Visite du premier ministre israélien en Allemagne : Le programme nucléaire iranien à l’ordre du jour

12/09/2022 mis à jour: 08:34
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Israël utilise tous les moyens pour empêcher que l'accord sur le nucléaire iranien aboutisse

Le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, était attendu hier à Berlin, nouvelle étape de son offensive pour tenter de convaincre les puissances occidentales de ne pas renouveler l’accord sur le programme nucléaire de l’Iran, rapporte l’AFP. 

Il doit s’entretenir aujourd’hui avec le président Frank-Walter Steinmeier, la cheffe de la diplomatie Annalena Baerbock et le chancelier Olaf Scholz. Israël, dont l’Iran est le principal ennemi, mène une vive offensive diplomatique afin de convaincre les pays occidentaux, incluant le E3 (France, Allemagne, Grande-Bretagne), de s’opposer à un retour à l'accord sur le programme nucléaire de l’Iran, conclu en 2015. Israël estime que l’accord actuellement en renégociation ne freinera pas le programme iranien. 
 

La visite du chef de l’Exécutif israélien intervient au lendemain de la déclaration de Berlin, Paris et Londres exprimant leurs «sérieux doutes» sur «l'engagement» de Téhéran à parvenir à un «résultat positif» dans les négociations en cours pour sauver l’accord de 2015. «Début août, après un an et demi de négociations, le coordinateur» de l’accord «a présenté un ensemble de textes finaux qui devait permettre à l’Iran de remplir à nouveau ses obligations au titre» du pacte et «aux Etats-Unis de revenir à l’accord», ont rappelé les gouvernements des trois pays dans un communiqué commun. «Dans ce paquet final, le coordinateur a apporté des modifications supplémentaires qui nous ont poussés aux limites de notre flexibilité», ont-ils relevé. «Malheureusement, l’Iran a décidé de ne pas saisir cette opportunité diplomatique décisive» et «poursuit l’escalade de son programme nucléaire bien au-delà de ce qui pourrait être justifié de manière plausible pour des raisons civiles», selon Londres, Paris et Berlin. 
 

Téhéran a récemment demandé une nouvelle fois la clôture d’une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, ce que le patron de l’Agence, Rafael Grossi, refuse. «Cette dernière demande soulève de sérieux doutes quant aux intentions de l’Iran et à son engagement en faveur d’un résultat positif concernant», ont indiqué les trois pays.

 Selon ces derniers, «la position de l’Iran n’est pas conforme à ses obligations juridiquement contraignantes et compromet les perspectives de rétablissement de l’accord», conclu en 2015 à Vienne entre la République islamique et le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France ainsi que l’Allemagne). «Notre position reste claire et inchangée. L’Iran doit coopérer pleinement et immédiatement avec l’AIEA, en toute bonne foi», ont-ils ajouté. «Compte tenu du fait que l’Iran ne conclut pas l’accord sur la table, nous discuterons avec nos partenaires internationaux de la meilleure façon de gérer l’escalade nucléaire continue de l’Iran et son manque de coopération avec l’AIEA», ont prévenu ces pays.
 

«Cesser de négocier»
 

Le 24 août, Yaïr Lapid a appelé les puissances occidentales à «cesser» de négocier avec l’Iran l’accord sur le nucléaire. «Ce qu’il y a sur la table actuellement est un mauvais accord. Cela donnera 100 milliards de dollars par année à l’Iran. 

Cet argent ne servira pas à construire des écoles ou des hôpitaux, mais sera utilisé pour déstabiliser le Moyen-Orient (...) en renforçant le Hezbollah, le Hamas et le Jihad islamique», a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse étrangère à Jérusalem. «A nos yeux, l’accord ne répond pas aux critères fixés par le président (américain Joe) Biden lui-même : empêcher l’Iran de devenir un Etat nucléaire», a-t-il ajouté.
 

La veille, son prédécesseur Naftali Bennett a exhorté le président américain Joe Biden à «s’abstenir (…) de signer un accord avec l’Iran». 
 

L’ancien président, Donald Trump, a retiré les Etats-Unis de ce traité en 2018 et rétabli les sanctions américaines. En conséquence, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations.
 

Le 26 juillet dernier, le chef de la diplomatie européenne et coordinateur pour le dossier du nucléaire iranien, Josep Borrell, a soumis un projet de compromis et a appelé les parties engagées dans les pourparlers à l’accepter pour éviter une «dangereuse crise». Après plusieurs mois de blocage, les discussions ont repris le 4 août dans la capitale autrichienne pour une énième tentative de sauver le pacte. 

L’objectif des pourparlers, auxquels les Etats-Unis participent de manière indirecte, est de remettre le processus sur les rails. L’Union européenne (UE) a soumis, le 8 août aux Iraniens et aux Américains, une «version finale» d’un accord prévoyant la levée de sanctions économiques contre l’Iran, notamment sur le pétrole, en échange de restrictions sur son programme nucléaire.

 

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