Visite du président chinois en Russie : Moscou se dit «ouvert» à des discussions sur l’Ukraine

21/03/2023 mis à jour: 02:56
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Photo : D. R.

Les deux dirigeants signeront plusieurs documents, notamment sur la coopération économique russo-chinoise à l’horizon 2030.

Le président chinois, Xi Jinping, est arrivé hier à Moscou pour une visite de trois jours. Il s’est retrouvé avec son homologue russe, Vladimir Poutine, au Kremlin pour un entretien «informel».

Le président russe s’est dit «ouvert» à des discussions sur le plan de paix chinois pour l’Ukraine avec Xi Jinping, qui a en retour salué les «relations étroites» entre la Russie et la Chine, au début de cette rencontre «informelle», selon des propos recueillis par l’AFP.

«Nous sommes toujours ouverts à un processus de négociations. Nous discuterons sans aucun doute de toutes ces questions, y compris de vos initiatives, que nous traitons avec respect», a-t-il déclaré.

De son côté, le président chinois a salué les «relations étroites» entre Pékin et Moscou, qui ont une «coopération stratégique globale».

Le Kremlin a fait savoir que leur tête-à-tête «informel» sera des discussions plus officielles aujourd’hui, avec la signature attendue d’accords devant approfondir la coopération russo-chinoise. Les deux dirigeants signeront plusieurs documents, notamment sur la coopération économique russo-chinoise à l’horizon 2030.

Les relations entre Pékin et Moscou ont connu un développement important ces dernières décennies. Un traité d’amitié sino-russe a été signé au Kremlin en juillet 2001 et prolongé en juin 2021. En juin 2005, est paraphé un accord définitif sur le tracé de la partie orientale de la frontière entre les deux voisins.

Le nouveau président chinois, Xi Jinping, réserve sa première visite officielle étrangère à Moscou en 2013, occasion de signer une trentaine d’accords pétroliers et gaziers. Pendant la guerre en Syrie, qui a démarré en 2011, la Russie et la Chine ont bloqué à plusieurs reprises des projets de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à condamner le régime de Damas.

Le 21 mai 2014, la Chine et la Russie concluent un méga-contrat d’approvisionnement gazier portant sur 400 milliards de dollars sur 30 ans. En 2019, est inauguré le gazoduc Force de Sibérie, lequel relie la Sibérie au nord-est de la Chine. Il sera renforcé par Force de Sibérie 2.

Ces infrastructures donnent à la Russie un débouché alternatif à l’UE, qui veut réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes. Comme elles permettent à la Chine d’obtenir de l’énergie à bas prix. Au Conseil de sécurité des Nations unies, les deux pays ont utilisé le droit de veto pour contrer les condamnations occidentales sur l’Ukraine, Taïwan, le Xinjiang, entre autres.

En septembre dernier, la Chine a pris part à l’exercice Vostok 2022 en Extrême-Orient.
Le commerce bilatéral a atteint l’an passé 190 milliards de dollars, selon les douanes chinoises. Les deux puissances ont instauré un système d’échanges financiers en roubles et yuans et d’une banque de développement au sein des BRICS. D’où la réduction de l’euro et du dollar dans les exportations russes.

Face à l’Occident

Xi Jinping et Vladimir Poutine se sont rencontrés en septembre en marge d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan. A cette occasion, ils ont affiché leur volonté de se soutenir et de renforcer leurs liens en pleine crise avec les Occidentaux. Au début du mois de février 2022, le président russe s’est rendu à Pékin à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver.

Dans une déclaration commune, les deux dirigeants ont alors dénoncé l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et l’alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (Aukus), en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices.

Les deux pays, qui entretiennent des relations tendues avec Washington, ont évoqué le rôle déstabilisateur des Etats-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde. Dans cet esprit, ils ont exprimé leur «opposition» à «tout élargissement futur de l’Otan». Ils ont appelé «l’Alliance Atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide».

La Russie et la Chine défendent le principe de «l’indivisibilité de la sécurité», sur lequel Moscou se fonde pour réclamer le départ de l’Otan de son voisinage, estimant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle des autres, en dépit du droit de chaque Etat à choisir ses alliances.

Moscou et Pékin dénoncent, en outre, «l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des Etats-Unis». Ils se disent aussi «préoccupés» par la création, en 2021, de l’alliance militaire des Etats-Unis avec le Royaume-Uni et l’Australie (Aukus), estimant que cette union, dénoncée déjà par la Chine, «touche à des questions de stabilité stratégique».

Alors que les Etats-Unis considèrent comme une priorité leur compétition avec Pékin en Asie et dans le Pacifique. Quelques jours plus tard, Moscou a lancé son opération militaire en Ukraine.

En février, la Chine a publié un document en 12 points exhortant Moscou et Kiev à tenir des pourparlers de paix. Le texte s’oppose à tout recours à l’arme nucléaire et appelle à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays.

Aussi, Pékin souhaite que le conflit sorte de sa «mentalité de guerre froide». Dans cette optique, «la sécurité d’une région ne devrait pas être obtenue en renforçant ou en élargissant des blocs militaires. Les intérêts et inquiétudes légitimes de tous les pays en matière de sécurité doivent être pris au sérieux».

Pour se rapprocher de la paix, selon l’Empire du Milieu, les Occidentaux, la Russie et l’Ukraine doivent chercher à «maintenir la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement», mais également «s’opposer à l’utilisation de l’économie mondiale comme outil ou arme à des fins politiques».

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