Université de Tiaret : La lutte contre la désertification en débat

28/05/2024 mis à jour: 00:22
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Steppe et désertification, états des lieux, contraintes et perspectives, des thèmes d’une brûlante actualité qu’on ne cessera jamais d’évoquer, tant les enjeux sont à l’égal des défis et des perspectives à développer. L’université Abderrahmane Ibn Khaldoun, qui s’ouvre sur la société, s’intéresse tout naturellement aux problèmes posés. A  l’instar de la problématique sur l’eau, le cheval, les NTIC et l’entreprenariat, entre autres, celle liée à la steppe et, subsidiairement à la désertification, a été traitée. 

La lutte contre la désertification en milieu steppique reste au centre des politiques de développement durable en Algérie. Des actions entreprises, à faible échelle, pour faire face aux processus de dégradation des parcours, la restauration et la réhabilitation des nappes alfatières. 

Les séminaristes ont ainsi planché, ces derniers jours, au niveau de l’annexe de la faculté de médecine au campus de Karman, à l’issue de 74 communications et en quatre grandes thématiques (la désertification des parcours steppiques en Algérie, la biodiversité et inventaire des ressources phylogénétiques, les plantes aromatiques et médicinales et lutte contre la désertification et restauration écologique) à développer des recommandations. 

Aux menaces qui pèsent sur les écosystèmes, les séminaristes pensent «qu’une stratégie d’évaluation des actions de restauration réalisées durant les trois dernières décennies par le HCDS (Haut-commissariat au développement de la steppe) est plus que nécessaire», non sans préconiser une série de recommandations dont il faudrait sérieusement s’en imprégner si on voudrait bien faire avancer les choses. 

C’est d’ailleurs Dr Azzaoui Mohamed Essalah, président du séminaire, qui nous a communiqué les recommandations à l’issue de cette instructive rencontre. Les rédacteurs disent qu’il s’agit de «déterminer d’une façon précise le statut de la steppe, officialiser, sécuriser et réglementer les zones de mise en défens et permettre aux associations écologiques et chercheurs d’y accéder», «organiser ‘l’achaba’ par opposition à ‘l’azzaba’, comme par le passé, pour permettre aux éleveurs de se  déplacer vers les wilayas du Nord afin d’éviter les drames dont il ont été l’objet et de garantir la préservation des zones de transhumance». 

Ce qui s’est passé il y a quelques années entre les transhumants de Tiaret et de Laghouat en est témoin de ces guéguerres. «Introduire les systèmes de rotation des pâturages et la mise en défens comme moyen immédiat et conservatoire de la steppe en associant scientifiques, législateurs société civile et éleveurs et en mettant en place une infrastructure efficace pour prendre en charge les besoins en eau et en aliment de bétail des éleveurs». 


«REVOIR LES PRÉROGATIVES»

«Revoir les prérogatives et le fonctionnement des organismes et offices spécialisées dans l’intervention de la steppe en associant leurs actions à des universités et à des chercheurs et en les soustrayant à la forme bureaucratique de leur gestion», «créer des mécanismes de coordination des différents services et recourir au guichet unique pour éviter les piétinements et les interventions isolées». 

Sur le plan de l’intervention de l’homme il a été préconisé d’évaluer sereinement «les opérations de lutte contre la désertification  qui ont été menées dans les régions steppiques et en tirer un bilan critique et créer une banque de données accessible à tous et se mise à jour, régulièrement», «déterminer d’une façon scientifique en utilisant l’imagerie satellite les impacts et les zones ensablées à boiser pour la fixation des dunes et les couloirs venteux de la région», «organiser des rencontres régulières avec les différents partenaires pour coordonner les actions aux niveaux régional, national et international pour lutter contre la désertification», «revoir l’option de développement des Hauts-Plateaux dans le domaine de l’agropastoralisme et axer les efforts vers l’introduction de cultures fourragères surtout au niveau des mises en valeur dans le cadre du PNDA, encourager les cultures fourragères pour permettre à la steppe de se reposer en fournissant une alimentation d’appoint aux troupeaux, créer des pépinières des espèces autochtones pour en étendre l’implantation et des réserves naturelles au niveau de chaque commune pour tenter de reconstituer la patrimoine de la flore et de la flore propres à la région non sans mettre en place une véritable organisation des pratiques du pastoralisme en offrant les structures nécessaires aux éleveurs (eau, abris, aliments, couverture sanitaire) car la relation qui existe entre l’élevage et la désertification n’est plus à démontrer, associer d’une façon permanente et responsable toutes les associations ayant un lien avec la steppe et mettre l’accent sur la participation des communautés locales à la recherche de solutions sur le redéploiement des stratégies traditionnelles permettant de surmonter les périodes de crises telles que la sécheresse et sur la lutte contre la marginalisation des populations rurales du fait de l’importance prise par les villes et définir une politique intelligente et rationnelle du boisement et du reboisement». 

Pour rappel, les régions steppiques algériennes sont situées entre deux chaînes de montagnes : l’Atlas tellien au nord et l’Atlas saharien au sud et s’étendant sur une surface de terres d’environ 20 millions d’hectares (soit 8,4% de la surface de l’Algérie). 

On en recense huit wilayas steppiques et 11 wilayas agro-pastorales totalisant 354 communes alors que les zones steppiques de la wilaya de Tiaret couvrent une superficie de 1.380.401 hectares soit 68,44%  de la superficie totale du territoire sur 12 communes.  
 

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