Wahran, DJ Snake et Soft Power

25/06/2022 mis à jour: 09:46
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Nous étions tentés d’intituler cet édito «Oran est une fête» en nous inspirant du récit d’Ernest Hemingway, Paris est une fête tant l’ambiance qui règne en ce moment à Wahran est joyeuse et pleine de ferveur à la veille de l’ouverture officielle des Jeux méditerranéens.

De fait, ce samedi 25 juin sera donné le coup d’envoi officiel de cette 19e édition des JM, qui verra la participation de quelque 4500 athlètes issus de 26 pays. Ainsi, et jusqu’au 5 juillet, Oran vibrera au rythme des compétitions sportives dans pas moins de 24 disciplines.

Bien évidemment, lévénement est d’importance. Il l’est d’autant plus que cela faisait bien longtemps qu’on n’avait pas accueilli une compétition de ce calibre, et il était temps qu’un pays de la dimension de l’Algérie renoue avec des événements internationaux de cette envergure. On ne le dira jamais assez : le sport, la culture sont devenus des instruments de soft power d’une remarquable efficacité en termes d’image, d’audience et de visibilité sur la scène internationale.

Ces Jeux méditerranéens dépassent dès lors le cadre purement sportif. C’est avant tout «l’image de l’Algérie» qui est en jeu, et nos compatriotes l’ont parfaitement compris. Aussi, on a senti ces derniers jours, à l’approche du jour «J», comme une montée d’adrénaline. On se sent tous un peu Oranais et on a tous envie «d’en être». Les Algériens commencent, on le constate sur les réseaux sociaux, à s’approprier l’événement.

On voit se multiplier les affiches alternatives, les clips, les vidéos, les parodies, et tout un matériel communicationnel citoyen mobilisé pour la circonstance en dehors de la communication officielle, comme pour revendiquer sa «part d’Oran». Il y a aussi l’histoire qui est passionnément convoquée. D’aucuns se plaisent ainsi, depuis quelques jours, à exhumer les images de la finale de légende des JM de 1975, quand l’Algérie avait battu la France 3 à 2 sous le regard fier de Boumediène en cet historique 6 septembre 1975, où le feu follet Betrouni avait mis le feu au stade du 5 Juillet.

Après les tâtonnements logistiques des débuts, les postures dubitatives et dépréciatives allant jusqu’à mettre en doute nos capacités organisationnelles et la fiabilité de nos infrastructures, ce négativisme a cédé à présent la place à un engouement sincère pour ces Jeux méditerranéens d’Oran. Si tout se passe bien, il y a fort à parier que cela va constituer une belle vitrine, pas seulement pour la ville d’Oran mais pour tout le pays.

Et l’on ne peut que saluer le fait que le comité d’organisation ait pensé à doubler les joutes sportives d’un agenda culturel comprenant programmation cinéma, expos d’arts visuels, concerts de musique… Le TRO, le Théâtre régional d’Oran, va même accueillir les Premières journées du théâtre méditerranéen du 29 juin au 5 juillet. Tout cela promet donc une édition intense qui va rayonner sur toutes les places fortes de la ville de Alloula.

Ces Jeux méditerranéens offrent, in fine, une belle opportunité pour montrer à nos chers hôtes les trésors de notre culture, de notre architecture, de notre patrimoine culinaire, musical, sans oublier bien sûr nos paysages féeriques et notre nature enchanteresse. Autant d’ingrédients qui ont fait d’ailleurs la force du clip déjà cultissime de DJ Snake, Disco Maghreb, en hommage à ce mythique label oranais.

Ce clip a fait découvrir, aimer l’Algérie, au monde entier, mieux que mille discours patriotiques. A quelques jours du 60e anniversaire de l’indépendance, tout cela fait sens. Voilà qui devrait donner à nos jeunes de bonnes raisons de penser que le mot «Algérie» n’est pas toujours synonyme de désespérance, et que nous pouvons réaliser de merveilleuses choses au pays de Ben M’hidi.

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