Visite du dirigeant nord-coréen en Russie : Moscou évoque des «perspectives» de coopération avec Pyongyang

14/09/2023 mis à jour: 07:11
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Photo : D. R.

Pour Kim, ce Sommet avec V. Poutine constitue une autre aubaine pour le renforcement des relations russo-nord-coréennes, affirmant qu’il fera des liens avec la Russie la «priorité absolue» de sa diplomatie.

Le président russe Vladimir Poutine et Kim Jong-Un se sont rencontrés, hier, au cosmodrome russe Vostotchny, dans l’Est de la Russie. Les ministres russes de la Défense, Sergueï Choïgou, et des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, participaient aux discussions, ainsi que celui de l’Industrie, Denis Mantourov, selon l’AFP. Entretiens qui font craindre à Washington  qu’elle ne facilite la livraison d’armes nord-coréennes à Moscou pour ses opérations militaires en Ukraine.

«Nous sommes convaincus que l’armée et le peuple russes remporteront certainement une grande victoire dans la lutte sacrée pour punir le rassemblement du mal qui prétend à l’hégémonie», a déclaré Kim devant son homologue russe. Il a aussi fait l’éloge de l’armée russe «héroïque», engagée dans un assaut en Ukraine, depuis plus d’un an et demi. Pour Kim, ce Sommet  constitue une autre aubaine pour le renforcement des relations russo-nord-coréennes, affirmant qu’il fera des liens avec la Russie la «priorité absolue» de sa diplomatie. «Je saisis cette opportunité pour affirmer que nous serons toujours avec la Russie», a-t-il soutenu.

De son côté, V. Poutine a déclaré voir «des perspectives» de coopération militaire avec la Corée du Nord, malgré les sanctions internationales visant déjà Pyongyang isolé à cause de ses programmes nucléaires et de ses missiles en développement. «La Russie respecte toutes ces restrictions. Mais il y a des choses dont nous pouvons certainement parler, nous en discutons (...) Et il y a des perspectives aussi», a-t-il affirmé à la télévision d’Etat russe.

Comme il a évoqué la possibilité que la Russie aide la Corée du Nord à construire des satellites, après que Pyongyang a récemment échoué, à deux reprises, à mettre en orbite un satellite militaire espion. «C’est pourquoi nous sommes venus ici. Le dirigeant de la Corée du Nord montre un grand intérêt pour la technologie des fusées. Ils essaient de développer leur programme spatial», a-t-il affirmé, selon des agences de presse russes.

En parallèle à ce Sommet, la Corée du Nord a lancé au moins un missile balistique, a indiqué l’armée sud-coréenne. «La Corée du Nord a tiré un missile balistique non identifié en direction de la mer de l’Est», a déclaré l’état-major interarmées de Séoul, en employant le nom coréen de la mer du Japon. Tokyo a également confirmé ce lancement, les garde-côtes indiquant qu’il s’agit de deux missiles balistiques.

La chaîne de télévision japonaise NHK a déclaré que les deux missiles balistiques présumés semblaient être tombés en dehors de la zone économique exclusive du Japon, citant des responsables gouvernementaux anonymes. De son côté, la Chine a estimé, le même jour, que la rencontre entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président russe Vladimir Poutine en Russie ne concerne que ces deux pays. «La visite du dirigeant nord-coréen en Russie est un arrangement entre la Corée du Nord et la Russie et concerne les relations entre ces deux pays», a déclaré la porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, interrogée à ce sujet lors d’un point presse régulier.

Elle a ajouté que Pékin et Pyongyang «approfondissent les échanges et la coopération dans divers domaines et promeuvent un plus grand développement des relations bilatérales».La veille, elle a indiqué que les relations entre les deux pays «se développent bien». Le dirigeant nord-coréen s’est rendu en Chine pour la dernière fois en janvier 2019. Cinq mois plus tard, il recevait, à Pyongyang, son homologue Xi Jinping pour la première visite d’un dirigeant chinois en Corée du Nord depuis 2005. La Chine, qui partage quelque 1400 kilomètres de frontière avec la Corée du Nord, est le principal soutien politique et économique de Pyongyang, visé par de nombreuses sanctions internationales.

