La polémique», en fait la cabale contre la boxeuse algérienne Imane Khelif, a atteint des proportions et des formes sans doute inédites dans les annales des Jeux olympiques.
Donald Trump, probable futur président des Etats-Unis, Elon Musk sulfureux empereur de l’industrie mondiale de la tech, Georgia Meloni, présidente du Conseil italien… s’en sont mêlés.
Les médias du monde en font une forte actualité, juste à côté de la menace d’une guerre totale au Moyen-Orient ; des artistes de renommée, des personnalités de divers horizons se solidarisent ou se joignent à la meute, alors que la planète du «social media» s’agite et s’ouvre en arène de violentes controverses. Le sujet aurait pu se traiter, comme cela est déjà arrivé pour l’Algérienne et pour d’autres athlètes du monde, dans le cadre des instances internationales qui veillent à l’éthique et au droit du sport. Mais il semble que les enjeux sont ailleurs et que la mécanique de la polémique, propulsée par la puissance des réseaux sociaux, fait éclater les barrières.
Maître de céans, s’agissant des JO, le Comité olympique international (CIO) a dû opportunément intervenir au beau milieu du boucan, pour marteler que les caractéristiques biologiques de l’athlète ne souffrent d’aucune ambiguïté et que sa légitimité à concourir dans la catégorie est la même que celle de ses adversaires.
On a titré un peu partout que le Comité, seule instance fondée à délivrer des habilitations ou décider des exclusions, apportait son «soutien» à la boxeuse algérienne, alors qu’il ne fait que dire le droit sur le cas après avoir été interpellé par des accusations de laxisme. C’est dire si, sur l’affaire, les extrêmes ont été tellement poussés que le simple rappel des conditions universelles d’éligibilité à la compétition sont comptabilisés comme un alignement sur une partie.
La Fédération internationale de boxe (IBA), en guerre contre l’instance olympique, saute sur l’occasion quant à elle pour distiller le poison du doute, voire assumer un parti pris. Dans une démarche pour le moins provocatrice, ladite Fédération vient d’annoncer, selon des médias, sa volonté de récompenser la boxeuse italienne, battue il y a quatre jours par l’Algérienne.
Des Fédérations entières se compromettent par ailleurs dans des campagnes de harcèlement continu qui pourrissent en ce moment l’atmosphère des Jeux, du moins dans leur segment boxe féminine. L’adversaire hongroise de l’Algérienne, la veille de leur rencontre hier, a fait le «buzz» à travers une scandaleuse «story» sur Instagram, où elle représente Khelif dans la physionomie d’un monstre mythologique. Les médias internationaux, occidentaux notamment, s’acharnent pour leur part à traiter l’affaire selon des tropismes idéologiques, avec souvent des soubassements racistes à peine dissimulés. L’extrême droite internationale se lâche, et ses ténors politiques, sociaux et sportifs ne se retiennent d’aucune outrance.
On peut imaginer, dans ces conditions, l’impact psychologique sur l’Algérienne, une des athlètes de la délégation sur laquelle repose l’espoir d’une médaille olympique, alors qu’elle est censée se concentrer sur la compétition. A son corps défendant, Imane Khelif est devenue la grande curiosité et le point de fixation des JO-2024 depuis ce combat furtif contre sa concurrente italienne, jeudi dernier, et l’incroyable polémique qui l’a suivi.
La vaste campagne de soutien dont elle bénéficie en Algérie depuis trois jours, dans une sorte de «Oum Dermane 2», selon le mot d'un internaute algérien, et de la part de nombreuses athlètes étrangères qu’elle a eu à affronter par le passé, aurait pu ne pas suffire à lui faire passer la tempête sans dégâts, tant celle-ci est violente. En remportant son deuxième combat hier, et en garantissant la première médaille pour l’Algérie, la fille de Tiaret répond au monde qu’elle sait encaisser les coups et qu’elle n’est pas prête à se laisser abattre.