18e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa : «Tapis rouge» pour le public

25/09/2023 mis à jour: 01:19
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Les organisateurs des RCB ont reçu plus de 387 productions après le lancement de l’appel à films

La 18e édition des Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB) a débuté, samedi 23 septembre, à la Cinémathèque en présence d’un public nombreux. Les RCB se déroulent jusqu’au 28 septembre avec la projection d’une trentaine de films.

Un tapis rouge symbolique a été dressé sur le chemin menant à la Cinémathèque de Béjaïa à la place du 1er Novembre (ex-place Gueydon). «La star, c’est le public», est-il annoncé sur une banderole sous forme de porte. L’association Project’Heurtrs, qui célèbre cette année les 20 ans de sa création, et qui organise les RCB, a voulu rendre hommage au public de Béjaïa qui a toujours répondu présent aux projections de films et aux débats. Un public qui porte la plus ancienne manifestation cinématographique en Algérie.

Une exposition de photos, d’affiches et de coupures de presse est organisée au niveau de la Cinémathèque et aux alentours pour célébrer le 20e anniversaire de Project’Heurts. «En 2003, les RCB était un rêve fou. Elles sont devenues un événement cinématographique incontournable en Algérie», a souligné Ahcene Keraouche, président de l’association Project’Heurts, lors d’une brève intervention, à l’ouverture des RCB, à la Cinémathèque. Il a salué le soutien du public, des bénévoles, du comité artistique et des partenaires locaux et nationaux, dont l’APC de Béjaïa, l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (ONDA), le ministère de la Culture et des Arts, les Instituts français et italiens et l’Entreprise portuaire de Béjaïa.

«Le cinéma et la ville»

Hakim Abdelfettah, membre du comité artistique, aux côtés de Latifa Lafer et de Nabil Djedouani, a rappelé que les organisateurs ont reçu plus de 387 productions après le lancement de l’appel à films. 33 courts et longs métrages et des documentaires ont été retenus pour être projetés pendant six jours en présence des réalisateurs, des producteurs et des acteurs.

«Nous avons reçu beaucoup de courts métrages de production algérienne. Il y a de quoi lancer un festival national du court métrage. Idem pour les documentaires. Finalement, nous avons retenu 10 documentaires et 18 courts métrages. Certains films seront projetés en avant-première mondiale, régionale ou nationale», a-t-il indiqué.

«Le cinéma et la ville» est le thème choisi cette année pour les RCB. Un débat a été organisé, dimanche 24 septembre, au Musée Bordj Moussa, sur le rapport entre le cinéma et la ville. Trois ateliers sont prévus durant les RCB : Initiation à l’écriture, encadré par Tahar Boukella, Comment participer à un casting par Fouad Trifi et Comment envoyer une lettre en images par Mohamed Yargui.

Une histoire mélancolique

Trois courts métrages réalisés à Béjaïa ont été projetés lors de la soirée d’ouverture : La maison brûle, autant se réchauffer de Mouloud Aït Liotna, Boussa de Azedine Kasri et Rentrons de Nasser Bessalah. Les trois films sont une coproduction algéro-française, quatrie pour certains. En 42 minutes, Mouloud Aït Liotna raconte l’histoire mélancolique qui se passe dans une Kabylie verdoyante en hiver. Yanis (Mehdi Ramdani) s’apprête à quitter l’Algérie pour la France où il espère vivre mieux.

Il apprend avec tristesse la mort de Lounis, un ami d’enfance. Et, avec un troisième ami (Mohamed Lefkir), il part à la recherche de Sissou, un marginal vivant loin de la ville. Mouloud Aït Liotna cherche à explorer l’idée du «déracinement» dans un film contemplatif.

Une réflexion sur l’écoulement du temps dans un espace plongé dans l’ennui où il ne se passe rien et où tout semble tourner au ralenti. Boussa, une comédie romantique, narre l’histoire de Mériem (Anaïs Lazizi) et Réda (Mourad Boudaoud), deux jeunes Algériens qui n’arrivent pas à trouver un espace d’intimité pour s’embrasser.

«Un couple qui étouffe dans le plus grand pays d’Afrique», a relevé Azedine Kasri. Réda et Myriam vont donc courir d’un endroit à un autre pour pouvoir échanger un baiser dans un pays ou «trop de gens regardent». Léger, voire trop léger, le film n’échappe pas aux clichés habituels sur la société conservatrice, fermée et figée, où les pères fouettards ne laissent rien passer et où l’amour est presque impossible.

Dans un autre registre, Nasser Bessalah tente dans le court métrage Rentrons, co-écrit avec Latigone N’Goma, d’évoquer la question du retour au «bled» avec l’histoire d’un couple, Nouria (Melha Bedia) et Abdel (Zine-Eddine Benyache), mais dans un sens croisé.

A bord de mobylette, il voyage à travers les chemins de Kabylie où ils font parfois de surprenantes rencontres pour arriver à la mer et à Béjaïa. Nouria fuit un père qui s’est remarié et Abdel échappe à une mère qui voulait le marier contre son gré. Elle veut repartir, il veut rester.

Zine-Eddine Benyache et Melha Bedia ont été convaincants. Et, les images de Mathieu Kauffmann ont permis de voir un peu, juste un peu, la beauté des montagnes de Kabylie bien que les décors soient négligés dans ce film. 

 Durant les RCB, des rencontres et des masters class sont prévus avec les cinéastes Youssef Chebbi (Tunisie), Rabah Ameur-Zaimech (Algérie, France) et Karim Aïnouz (Algérie, Brésil).

Faycal Métaoui

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