Trois semaines après leur lancement à Constantine : Les soldes d’hiver boudés

05/02/2024 mis à jour: 15:52
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Les prix affichés sont jugés non attractifs

La saison des soldes d’hiver qui a bouclé sa troisième semaine semble tourner au ralenti à Constantine. La période, fixée entre le 18 janvier et le 28 février conformément à l’arrêté exécutif n°2564 du 17/12 / 2023, constitue une opportunité pour dynamiser les activités commerciales et offrir aux consommateurs des biens à des prix réduits. 

C’est aussi une pratique sujette parfois à contestation en raison des prix et des stocks mis à la vente. Une virée au boulevard Belouizdad (ex-Saint Jean), quartier commerçant par excellence, renseigne sur le rythme des soldes pour cette année. 

Sur une cinquantaine de boutiques de prêt-à-porter, seules quatre ou cinq affichent des prix promotionnels. Les autres enseignes spécialisées dans la téléphonie ou les chaussures ne semblent pas en être «concernées». Une première infraction est de facto relevée. Pas de prix initial, seul celui de la remise est affiché. Des pulls cédés à 1800 DA, des trench-coats à 3000 DA, des doudounes à 4800 DA, ou encore des baskets à 2000 DA. La grande inconnue reste le taux du rabais. Partant, il est  ainsi impossible pour les consommateurs de dénicher les bonnes affaires. «Les prix affichés ne sont pas attractifs, je ne peux pas considérer comme une bonne affaire l’achat d’un pantalon à 2800 DA, alors qu’il y a quelques jours, il était à 3000 DA», nous répond une passante qui s’est arrêtée, juste par curiosité, précise-t-elle, devant la devanture d’un magasin. A l’intérieur, il n’y a que 5 personnes, dont trois vendeurs. 

Les deux clientes repartent sans avoir rien dépensé. Il est midi passé et la caisse enregistreuse n’a pas encore servi. Le même constat est observé dans d’autres commerces situés à la rue Abane Ramadane au centre-ville. Le désintérêt manifesté par les consommateurs envers cette saison est confirmé. «Aujourd’hui, je n’ai encore rien vendu, vous l’auriez constaté, il n’y a pas de clients, c’est ainsi depuis la semaine dernière…», se désole un gérant de boutique, en rappelant que pour les soldes 2023, soit après la pandémie de la Covid-19, l’engouement était au rendez-vous. Une situation qui, selon lui, trouve explication dans l’érosion du pouvoir d’achat : «Face à l’inflation alimentaire, les ménages priorisent leurs achats, les produits vestimentaires ne sont pas en haut de la liste, d’où cette désaffection». Un avis partagé par beaucoup. 
 

UN AUTRE MODE DE CONSOMMATION

D’autres brandissent un autre argument. Celui de l’inopportunité de la période dont la fin coïncide, à quelques jours près, avec le début du Ramadhan. «La plupart des foyers anticipent les dépenses du mois de Ramadhan qui ne sont pas négligeables. On s’y prépare en gérant au mieux ses économies, à commencer par faire l’impasse sur les soldes.» 

Ces ventes promotionnelles peuvent être boudées en partie à cause de l’évolution des modes de consommation. Traditionnellement, c’est dans une boutique physique que les emplettes sont effectuées. Avec l’avènement de la vente en ligne, le «lèche-vitrine» ou le «shopping» peut avoir lieu devant un écran. Prix concurrentiels et livraison à domicile sont deux atouts pour attirer la clientèle. 

Le e-commerce n’en finit pas de compter ses adeptes. «Nous ne pouvons rivaliser avec les ventes sur le Net, les produits sont soldés durant toute l’année», ronchonne un vendeur d’électroménagers. Et pourtant, il est des commerçants qui ont recours au même procédé pour écouler leurs invendus. La période n’est pas encore terminée, et son échec ne peut être acté. 

Les chances de sa réussite sont encore intactes grâce à la nouvelle ville Ali Mendjeli, devenue un territoire commercialement attractif. Les nombreuses galeries marchandes qui drainent les foules chaque jour pourront renverser la vapeur.       
 

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