Un marché interbancaire de devises en perspective

10/02/2022 mis à jour: 06:07
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Le marché des devises au centre d’une prochaine réunion / Photo : D. R.

Selon des banquiers, nombre de questions restent encore en suspens. «Par exemple, quand les banques pourront-elles acheter des devises ? Auprès de qui les achèteront-elles ? Comment alimenter ces comptes et comment procéder à la cession de ces devises ? La vente auprès de la clientèle et quelle est la clientèle qui pourra acheter ?» Ces questions seront abordées lors d’une réunion prévue prochainement afin de traiter de ces problèmes.

Aujourd’hui, les banques disposent en fonds propres de devises. Chaque banque dispose de ces devises pour lesquelles elle peut régler certains prêts. Ces comptes de trésorerie vont permettre plus tard aux banques d’acquérir des devises auprès de la clientèle ou auprès des confrères, de prêter et de se faire prêter.»

C’est en ces termes qu’un banquier spécialiste du commerce extérieur au sein du Crédit populaire algérien (CPA) résume la nouvelle note de la Banque d’Algérie à l’adresse des banques. La Banque d’Algérie a adressé aux banques, jeudi, une nouvelle note relative à l’ouverture des comptes de trésorerie devise. Il est fait état ainsi de la possibilité pour les banques d’ouvrir «des comptes de trésorerie devise sur les livres de la Banque d’Algérie».

Celle-ci intervient, selon l’APS, en application de l’article 4 du règlement du 15 mars 2020, relatif au marché interbancaire des changes, des opérations de trésorerie devise et aux instruments de couverture de risque de change.

Mais que peut bien signifier de concret cette nouvelle mesure pour les banques certes, mais aussi et surtout pour les clients en général ? Toujours selon notre banquier, «en 2020, une note de la Banque d’Algérie a encadré les opérations de marché de devises. Cette note se réfère aux articles 4, 5 et 9 du règlement. Il y a un marché interbancaire de devises qui est censé exister. Mais les banques ne disposent pas encore de devises pour pouvoir animer ce marché». Ainsi les établissements bancaires pourront à l’avenir «distinguer les opérations propres à la banque et les opérations clientèle ou du marché».

L’idée serait de permettre aux banques d’être «autonomes», en quelque sorte, des devises de la Banque d’Algérie. Un bémol quand même, selon notre interlocuteur, «toutes les banques ne disposent pas de tous les mécanismes et procédures en la matière».

La BA n’a pas mis au point toutes les conditions du marché. Selon des banquiers, nombre de questions restent encore en suspens. «Par exemple, quand les banques pourront-elles acheter des devises ? Auprès de qui les achèteront-elles ? Comment alimenter ces comptes et comment procéder à la cession de ces devises ? La vente auprès de la clientèle et quelle est la clientèle qui pourra acheter ?»

Toutes ces questions seront abordées lors d’une réunion prévue prochainement afin de traiter de ces problèmes. L’objectif donc est de tirer au clair certaines dispositions et de pouvoir faire une lecture globale de cette circulaire entre banques. Le but est de mettre en place un marché interbancaire qui va réguler les cours et les besoins en trésorerie de devises. Il va même y avoir un marché à terme plus tard.

Ainsi on pourra, explique-t-on, réserver des devises aux clients sur une période de 4, 5 ou 6 mois. «Les détenteurs de devises en Algérie, comme certains grands commerçants, pourront placer leur argent dans un marché à terme (acheter et vendre)», commente un enseignant à l’Ecole des banques de Bouzareah. «Les détenteurs de devises vont demander à la banque de placer leur argent (acheter et vendre) ; les banques vont utiliser les devises des clients. Cela va fonctionner comme le marché interbancaire de dinars, sauf que là, le compte courant dinar peut être à découvert alors que pour celui des devises il faut qu’il soit crédité», a-t-il expliqué.

Outre l’intérêt évident lié à l’activité de banque, notre interlocuteur croit davantage percevoir un intérêt «pédagogique» pour les banques. Dans quelle perspective ? En tout cas, il paraît pour le moins sûr que la mise en place d’un marché à terme pourrait théoriquement aider, au niveau des opérateurs économiques, à assurer une meilleure visibilité et à parer aux fluctuations de devises ? Le risque de change est-il ici en cause ?

L’inflation importée peut-être aussi ? Toutes ces questions restent encore pendantes et les choix de l’Exécutif en la matière ne sont pas tout à fait clairs quant à la stratégie qu’il entend mettre en place afin d’avoir une meilleure politique de changes, loin, bien loin des glissements continus du dinar face aux devises étrangères. 

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