération en matière de défense et organisé de vastes manœuvres militaires conjointes. 

Pyongyang considère ces exercices comme des répétitions en vue d’une invasion de son territoire. En mars, Kim Jong-un a ordonné à ses troupes d’intensifier leurs exercices en vue d’une «guerre réelle». 

Amnay Idir

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