Un pays instable

21/08/2022 mis à jour: 08:26
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En février 1986, Paris déclenche l’opération «Epervier»pour venir en aide au président Hissène Habré. En décembre 1990, Hissène Habré est chassé du pouvoir par Idriss Déby, son ancien proche collaborateur. Ce dernier devient président de la République en février de l’année suivante.

Ancienne colonie française, le Tchad devient indépendant le 11 août 1960 sous la présidence de François Tombalbaye, originaire du Sud. En janvier 1962, après avoir écarté ses concurrents au sein de son propre parti, le Parti progressiste tchadien, il dissout toutes les autres formations politiques.

Dès 1965, il est confronté à une rébellion dans le Nord. En 1966, est créé le Front de libération nationale tchadien (Frolinat), à dominante toubou. Des troupes françaises interviennent à plusieurs reprises aux côtés des forces gouvernementales, en vertu d’accords de défense. En avril 1975, le général sudiste Felix Malloum succède à Tombalbaye, assassiné lors d’un coup d’Etat.

En août 1978, après plusieurs années de conflits entre le Sud et le Nord, le président Félix Malloum instaure un gouvernement bipartite et nomme le chef des Forces armées du Nord (FAN), Hissène Habré, Premier ministre. En février 1979, des affrontements éclatent à N’Djamena entre les militaires des deux camps. C’est le début de la guerre dite des Neuf-mois. Le président Félix Malloum se retire de la vie politique en s’exilant au Nigeria.

En novembre 1979, est mis sur pied un Gouvernement d’union nationale de transition (Gunt) présidé par Goukouni Weddeye, un Nordiste. Hissène Habré, ancien compagnon de Weddeye, détient le portefeuille de la Défense, mais quelques mois plus tard, une guerre civile oppose les partisans des deux camps dans la capitale. Hissène Habré est destitué et reprend le maquis. En juin 1982, ce dernier renverse le président Goukouni Weddeye. Le poste de Premier ministre est supprimé et plusieurs opposants politiques sont exécutés.

Habré transforme les FAN en armée régulière, puis crée une police politique, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), qui sera responsable de milliers d’enlèvements et d’assassinats politiques. Il ordonnera également des massacres dans le Sud-Est, notamment en septembre 1984 («Septembre noir»).

En février 1986, Paris déclenche l’opération «Epervier» pour venir en aide au président Hissène Habré. En décembre 1990, Hissène Habré est chassé du pouvoir par Idriss Déby, son ancien proche collaborateur.

Ce dernier devient président de la République en février de l’année suivante. Le régime de Hissène Habré est marqué par une répression : les opposants sont arrêtés par la DDS (police politique), torturés, souvent exécutés. Une commission d’enquête estimera à plus de 40 000 le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées sous son règne, dont 4000 identifiées.

En mai 2016, il sera condamné à la prison à vie pour «crimes contre l’humanité» et «crimes de guerre» par un tribunal spécial africain à Dakar. Il a bénéficié en avril d’une sortie de prison de 60 jours en raison de l’épidémie de coronavirus.

En 1996, après une «transition démocratique», Idriss Déby est élu président lors de la première élection pluraliste et accueille une partie de ses adversaires au gouvernement. Réélu quatre fois depuis, il est critiqué par l’opposition qui lui reproche des fraudes électorales et des violations des droits humains. A partir de 2005, son régime est menacé par des offensives rebelles, notamment en 2008, lorsque les insurgés sont parvenus aux portes du palais présidentiel, mais repoussés grâce à un soutien français.

En 2013, le Tchad envoie ses troupes combattre les djihadistes dans le nord du Mali, lors de l’intervention française «Serval». En 2015, face à la menace des djihadistes nigérians de Boko Haram, il envoie ses troupes au Nigeria voisin pour libérer des localités et initier une riposte militaire régionale.

N’Djamena subit plusieurs attentats-suicides meurtriers revendiqués par Boko Haram. Les élections législatives prévues en 2015 sont maintes fois repoussées, d’abord au nom de la lutte antiterroriste, puis en invoquant l’épidémie de coronavirus. En 2017, le Tchad participe à la création de la force antidjihadiste G5 Sahel, avec la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, sous impulsion française. En avril 2018, le Tchad adopte une nouvelle Constitution controversée instaurant un régime présidentiel.

En février 2019, une colonne rebelle venue de Libye pour tenter de renverser le Président est freinée par des bombardements français. Le 11 août 2020, le président Déby est officiellement élevé au titre de maréchal du Tchad à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance. 

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