Vallée de la Soummam : Le chardonneret au bord de l’extinction

18/01/2022 mis à jour: 19:01
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Photo : D. R.

Oiseleurs, collectionneurs et simples dilettantes s’en donnent à cœur-joie, en lui livrant une traque sans merci. Un braconnage en règle qui participe au déclin des colonies de chardonnerets.

Le chardonneret se retrouve au bord de l’extinction dans les plaines et les prairies de la vallée de la Soummam. Convoité pour son beau plumage coloré et son chant mélodieux à dix strophes, ce passereau granivore, de la famille de fringillidés, fait l’objet d’un commerce éhonté. 

Un filon juteux, qui fait à l’évidence de plus en plus d’émules. On rivalise d’ingéniosité et d’inventivité pour en capturer à tour de bras.

Oiseleurs, collectionneurs et simples dilettantes s’en donnent à cœur joie, en lui livrant une traque sans merci. Un braconnage en règle. Si bien que le chant si particulier de cet oiseau n’est plus audible dans son milieu naturel, duquel il est arraché pour être confiné en captivité. 

En couple ou en solo, le chardonneret captif orne les vitrines des magasins d’alimentation générale, des cafés maures et autres garages de vulcanisation. 

«Le chardonneret est vendu autour de 10 000 DA. Le mâle est très recherché. Il se distingue de la femelle par la présence de petites taches rouges derrière les yeux. Son prix dépasse largement 20 000 DA», explique un oiseleur de Sidi-Aïch. 

«Les braconniers ne s’embarrassent pas de scrupules pour piéger ces oiseaux. La technique des filets, à titre d’exemple, suivie du transport des oiseaux capturés dans des conditions déplorables, génère énormément de stress et induit des taux de mortalité élevés», témoigne un amateur d’ornithologie de la région d’Akbou. 

Notre interlocuteur estime que ce négoce singulier est promis à des lendemains florissants, en raison de la convoitise qu’il soulève et des dividendes qu’il génère. 

Cela crée un appel d’air qui fait exploser la demande et fait grimper les prix sur le marché. «Les tarifs flambent d’autant plus vite que la reproduction en cage du chardonneret est très délicate, y compris son croisement avec le canari», dira-t-il.

Interrogé sur ce sujet, un écologiste pense que le braconnage est largement responsable du déclin des colonies de chardonnerets, mais n’est pas le seul facteur en cause : «Il y a sans doute une conjonction de facteurs qui explique l’effondrement de la population de ces passereaux. Une espèce est menacée dès que son espace vital disparaît, se rétrécit ou se dégrade, suite au déboisement, aux incendies et à l’urbanisation. Ces espèces faunistiques pâtissent aussi sévèrement des effets de la pollution, des maladies et des changements climatiques», souligne-t-il.

L’écologiste soutient que le spectre de l’extinction du chardonneret, est loin d’être une fatalité. Pour peu, prévient-il, qu’un sursaut de conscience s’opère et des mesures préventives de sauvegarde instaurées. 

À commencer, préconise-t-on, «par la réglementation des captures et la création de conditions favorables pour des accouplements en volière. Même si elle est l’apanage d’un cercle restreint d’initiés, la reproduction en captivité est une alternative salvatrice et un moyen sûr et efficace pour desserrer l’étreinte sur les populations sauvages de chardonnerets». 

«On devrait commencer par prendre des mesures incitatives en faveur des éleveurs, assez rares mais très doués, qui sont parvenus à faire reproduire ces passereaux sur plusieurs générations», suggère-t-on.

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