21 507 morts et 55 915 blessés en 84 jours d’attaques contre l’enclave palestinienne : Une fin d’année épouvantable à Ghaza

30/12/2023 mis à jour: 00:05
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Ce qu’Israël fait aux Palestiniens, et principalement à Ghaza, est la monstruosité de notre siècle.» Une déclaration cinglante de la courageuse Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, et qu’elle a postée sur le réseau social «X». 

Dans un autre post publié ce vendredi, elle écrit : «Israël bombarde des zones de Ghaza qu’il avait désignées comme ‘‘sûres’’. Il anéantit des familles entières, rendant d’innombrables enfants orphelins et obligeant d’innombrables hommes et femmes à survivre à leur progéniture. Chaque histoire est atroce.» 

Une de ces histoires atroces est celle de cette jeune maman, Soheir Nasser, résidant à Deir El Balah, au centre de la Bande de Ghaza. Jeudi soir, Soheir a perdu deux de ses enfants dans un bombardement, en pleine nuit, qui a détruit en prime sa maison. Ses enfants s’appellent Jihane et Ahmed. Ils avaient à peine huit ans. C’étaient des jumeaux. «Ils sont nés tous les deux le 28 décembre», précise leur maman, inconsolable, dans une vidéo publiée hier par l’agence Wafa. Comme dans une tragédie antique, le sort a donc voulu que Jihane et Ahmed soient rappelés à Dieu au même moment, dans les mêmes conditions, en cette nuit de fin du monde, comme ils sont nés au même moment. 

Une façon de signifier que leur destin, comme leurs dates de naissance, seraient scellés pour la vie. Sur les images diffusées par l’agence Wafa, prises dans l’enceinte de l’hôpital Chouhada Al Aqsa, à Deir El Balah, on voit la jeune maman les pleurer à chaudes larmes en embrassant leurs petites mains. On la voit à un moment serrer très fort son fils Ahmed en lui prodiguant ses dernières caresses. Elle refuse de le lâcher. «Hissou be wajaâ qalbi ya nass, weladi rahou menni (Entendez la douleur de mon cœur, mes enfants m’ont été arrachés)», se lamente-t-elle. «Nous étions en train de dormir. J’avais mes deux autres enfants avec moi et les jumeaux étaient dans une autre pièce. Soudain la maison a été bombardée et tous les gravats sont tombés sur eux» témoigne Soheir Nasser. 
 

Nouveaux carnages à Rafah, Nuseirat et Khan Younès
 

Le dernier bilan communiqué hier par les autorités sanitaires de Ghaza fait état de 21 507 morts et 55 915 blessés depuis le début de l’agression sioniste. 187 personnes ont été tuées en vingt-quatre heures, entre jeudi et vendredi, dans l’enclave palestinienne, précise la même source. Dans son compte rendu quotidien des attaqués menées par l’armée israélienne, l’agence Wafa a fait état hier d’une nouvelle vague de raids qui ont ciblé ce vendredi divers secteurs de la Bande de Ghaza au 84e jour des opérations militaires israéliennes, faisant des dizaines de morts et de blessés. 

Ces frappes se sont focalisées notamment sur la région de Rafah, au sud de la Bande de Ghaza, ainsi que sur Khan Younès, de même que sur les camps de réfugiés d’Al Maghazi et Al Nuseirat, au centre du territoire assiégé. Les bombardements ont fait 21 morts à Rafah, et un nombre incalculable de blessés. Ces attaques ont ciblé la maison de la famille Diab, au camp d’Al Shaboura. Toujours au sud de la Bande de Ghaza, 11 civils ont été tués à Khan Younès suite à un raid qui a visé une propriété appartenant à la famille Al Amouri, dans le quartier d’Al Fakhari, à l’est de Khan Younès, indique l’agence Wafa. 

D’après la même source, 20 personnes au moins ont trouvé la mort et beaucoup d’autres ont été blessées dans une série d’attaques aériennes qui se sont abattues durant la matinée de ce vendredi sur le camp d’Al Nuseirat, au centre de la Bande de Ghaza. En outre, des dizaines de victimes se trouvent encore sous les décombres des maisons détruites. 

