Les différends entre les deux parties portent sur la deuxième phase de l’accord, qui prévoit, selon le Hamas, un cessez-le-feu permanent, le retrait complet israélien de Ghaza et la libération des otages encore retenus dans le territoire palestinien.
Israël «continue de revenir» sur l’accord de trêve dans la bande de Ghaza et «refuse d’entamer la deuxième phase, révélant ses intentions d’esquive et de blocage», a accusé, hier, le Hamas dans un communiqué alors qu’une délégation israélienne est attendue dans la journée à Doha (Qatar) pour des négociations indirectes sur la poursuite du cessez-le-feu dans le territoire palestinien. Les négociateurs du Hamas, conduits par Mohammed Darwish, sont, eux, arrivés, avant-hier, dans la capitale qatarie après plusieurs réunions au Caire. Les différends entre les deux parties portent sur la deuxième phase de l’accord qui prévoit, selon le Hamas, un cessez-le-feu permanent, le retrait complet israélien de Ghaza et la libération des otages encore retenus dans le territoire palestinien – 58, dont 34 morts, selon l’armée israélienne. «Nous exhortons les médiateurs en Egypte et au Qatar, ainsi que l’Administration américaine à veiller à ce que l’occupant respecte l’accord, autorise l’entrée de l’aide humanitaire et procède à la deuxième phase», a déclaré le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem. Israël, de son côté, souhaite une extension de la première phase du cessez-le-feu jusqu’à mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième phase, la «démilitarisation totale» du territoire, le départ du Hamas du territoire palestinien, qu’il dirige depuis 2007, et le retour des derniers otages. Invoquant le refus du Hamas de se plier à ces conditions, Israël bloque depuis le 2 mars l’entrée dans le territoire palestinien de l’aide humanitaire, vitale pour les quelque 2,4 millions de Ghazaouis. De son côté, l’envoyé spécial américain pour les otages retenus à Ghaza a évoqué un accord sur leur libération «dans les semaines à venir» et qualifié de «très utiles» ses récentes discussions directes sans précédent avec le mouvement palestinien. L’accord de trêve négocié par l’entremise des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte a abouti à un cessez-le-feu le 19 janvier après 15 mois d’agression à Ghaza. Durant la première phase de l’accord, qui a pris fin le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages israéliens, dont 8 morts, et Israël a libéré environ 1800 détenus palestiniens.
Israël a annoncé, avant-hier, qu’il allait couper l’unique ligne électrique avec Ghaza, qui alimente la principale usine de dessalement d’eau de mer du territoire.
La coupure de l’électricité dénoncée
Les Ghazaouis dépendent principalement de panneaux solaires et générateurs à essence pour s’approvisionner en électricité. Cette annonce a été vivement dénoncée par des pays et des ONG. Le Hamas a dénoncé un «chantage inacceptable», tandis que l’Autorité palestinienne a évoqué une «escalade dans le génocide». La rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, a alerté sur le réseau social X sur le fait que la décision d’Israël de couper l’électricité à Ghaza signifiait «pas de stations de dessalement fonctionnelles, donc pas d’eau potable». La rapporteuse ajoute dans son message que les pays qui n’ont pas encore imposé à Israël de sanctions ou d’embargo sur les armes aident l’Etat hébreu à commettre «l’un des génocides les plus évitables de notre histoire». En décembre 2024, Human Rights Watch révélait déjà dans un rapport qu’Israël entravait délibérément l’accès des Palestiniens à la quantité d’eau nécessaire à leur survie dans la bande de Ghaza, notamment en détruisant les infrastructures d’eau et d’assainissement. L’ONG notait que les Palestiniens de nombreuses zones de Ghaza avaient accès à 2 à 9 litres d’eau pour boire et se laver par jour et par personne, bien en dessous du seuil de 15 litres nécessaire à la survie. Le blocage par Israël, depuis neuf jours, de l’acheminement de l’aide humanitaire vers Ghaza fait peser un «risque» de pénurie alimentaire, a prévenu la diplomatie allemande, rappelant que «l’octroi ou le refus de l’accès humanitaire n’est pas un moyen de pression légitime».Le Royaume-Uni a appelé Israël à rétablir l’électricité dans la bande de Ghaza, au lendemain de la décision du gouvernement israélien de cesser de fournir du courant au territoire palestinien. «Nous sommes profondément inquiets de ces informations et exhortons Israël à lever ces restrictions», a déclaré à des journalistes un porte-parole du Premier ministre britannique, Keir Starmer. «L’aide humanitaire ne devrait jamais être subordonnée à un cessez-le-feu ou être utilisée comme un outil politique», a-t-il ajouté.