Un ancien député du FLN condamné à 5 ans de réclusion pour espionnage

30/12/2021 mis à jour: 19:00
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L ’ancien député FLN de Tlemcen (2002- 2007) Ahmed Belkacemi a comparu mardi, en fin de journée, devant la cour d’appel en matière criminelle à Alger, pour avoir «livré» des «informations de nature à porter atteinte aux intérêts du pays». 

Condamné en première instance à 5 ans de réclusion criminelle, puis par la cour d’appel à 8 ans de réclusion, il a été déféré une seconde fois devant cette même juridiction autrement composée, pour un troisième procès, qui s’est terminé en début de soirée. 

Selon l’arrêt de renvoi, les faits remontent à avril 2017, lorsque l’épouse de l’ex-député a dénoncé ce dernier, l’accusant d’avoir transmis des rapports secrets, au nombre de 36, dont certains avec plus de 12 pages, sur la situation politique, économique et sécuritaire du pays, ainsi que sur l’état de santé du défunt Président déchu, ses conseillers et ses activités à deux diplomates espagnols. 

L’enquête a abouti à l’arrestation du mis en cause et la récupération de nombreux documents, fichiers et communications via la messagerie téléphonique. 

Devant la cour d’appel criminelle, ce dernier, ancien conseiller au ministère de l’Enseignement supérieur et au ministère de la Jeunesse et des Sports, puis représentant de la jeunesse algérienne au niveau de l’Union africaine, a nié les faits, mais la présidente lui a rappelé ses aveux devant le juge d’instruction. 

«Vous aviez reconnu avoir livré des informations aux deux diplomates (espagnols). Pourquoi cette contradiction ?» 

L’accusé : «J’ai dit que je leur donnais des informations que je collectais dans les journaux et sur les réseaux sociaux.» 

La juge : «Vous aviez déclaré connaître les deux diplomates auxquels vous donniez des informations confidentielles sur la situation du pays.» 

L’accusé : «Je n’en connais qu’un seul. Je suis victime du clan du défunt président (Abdelaziz Bouteflika, ndlr), parce qu’en tant que député de Tlemcen, j’ai choisi d’être avec le candidat Ali Benflis. Ils m’ont collé cette affaire. J’étais représentant de la jeunesse algérienne à l’Union africaine, avec le statut de diplomate, je connaissais beaucoup de responsables et de diplomates.» 

La juge : «Sur votre téléphone, il y avait de nombreuses informations envoyées via WhatsApp à un des deux diplomates espagnols. Qu’avezvous à dire ?» 

L’accusé : «J’ai demandé une expertise, ils me l’ont refusée. J’ai des plaintes contre la police. Ils disaient que j’étais avec le général Benhadid, contre le défunt Gaïd Salah, que j’avais des relations douteuses…» 

La juge : «La plaignante, votre épouse, avait fait état de votre relation avec les diplomates espagnols et les informations que vous leur livriez.» 

L’accusé : «Elle voulait se venger de moi. Dès que j’ai entamé la procédure de divorce, elle a déposé plainte.» La magistrate revient aux aveux de l’accusé devant le juge, mais il réplique : «Le 13 avril 2017, j’ai été agressé par des agents en civil, avec un pistolet Taser. Ils ont volé mes documents, mes téléphones et le PC que j’avais. Le 22 avril, j’ai été arrêté. Je ne peux être responsable de ce qui s’est passé durant cette période.» «MON TORT EST D’AVOIR QUITTÉ LE CLAN BOUTEFLIKA» 

La juge : «Avez-vous déposé plainte ?» L’accusé : «J’ai été pour me plaindre. Ils n’ont pas pu accéder à mon compte. Ils ont fait des captures d’écran. J’ai demandé une expertise, mais en vain.» 

La juge insiste : «Pourquoi envoyez-vous ces informations aux diplomates ?» L’accusé : «Il s’agissait d’informations publiques, que je collectais sur les réseaux sociaux et dans la presse.» 

La juge : «Pourquoi vous sollicitent-ils pour des informations qu’ils peuvent avoir dans les médias ?» Se sentant acculé par la magistrate, Belkacemi évoque son «patriotisme», les «menaces terroristes», etc., avant que la juge ne l’interrompe en lui disant : «Je lis ici un message adressé par le diplomate sur WhatsApp, où il vous dit qu’il a bien apprécié votre rapport. De quel rapport s’agit-il ? Et pourquoi lui envoyez-vous des informations sur votre pays ?» 

L’accusé : «Je suis un militant de la cause sahraouie. Dans ce rapport, j’attirais l’attention des Espagnols sur l’‘‘utilisation’’ par le Maroc de la convention de Madrid pour s’approprier le Sahara occidental. Je n’ai jamais pensé, un seul instant, à trahir mon pays. Ils m’ont collé cette affaire pour attaquer le candidat Ali Benflis.» 

Concernant les deux puces Mobilis qu’il avait en sa possession et qu’il utilisait pour communiquer avec l’un des deux diplomates espagnols, l’accusé a expliqué au procureur général : «Elles sont à mon nom. J’ai donné l’une d’elles au diplomate pour essayer la 4G. C’est un ami que je connaissais depuis longtemps.» 

Il a affirmé, par ailleurs, que son arrestation a eu lieu à 17h30, alors que le rendez-vous avec le diplomate s’est tenu à 10h, à Dely Ibrahim (Alger), en précisant qu’il n’a «jamais» dit percevoir la somme de 250 euros pour chaque information livrée. «Les 250 euros retrouvés sur moi m’ont été remis par mon ex-femme. Elle s’est vengée de moi. Elle était très nerveuse et refusait les enfants de ma défunte épouse. Elle n’a pas accepté le fait que j’engage une procédure de divorce à cause de mes enfants», a-t-il souligné. 

Et de conclure : «Mon seul tort est d’avoir été contre Bouteflika et d’avoir trahi ma région.» Pour le procureur général, «les aveux de l’accusé devant le juge sont suffisants pour éclairer la cour sur les faits commis, même si l’accusé tente de les justifier. Ce qu’il livrait aux diplomates porte atteinte aux intérêts du pays». 

Raison pour laquelle il a requis la perpétuité. Les cinq avocats de Belkacemi se sont succédé à la barre pour plaider l’innocence de ce dernier et réclamer son acquittement. Vers 20h et après délibération, la cour d’appel criminelle a prononcé une peine de 5 ans de réclusion, qui sera purgée au mois d’avril 2022. 

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