Vieux bâti de Béjaïa : Des pans entiers de l’ancienne ville en ruine

10/05/2022 mis à jour: 03:11
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Des pans entiers du vieux bâti laissé à l’abandon

Rien n’a été fait depuis le séisme de mai 2013 pour la réhabilitation du vieux bâti de l’ancienne ville de Béjaïa. 

C’est du moins le sentiment dominant d’une grande partie de ses habitants. «Je pleure Béjaïa, c’est triste de la voir tomber littéralement en ruine, il ne reste que des souvenirs dans cette vieille ville où j’ai grandi chez mes grands-parents, paix à leur âme», témoigne l’un d’eux. 

«Rien n’a été fait depuis longtemps, bien avant 2013, tout est laissé à l’abandon, à chaque catastrophe des promesses à chaud et puis plus rien !», ajoute un autre.

Les émotions s’entremêlent. Elles vont de la colère, à l’amertume en passant par la mélancolie.

Le centre-ville de Béjaïa s’est déplacé vers la plaine, ce qui a modifié la nouvelle physionomie urbaine en amenant une rupture avec les référents culturels et architecturaux du centre historique. 

La haute ville se vide progressivement. Elle est de moins en moins fréquentée et cela se ressent forcément sur les revenus des commerçants. 

A la rue du Vieillard, des silhouettes se croisent, se saluent puis reprennent leur marche. Pourtant, le patrimoine bâti n’est pas seulement une question de restauration. Il a une histoire et influence la vie de ceux qui habitent ces constructions. 

On constate que la plupart des habitations de l’ancienne ville sont en mauvais état. Toutes les constructions (équipements ou destinées aux industries) du vieux port sont toutes en moyen ou mauvais état. 

Les monuments historiques sont dans un état de dégradation avancée (Bab El Bahr : Porte Sarrasine, Bab El Bounoud : Mosquée Sidi Soufi, rue Fatima). Il constitue un laboratoire architectural du fait qu’il regorge d’un patrimoine architectural exceptionnel, mais qui se trouve malheureusement dans un état critique, vu les dégradations dont il est victime, dans l’indifférence quasi-totale. 

Les pratiques de protection du patrimoine à Béjaïa sont caractérisées par le laisser- faire, aboutissant à des altérations multiples : le déclin et la dévitalisation du noyau historique, l’effondrement des habitations, l’abandon, le squat, une paupérisation des plus anciens quartiers. 

Les habitants non soutenus et non encadrés, vivant dans des conditions de précarité, se livrent à des transformations et démolition des éléments patrimoniaux qui représentent le réceptacle de la mémoire collective et de l’identité locale. 

Cette situation menace considérablement le patrimoine de Béjaïa de disparition, notamment le patrimoine mineur habité parce qu’il y a perte des significations patrimoniales, et qu’il est soumis à de forte pressions (besoin de plus d’espace, de confort...), et aussi a de nombreuses ambitions (récupération d’assiettes foncières, développement urbain et promotions immobilières).

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