Inquiétudes de l’Oncle Sam

Pour leur part, les Etats-Unis suivent avec intérêt ce sommet. Début 2023, Washington a déjà accusé Pyongyang d’avoir cédé des obus d’artillerie à Moscou en vue d’en armer le groupe paramilitaire Wagner, alors déployé à Bakhmout. Mi-août, la Russie et la Corée du Nord ont prôné une coopération accrue, notamment dans le domaine de la défense. Le 4 septembre la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson, a déclaré que «des négociations sur la fourniture d’armes entre la Russie et la Corée du Nord progressent activement».

A la même période, Washington a assuré que Pyongyang, malgré ses démentis, a fourni des roquettes d’infanterie et des missiles à la Russie en 2022, destinés au groupe paramilitaire privé Wagner. Sachant qu’en juillet 2022,  le pays a reconnu comme Etats indépendants les républiques de Donetsk et de Louhansk sous contrôle pro-russe. La semaine dernière, elle a mis en garde Pyongyang contre toute vente d’armes à la Russie en soutien de sa guerre en Ukraine. Cela n’améliorera pas «l’image» de la Corée du Nord et «ils en paieront le prix au sein de la communauté internationale», a déclaré le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan.

En 2000, le premier sommet entre la Fédération de Russie et la Corée du Nord débouche sur une déclaration commune pour la coopération économique et les échanges diplomatiques. La signature d’un accord entre V. Poutine et Kim Jong Il, décédé en 2011, père et prédécesseur de Kim Jong Un, relance les relations. Ce dernier, alors en quête d’appuis face à l’impasse sur le nucléaire avec Washington, effectue sa première visite officielle en Russie en 2019.

Le dirigeant du Nord  soutient l’intervention russe en Ukraine, y compris, selon Washington, en fournissant des roquettes et des missiles. En juillet, V. Poutine a salué la Corée du Nord pour son «ferme soutien à l’opération militaire spéciale contre l’Ukraine», dans un discours lu à Pyongyang par son ministre de la Défense Sergueï Choïgo.La Corée du Nord est soumise à des sanctions internationales pour son programme d’armement nucléaire et n’a montré aucun signe d’être prête à abandonner son arsenal.

Elle a mené une série de lancements cette année, notamment un test de son premier missile balistique à combustible solide, une percée technologique clé pour les forces armées de Kim Jong Un. A la mi-juin, le Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée en réponse aux exercices des Etats-Unis et de la Corée du Sud.

En juillet il a tiré un missile balistique intercontinental (ICBM) présumé, selon des responsables japonais et sud-coréens. Le missile à longue portée a volé pendant plus d’une heure avant d’atterrir à proximité des eaux japonaises. Ce lancement intervient après que le pays a menacé de riposter à ce qu’il a qualifié de récentes incursions d’avions espions américains au-dessus de son territoire.

La Corée du Nord a qualifié l’an passé d’«irréversible» son statut de puissance nucléaire, écartant ainsi toute possibilité de négociations sur la dénucléarisation. En 2000, le premier sommet entre la Russie et la Corée du Nord débouche sur une déclaration commune pour la coopération économique et les échanges diplomatiques. Kim Jong Un alors en quête d’appuis face à l’impasse sur le nucléaire avec Washington, effectue sa première visite officielle en Russie en 2019 au dam des Etats-Unis et de ses alliés.

Lors de leur sommet tripartite tenu en août dernier à Camp David à Washington, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont appelé une nouvelle fois Pyongyang à «abandonner son programme nucléaire et de missiles balistiques». Ils comptent aussi mettre en place un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années. 


 


 

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