Un chaudron nommé front social

28/04/2022 mis à jour: 03:37
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L’inflation court plus vite que les mesurettes et le pouvoir exécutif est complètement largué face à cette équation. La facture alimentaire frôle le luxe pour les ménages et la situation devient insupportable au point que parler de détérioration du pouvoir d’achat et de mécontentement social devient un euphémisme.

Dans ce contexte effrayant, la grève initiée par un conglomérat de syndicats autonomes de la Fonction publique est un sursaut de dignité qui fait résonner les bruits du chaudron. La grève remet l’agenda social dans l’actualité et tire le gouvernement de son apathie.

Les termes employés par les chefs syndicalistes dans leurs nombreuses interventions médiatiques ne font pas dans la dentelle d’ailleurs. Et leur résistance à la menace brandie par le ministre du Travail fait une mise au point à qui minimise la gravité de la crise et la souffrance des Algériens.

On retiendra, pour l’histoire, que ces organisations ont suspendu unilatéralement leurs actions de protestation depuis bientôt quatre années pour s’impliquer d’abord dans le hirak, et ensuite en offrant une longue période de grâce au nouveau régime.

En revanche, les gouvernements de Abdelaziz Djerad et de son successeur Aïmene Benabderrahmane n’ont pas ouvert leurs portes au dialogue social. Autant dire que politiquement, l’Exécutif n’a pas bien joué ses cartes, tout en manquant d’anticipation sur le niveau de l’acuité de la crise et ses effets.

Résultat : les syndicats rompent la trêve sociale et le gouvernement est pressé de répondre sans délai. Mais que va-t-il faire alors que ses mesures censées soulager les salariés (diminution de l’IRG, augmentation du nombre de points indiciaires dans le traitement des fonctionnaires) ont vite été absorbées par l’inflation ?

Que va-t-il faire, puisqu’à défaut d’une production économique équivalente, dépenser plus pour les salaires conduira l’Algérie à la banqueroute ? Que va-t-il faire alors que ses départements impliqués sur le front ont échoué à contenir le phénomène tordu de la spéculation sur les prix, et tous les problèmes auxquels ils ont été confrontés ?

Et que les réformes entreprises pour réparer les dysfonctionnements économiques hérités des trois dernières décennies sont en retard, voire inefficaces ?

Face à ce casse-tête a priori insoluble, le pouvoir exécutif est dos au mur et n’a d’autre choix que de dialoguer avec ses partenaires sociaux dans l’espoir de désamorcer la bombe sociale. Il est condamné aussi à envoyer des signaux forts en direction du secteur productif très affecté par la récession, notamment le privé dont les entreprises tombent comme les grains d’un chapelet brisé.

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