Des chefs d’Etat et de gouvernement, des centaines d’experts et autant d’ONG seront au chevet du continent du 4 au 6 septembre. Leur mission est de concilier l’accès à l’énergie et la lutte contre les changements climatiques. Depuis Nairobi (Kenya), il est question de préparer le terrain en amont de la COP28.
A ce rendez-vous mondial, qui aura lieu à Dubaï (EAU), du 30 novembre au 12 décembre prochains, les 55 pays devraient faire bloc, usant d’une seule voix pour se faire entendre, mais surtout défendre leurs intérêts. Le sommet africain pour le climat, dans sa première édition, vise, selon les organisateurs, à fournir des réponses aux manifestations croissantes des changements climatiques et à ses coûts associés, tant sur l’échelle mondiale qu’en Afrique en particulier.
Dans la perspective d’une hausse des crises climatiques en termes de fréquence et d’intensité, les tergiversations ne sont plus permises quant à l’urgence de mettre en place des mesures idoines. «L’action climatique n’est pas un problème du Nord ni un problème du Sud. C’est un défi collectif, et il nous concerne tous. Nous devons nous rassembler pour trouver des solutions communes et mondiales», a déclaré le président du pays hôte du sommet, William Samoei Ruto. Même si «l’Afrique a le moins contribué aux émissions cumulées de gaz à effet de serre, soit moins de 4% des émissions mondiales», elle ne peut se complaire dans un rôle d’observateur, car elle présente la région du monde la plus affectée par le dérèglement climatique et son corollaire dont les catastrophes naturelles et sanitaires.
Le continent subit de plein fouet de longues périodes de sécheresse, de stress hydrique et de températures caniculaires dont l’aggravation ira en croissant, selon les différents rapports émis par les spécialistes. «Les phénomènes météorologiques extrêmes dont l’accélération de la désertification, l’érosion des côtes, l’extinction des espèces et la perte de l’habitat ont des effets dévastateurs sur les économies africaines», atteste l’ONU.
Pour une transition énergétique
Des confirmations soutenues par les organisations et acteurs écologiques. Ces derniers qui voient en cette conférence l’occasion d’interpeller les dirigeants et de galvaniser l’opinion publique autour de l’importance de soutenir un développement durable en Afrique, en optant pour les énergies renouvelables au lieu de recourir aux énergies fossiles.
«L’exploitation d’hydrocarbures n’est pas la bonne direction à prendre», affirme la directrice de l’Afrique du Conseil mondial de l’énergie éolienne.
Wangari Muchiri estime qu’il faut libérer les énergies renouvelables, encore sous-exploitées sur le continent qui n’utilise que 7,3 gigawatts de capacité éolienne alors qu’elle dispose d’un potentiel de 1800 gigawatts. «Une situation aberrante», selon elle, étant donné que «la moitié de la population africaine n’a toujours pas accès à l’électricité».
L’accès à l’énergie est un catalyseur de développement. L’Afrique est dotée de ressources énergétiques aussi riches que variées, dont d’importantes réserves de pétrole et de gaz naturel, mais aussi de potentiel non négligeable de biomasse, d’hydroélectricité, d’énergie solaire et éolienne. Sauf que ces dernières sont inégalement réparties, sous-exploitées ou exportées sous forme brute.
L’offre disponible pour les populations demeure insuffisante, tout comme le sont les mesures prises à l’échelle mondiale. «Si aucune action n’est menée, l’Afrique ne sera pas en mesure de réaliser les objectifs de développement durable (ODD) ni d’obtenir les résultats envisagés dans l’Agenda 2063 et inscrits dans les plans nationaux de développement», déplore le secrétaire exécutif de l’ONU, Simon Stiell.
Et lui de trancher : «Nous avons besoin que les acteurs régionaux identifient ce qui fonctionne pour eux et qu’ils présentent à la COP28 à Dubaï des plans et des stratégies applicables au niveau régional». L’Algérie qui participera à ce Sommet a, au préalable, suggéré l’adoption d’«une approche inclusive». Il s’agit «de la mise en place d’un mécanisme africain de réponse aux catastrophes naturelles, pour une meilleure protection du continent, s’inspirant de la stratégie nationale de prévention des risques majeurs».
En effet, un avant-projet de loi relatif à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable été examiné lors du Conseil des ministres, tenu le 31 mai 2023.
Le nouveau texte «tend à remédier aux insuffisances constatées, s’adapter aux nouveaux engagements internationaux en la matière, et prendre en charge de nouveaux enjeux, liés aux risques climatiques extrêmes, biotechnologiques, cybernétiques et acridiens».
L’événement continental dans le programme est ponctué et prolongé, au-delà des deux jours officiels, par plusieurs manifestations dont la semaine du climat, servira de plate-forme pour informer, encadrer et influencer les engagements, les promesses et les résultats, conduisant finalement à l’élaboration de la Déclaration de Nairobi. Dans ce continent aux multiples défis et inégalités, l’enjeu est d’aboutir à un consensus global pour aller à la COP28 en rangs serrés.