Au centre de la Bande de Ghaza toujours, 14 personnes ont été fauchées dans une série de raids meurtriers qui ont pilonné deux habitations du camp d’Al Maghazi, rapporte l’agence de presse palestinienne. Ces attaques ont également touché la mosquée Al Zaâfarane, dans le même camp. On apprend par ailleurs qu’un corps sans vie a été reçu hier par l’hôpital Chouhada Al Aqsa, à Deir El Balah. La victime a péri dans le bombardement du camp d’El Bureij sis à proximité de la ville de Deir El Balah, note Wafa. 

Comme tous les vendredis, il convient de signaler cette répression féroce qui a déferlé sur les habitants de la ville d’Al Qods occupée désireux d’accomplir Salate el Joumouâa à la mosquée Al Aqsa. L’agence Wafa estime à 12 000 le nombre de fidèles qui ont réussi à atteindre le site religieux, précisant qu’en d’autres temps moins tendus, la mosquée Al Aqsa recevait jusqu’à 70 000 fidèles. 

A l’évidence, la situation hier était extrêmement tendue, et la répression a été épouvantable. Les  milliers de personnes qui se dirigeaient vers la mosquée pour accomplir leur prière ont buté contre un véritable mur de fer. La plupart n’ont pas pu arriver jusqu’à la sainte mosquée. Ils ont dû s’arrêter à Oued El Jouz, un quartier proche de la vieille ville de Jérusalem, pour accomplir l’office religieux. Les forces d’occupation n’ont pas hésité à les arroser de balles en caoutchouc et de grenades lacrymogènes. 
 

Médiation égyptienne

Côté israélien, l’armée sioniste a annoncé jeudi la mort de trois nouveaux soldats dans des combats à Ghaza. Ces pertes portent à 168 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début de l’offensive terrestre déclenchée le 27 octobre, et à 501 morts, depuis le 7 octobre. Dans un nouvel enregistrement audio diffusé avant-hier, le porte-parole militaire des Brigades Azzeddine Al Qassam, Abou Obeida, a affirmé que «les combattants d’Al Qassam ont infligé des pertes significatives à l’ennemi dans les zones de son incursion et a éliminé plusieurs de ses soldats» «Nous avons exécuté des opérations spéciales en faisant exploser des bombes de l’ennemi qu’il n’a pas réussi à actionner. Nous avons également ciblé trois hélicoptères à l’aide de missiles antiaériens au cours des dernières quarante-huit heures», a-t-il détaillé. 

Dressant un bilan de l’ensemble des pertes occasionnées aux forces israéliennes depuis le début du conflit, Abou Obeida assure que la branche militaire du Hamas a «détruit plus de 825 engins israéliens entre véhicules de transport de troupes, chars, camions et bulldozers, depuis le début de l’agression terrestre le 27 octobre». 

Le porte-parole des Brigades Al Qassam n’a pas manqué dans cet enregistrement de réitérer la position du Hamas qui se veut intransigeante : «Notre priorité est de faire cesser l’agression sur notre peuple à Ghaza et il n’y a pas de priorité supérieure à celle-là.» Et de marteler : «Nous n’accepterons aucune transaction d’échange (de prisonniers, ndlr) avant la cessation complète de l’agression contre notre peuple.» 

Et tandis que sur le terrain, les combats continuent à faire rage et les raids israéliens à multiplier les boucheries, une délégation politique du Hamas s’est rendue ce vendredi au Caire dans le cadre de nouvelles tractations égyptiennes pour tenter de parvenir à un nouvel accord de cessez-le-feu entre les deux parties. 

«Doté de trois étapes, il (le plan égyptien, ndlr) prévoit des trêves renouvelables, des libérations échelonnées d’otages et de prisonniers palestiniens et, à terme, une cessation des hostilités», révèle l’AFP. La délégation du Hamas doit transmettre à l’Egypte «la réponse des factions palestiniennes». 

Celle-ci comporte «plusieurs observations», a déclaré à l’AFP un responsable du mouvement de résistance palestinien sous le sceau de l’anonymat. Des observations «sur les modalités des échanges prévus et le nombre de prisonniers palestiniens qui seront libérés», ainsi que «sur l’obtention de garanties pour un retrait militaire israélien total de la Bande de Ghaza».

 

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