Pas moins de 17 affaires de spéculation sur des produits subventionnés de large consommation ont été traitées par la Gendarmerie nationale de la wilaya de Annaba, impliquant 25 personnes ayant été présentées devant les tribunaux territorialement compétents.
Lancée récemment par la direction du commerce et de la promotion des exportations de la wilaya de Annaba, en collaboration avec la direction des services agricoles (DSA) et la Société algérienne de régulation de la production agricole (Sarpa), l’opération de déstockage de pommes de terre pour stabiliser les prix sur le marché local à 75 DA/kg n’a pas eu l’effet escompté dans la wilaya. La direction du commerce a même déterminé la liste des opérateurs économiques autorisés à se procurer ces pommes de terre déstockées, en fonction des demandes des commerçants et des clients intéressés par cette opération.
Depuis quelques jours, elle a amorcé une tendance haussière même au niveau de l’informel. Hier, elle est cédée à 130 DA/Kg, et la même fièvre s’est emparée de la tomate pour atteindre les 250 DA/Kg. La ménagère ne s’explique pas cette hausse d’autant plus que les intempéries qui sont souvent brandies dans pareilles circonstances pour justifier la spéculation n’ont pas affecté la région.
Il faut dire que la hausse des prix des produits de large consommation dans la wilaya de Annaba ne concerne pas seulement les fruits et légumes. «C’est un phénomène complexe influencé par plusieurs facteurs économiques et sociaux. Il en est ainsi de la spéculation et de l’inflation qui ont un impact significatif sur le pouvoir d’achat des consommateurs», estime Amar Belkacem, économiste. Pour lui, «les produits alimentaires subventionnés ont vu leurs prix augmenter en raison de la spéculation.
Cette dernière est exacerbée par une demande croissante et une offre parfois limitée, ce qui pousse les détaillants à augmenter les prix au-delà des plafonds tolérés». Selon des chiffres officiels du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Annaba, pas moins de 17 affaires de spéculation sur des produits subventionnés de large consommation ont été traitées par ce corps constitué impliquant 25 personnes ayant été présentées devant les tribunaux territorialement compétents.
Lors de ces arrestations, au moins 12 000 litres d’huile de table et 2750 quintaux de semoule ont été saisis et récupérés. De leur côté, les ministères du Commerce et de l’Agriculture collaborent pour corriger ces dysfonctionnements. Plusieurs mesures ont été prises, comme le plafonnement des prix et la limitation des marges bénéficiaires sur certains produits essentiels, tels que le café, les viandes importées, les légumes secs et la pomme de terre.
Et si le plafonnement des prix du café et des légumes secs a réussi au terme d’une farouche résistance, il n’en est pas le cas pour d’autres produits. Outre la pomme de terre, des viandes importées sont concernées. En effet, destiné exclusivement aux ménages, le poulet brésilien atterrit souvent dans les broches des rôtisseries où il est cédé entre 600 et 700 DA l’unité. Il est pratiquement introuvable dans les frigos des boucheries.
Le même constat pour la viande ovine importée, notamment celle de l’Espagne. Elle est détournée au profit des restaurants pour finir en grillades. La même destination est réservée pour les abats. Les autorités nationales ont mis en place des régulations pour contrôler les prix de certains produits alimentaires soumis à des régulations strictes de prix. Par exemple, le prix du bidon d’huile de 5 litres de table subventionné est fixé à 650 DA, tandis que le sucre est plafonné à 90-95 DA le kilo.
La semoule est vendue à environ 900 DA pour un sac de 25 kg, mais les hausses constatées dans le commerce informel montrent que certains intermédiaires entraînant les détaillants profitent de la situation pour augmenter leurs marges. La situation actuelle dans la wilaya de Annaba illustre bien les défis auxquels sont confrontés tant les consommateurs que les autorités face à l’inflation et à la spéculation.