Un instrument de lutte et de propagande

28/11/2024 mis à jour: 00:33
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 Comme bien des aspects liés à l’identité algérienne, le cinéma national a vu le jour dans le sillage de la guerre d’indépendance, en réponse aux impératifs de résistance et de mémoire. 

Confronté à la propagande du colonialisme français, le Front de libération nationale (FLN) s’est engagé dans la production de films exposant les atrocités perpétrées par l’armée coloniale. L’objectif était clair : porter à la connaissance du monde entier la réalité de la lutte algérienne. 

Dans cet esprit, en 1957, Jamal Chanderli, Mohamed Lakhdar Hamina et Ahmed Rachedi ont formé une cellule de production cinématographique pour documenter la guerre de libération. Ce travail pionnier a donné naissance à des œuvres emblématiques, comme L’Algérie en flammes de René Vautier en 1958, Les Fusils de la liberté (1961), La Voix du peuple (1961) et Notre Algérie (1961). Dans ce sens, le Dr Leïla Boulakaïbet de l’université Salah Boubnider a mis en lumière le rôle central du cinéma dans la préservation de l’histoire nationale et la construction identitaire. 

Elle a souligné qu’à travers des thématiques variées, ce cinéma a façonné une identité cinématographique unique, «témoignant des luttes héroïques du peuple algérien et de sa quête d’indépendance». 

Après l’indépendance, la guerre de libération est restée le sujet favori des réalisateurs algériens. Des films ont vu le jour et certains ont été récompensés sur la scène internationale. La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo a reçu le Lion d’or au Festival de Venise, tandis que Chroniques des années de braise (1975) de Mohamed Lakhdar Hamina a été couronné par la Palme d’or au Festival de Cannes. 

Les années 1970 ont marqué l’apogée du cinéma algérien, symbole d’une véritable ferveur culturelle. Les chiffres montrent qu’en 1975, les salles de cinéma ont attiré environ 45 millions de spectateurs (tickets vendus), un chiffre impressionnant à l’époque. Cette période faste témoigne de l’enracinement du cinéma dans la vie quotidienne des Algériens. Cependant, cette effervescence a été brutalement freinée par les crises économiques des années 1980, puis par les violences de la décennie noire. Le Dr Boulakaïbet rappelle que ces événements ont gravement «impacté le secteur, réduisant le nombre de salles de cinéma de 300 à une poignée à l’échelle nationale, tout en paralysant les activités culturelles». 

Aujourd’hui, bien que des signaux de renouveau soient perceptibles, le cinéma algérien demeure confronté à des défis de taille. 

Le Dr Boulakaïbet cite «le manque de financement, l’obsolescence des infrastructures, l’insuffisance de réformes législatives, ainsi que la nécessité de garantir une indépendance vis-à-vis des pressions politiques». Elle souligne l’urgence d’opérations concrètes pour encourager l’investissement et moderniser ce secteur 
stratégique.

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