Une autre victoire morale vient d’être arrachée par le peuple palestinien, à travers l’avis formulé ce 19 juillet par la Cour de justice internationale (CIJ).
La juridiction, organe central de l’ONU, juge ainsi que «l’utilisation abusive persistante de sa position en tant que puissance occupante à laquelle Israël se livre en annexant le Territoire palestinien occupé et en imposant un contrôle permanent sur celui-ci, ainsi qu’en privant de manière continue le peuple palestinien de son droit à l’autodétermination, viole des principes du droit international et rend illicite la présence d’Israël dans le Territoire palestinien occupé». Les neuf juges de la Cour statuent également qu'Israël doit se soumettre «à l’obligation de mettre fin à sa présence dans les Territoires palestiniens occupés dans les plus brefs délais, (…) et l’obligation de réparer les dommages causés à toutes les personnes morales et physiques concernées».
Voilà qui doit sonner fort et ne laisser aucune ombre de doute, en théorie, sur l’arbitraire de l’occupation au moment où se perpétue, depuis neuf mois, l’épisode belliqueux le plus criminel sur les populations palestinienne à Ghaza. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, par la voix de son porte-parole, a rapidement fait savoir qu’il transmettra dans les plus brefs délais la sentence juridique à l’Assemblée générale de l’institution internationale, à laquelle revient la vocation de décider des suites et de la manière de procéder. En somme, un nouveau dossier sur les bureaux des diplomates délégués au sein de l’ONU, de nouveaux débats, des votes peut-être et des résolutions.
L’avis émis par la CIJ, consultatif tient-on à préciser, n’a pas d’effet contraignant. Autre précision, il conclut une série de consultations lancée après saisine par la même Assemblée générale de l’ONU en décembre 2022, soit bien avant les attaques du 7 octobre 2023 et les massacres qui font de l’enclave palestinienne un abattoir à ciel ouvert depuis cette date.
Interpellés, pour rappel, par une plainte de l’Afrique du Sud en décembre dernier, sur le caractère génocidaire de la campagne israélienne à Ghaza, les magistrats de la même Cour avaient rendu un verdict qui se voulait opératoire à travers une ordonnance sommant Tel-Aviv de suspendre son opération militaire à Rafah. Benyamin Netanyahu et son gouvernement n’ont bien entendu pas changé leur plan de guerre pour autant et l’«historique» décision de la juridiction internationale n’a en rien atténué le calvaire des près de deux millions de Palestiniens crevant de faim ou sous les décombres des villes et camps rasés. Il en sera sans doute de même pour le tout dernier «avis» prononcé par l’auguste CIJ.
Le cabinet du Premier ministre israélien déclare en tout cas, à qui veut bien le comprendre, qu’«aucune décision mensongère à La Haye ne peut déformer la vérité historique», et que les «juifs ne sont pas occupants sur leur propre terre». Depuis octobre dernier, les condamnations des instances de l’ONU et de la majeure partie des Etats membres de son Assemblée générale, des résolutions de son puissant Conseil de sécurité, l’action de la Cour pénale internationale (CPI) et de la CIJ, une vague d’indignation sans précédent dans les opinions mondiales… n’ont pu faire reculer Tel-Aviv et son gouvernement extrémiste.
Les Palestiniens sont ainsi appelés à s’estimer heureux et à célébrer des victoires «historiques» et «symboliques» qui ne leur garantissent ni le pain, ni la sécurité, ni le droit de se fixer sur un carré de terre en tant que réfugiés.
Des victoires qui donnent plus bonne conscience au monde qui assiste impuissant aux crimes de guerre au quotidien, qu’elles ne participent pour l’heure à imposer des trajectoires plus justes aux événements.
Le dernier avis de la CIJ confirme aux Palestiniens, et à tous ceux qui soutiennent leur cause dans le monde, que le droit international existe qu’il défend de grands principes, et que des juges peuvent siéger pour le dire. Sauf que celui-ci, quoi qu'il en soit dans leur cas, ne peut rien contre la loi du plus fort.