Une aide humanitaire insuffisante pour une population exsangue

27/11/2023 mis à jour: 23:52
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Après quarante-neuf jours de bombardements incessants, marqués par une privation d’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux médicaments depuis plus de six semaines, la Bande de Ghaza se voit enfin offrir une aide humanitaire avec l’arrivée de 248 camions par le point de passage de Rafah, durant les trois premiers jours de la trêve conclue entre le Hamas et Israël.

Ce convoi humanitaire demeure largement insuffisant dans un territoire où près de la moitié des bâtiments ont été détruits et où 1,7 million de personnes, sur les 2,4 millions que compte l’enclave, sont déplacées. La situation critique de Ghaza tourne à la tragédie humanitaire.

Certes, la trêve a permis l’acheminement de 129 000 litres d’essence, essentiels au fonctionnement des hôpitaux, mais force est de constater que vingt-quatre sur trente-deux infrastructures hospitalières ont cessé de fonctionner.

Pour avoir une idée des besoins des Palestiniens de Ghaza, il est utile de préciser qu’avant le début de la guerre en octobre, près de 10 000 chargements de marchandises commerciales et humanitaires, à l’exclusion du carburant, entraient chaque mois, selon l’ONU. Aussi, les 200 camions d’aide envoyés jusque-là ne peuvent être suffisants, surtout après l’enfer que les populations ont vécues.

Les agences des Nations unies ont souligné qu’il faut faire davantage pour faire face à la massive crise humanitaire dans l’enclave. «Plus la trêve durera, plus les organisations humanitaires seront en mesure d’envoyer de l’aide à l’intérieur et à l’extérieur de la Bande de Ghaza», précise, dans un communiqué, l’Agence des Nations unies chargée de la coordination humanitaire OCHA.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué sur X (anciennement Twitter) : «Avec l’effondrement des systèmes alimentaires à Ghaza, l’aide humanitaire est devenue l’ultime bouée de sauvetage». L’agence humanitaire a souligné «la nécessité d’élargir la portée de l’aide humanitaire à Ghaza». Ghaza est ravagée par la faim», a averti l’agence onusienne.

Le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré, pour sa part, que l’entrée de l’aide à Ghaza est «une avancée dans la bonne direction», mais «beaucoup plus est nécessaire». «Nous continuons à appeler à un cessez-le-feu durable pour mettre fin à la souffrance civile supplémentaire», a-t-il publié sur X. Le porte-parole de l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU), Jens Laerke, a quant à lui estimé : «Nous avançons sur la base de l’espoir et de l’attente que nous atteindrons les personnes dans le besoin où qu’elles soient.»

En tout et pour tout, l’ONU a signalé l’arrivée de 248 camions d’aide humanitaire depuis le début de la trêve, dont 61 ont acheminé du matériel médical, de la nourriture et de l’eau dans le nord de l’enclave. Des ambulances et des véhicules médicaux ont été livrés à l’hôpital Al Shifa, pour faciliter les évacuations.

Le Croissant-Rouge palestinien, le Croissant-Rouge égyptien et d’autres organisations humanitaires ont participé à ces efforts, mais le Croissant-Rouge palestinien a souligné que le convoi quotidien de 200 camions pendant la trêve de quatre jours ne serait pas suffisant pour répondre aux besoins de la population, privée d’accès à la nourriture, à l’eau potable et aux médicaments depuis plus de six semaines.

Cette pause dans les combats a également révélé l’étendue de la tragédie pour la population de Ghaza. Ceux qui ont pu retourner chez eux ont trouvé des décombres à la place de leurs maisons, transformant leurs quartiers en un paysage de désolation. Certains en profitent pour enterrer leurs morts ou récupérer quelques effets personnels de leur vie antérieure.

Alors que la trêve reste fragile, les appels à un cessez-le-feu durable se multiplient pour mettre fin à la souffrance civile croissante. Il est important de noter, par ailleurs que lorsqu’Israël a décidé de couper, le 9 octobre, l’accès à l’eau, à l’électricité, au carburant et aux médicaments à Ghaza, l’enclave était déjà mal en point en raison d’un blocus imposé depuis 2007.

Quelques semaines seulement avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, la Banque mondiale appelait d’ailleurs à une «action urgente» pour sortir les territoires palestiniens du marasme économique.

L’institution égrenait les indicateurs alarmants dans un rapport publié le 18 septembre dernier : un taux de chômage à 25%, un taux de pauvreté à 24% et des infrastructures de santé en déshérence ainsi que des pénuries de médicaments. La guerre barbare que livrent les Forces d’occupation israéliennes achève de plonger Ghaza dans une tragédie humanitaire sans précédent. 

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