Tunisie : Un fidèle du président Saïed à l’Intérieur

20/03/2023 mis à jour: 04:17
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Kamel Fekih avec le président Saïed - Photo : D. R.

Démission-limogeage surprise du ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, et son remplacement par le gouverneur de Tunis, Kamel Fekih. Chamboulement de premier ordre, puisqu’il concerne un ministère régalien et le cercle restreint de confiance du président Saïed.

Kamel Fekih était un inconnu de la scène publique tunisienne avant le 30 décembre 2021, date de sa nomination comme gouverneur de Tunis.

Il vient d’être nommé ces derniers jours à la tête du ministère de l’Intérieur pour suppléer à Taoufik Charfeddine, l’une des personnalités les plus fidèles au président Kaïs Saïed. Le ministère de l’Intérieur étant, semble-t-il, une chasse gardée des plus fidèles. Cela donne déjà une première idée de la personne.

Lors de l’élection du président Saïed le 14 octobre 2019, les noms de Ridha Mekki «Lénine» et Sonia Charbti ont surgi sur les réseaux sociaux et certains médias comme étant des personnes proches du Président.

Les années se suivent sans que ces personnes obtiennent le moindre poste dans l’administration Saïed. Par contre, Kamel Fekih n’a jamais été cité comme personnalité proche du Président. Pourtant, c’est l’époux de dame Sonia Charbti.

C’est dire que le sieur Kamel n’est pas connu pour son activité débordante dans la sphère publique, comme c’est le cas de son épouse. C’était toutefois un proche et inconditionnel du futur Président, alors que ce dernier n’était qu’un éventuel candidat à la présidence.

Kamel utilisait sa modeste voiture pour emmener l’actuel Président à ses conférences dans les coins éloignés de la République. Le Président n’était pas porté sur les longs trajets. Une amitié solide s’est installée entre les deux hommes. Kamel est connu pour son tempérament jovial, abordable et serviable.

Le Président avait alors compris que c’est un bosseur silencieux, comme la majorité des citoyens de Sfax, ville d’où Kamel Fekih est issu.

Cela veut dire que le président Saïed a mis Kamel Fekih, un administrateur chevronné, au gouvernorat de Tunis pour aiguiser ses armes et s’adapter aux rouages du pouvoir. Le moment venu, le Président l’a nommé à la tête du ministère de l’Intérieur parce qu’il était assuré de sa loyauté et sa capacité à gérer les contradictions multiples de ce ministère délicat.

Démission-limogeage

Le départ de Taoufik Charfeddine est une démission, selon l’ex-ministre, lui-même. C’est lui qui a annoncé la nouvelle lors d’un point de presse à la caserne de Bir Bouregba, en marge d’une cérémonie.

Charfeddine a justifié sa décision par des raisons familiales et dit rester loin de la sphère politique, tout en gardant sa fidélité au président Saïed. Par contre, le communiqué publié le jour suivant par la présidence de la République dit que Charfeddine a été relevé de ses fonctions et remplacé par Kamel Fekih.

Le communiqué ne fait la moindre allusion à la démission de Charfeddine. Est-ce un usage régalien de ne pas utiliser le terme «démission», comme c’est d’usage en Tunisie durant les ères de Bourguiba et Ben Ali ?

C’est peut-être aussi un manque de savoir-faire de la part d’une administration, pas trop forte, sur le plan de l’information et de la communication. Dans les faits, c’est Taoufik Charfeddine qui a annoncé en public sa démission, dans l’après-midi du jeudi 16 mars, avant qu’il n’y eut le moindre bruit officiel sur la question. Le communiqué officiel a été publié le lendemain.

Charfeddine est connu pour être l’un des amis intimes du président Kaïs Saïed depuis qu’il était enseignant universitaire à la faculté de droit de Sousse.

Le ministère de l’Intérieur a connu un véritable remue-ménage durant les 18 mois de sa tutelle, entre le 11 octobre 2021 et 16 mars 2023. Taoufik Charfeddine a été, par ailleurs, limogé par Hichem Méchichi le 4 avril 2021 parce qu’il avait l’intention de chambarder les directions du ministère, ce que le chef de gouvernement de l’époque ne voulait point.

C’est dire qu’il est revenu au ministère de l’Intérieur pour finaliser la mission entamée sous Méchichi et empêchée par ce dernier. 
Kamel Fekih est aujourd’hui appelé à chapeauter ce département délicat avec le doigté requis, en appliquant à la lettre les consignes du président Saïed. On n’a pas le droit à l’erreur à ce niveau, surtout pas dans la phase actuelle.

Du nouveau dans l’affaire du putsch

L’avocate Maya Ksouri a contesté sur Radio Shems fm les déclarations médiatiques de l’avocat de la défense des accusés dans l’affaire du putsch, maître Dalila Msaddek, assurant que «les dossiers sont vides».

Me Ksouri a assuré que l’affaire est sérieuse. «Les enregistrements des communications téléphoniques montrent clairement qu’il y a conspiration contre l’Etat et intelligence avec l’étranger», a-t-elle déclaré.

Il est à rappeler que les accusés arrêtés dans cette affaire sont des personnalités politiques et médiatiques de premier rang, comme le lobbyiste «faiseur de Présidents» Kamel Letaïef, l’ex-ministre de la Justice Noureddine Bhiri, l’ex-postulant au ministère des Finances KheyamTurki, le président du Parti républicain Issam Chebbi, le directeur général de Radio Mosaïque, Noureddine Boutar, ainsi que quelques dizaines de personnalités des mouvances démocratiques et islamistes proches d’Ennahdha. Ils sont en prison depuis le 12 février dernier. M. S.

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