Le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) et l’Union européenne ont conclu «les négociations en vue d’un accord» de libre-échange, a annoncé hier à Montevideo la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. «Nous avons conclu les négociations pour l’accord UE-Mercosur.
C’est le début d’une nouvelle histoire. Je me réjouis maintenant d’en discuter avec les pays européens», a déclaré Mme von der Leyen sur X, lors d’une conférence de presse conjointe avec les présidents de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay pour annoncer l’accord conclu après 25 ans de discussions. Aussitôt après, la réaction de la France ne s’est pas fait attendre.
L’annonce d’un accord par la Commission européenne entre les pays de l’Union européenne et ceux du Mercosur sur un traité commercial «n’engage qu’elle», a commenté la ministre déléguée au Commerce extérieur démissionnaire de la France, Sophie Primas.
«Aujourd’hui n’est clairement pas la fin de l’histoire. Ce qu’il se passe à Montevideo n’est pas une signature de l’accord mais simplement la conclusion politique de la négociation. Celle-ci n’engage que la Commission, pas les Etats membres», a affirmé la ministre dans une déclaration citée par l’AFP, ajoutant que «la Commission prend ses responsabilités de négociatrice, mais cela n’engage qu’elle».
La France reste en effet la plus fervente opposante à la ratification en l’état de ce traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Quand Berlin insiste sur «l’occasion unique» de conclure cet accord commercial. «Le chancelier a indiqué à plusieurs reprises qu’une occasion unique de parvenir à un accord se présentait et que nous ne devrions pas la laisser passer», a déclaré une porte-parole du gouvernement, Christiane Hoffmann, à Berlin.
Inquiétude des éleveurs français
A la France, se sont désormais ralliées la Pologne et l’Italie. En revanche, l’Allemagne et de l’Espagne poussent côté européen pour finaliser les discussions avant l’arrivée en janvier de Donald Trump à la Maison-Blanche et ses menaces d’augmentation des droits de douane tous azimuts.
Cet accord vise en fait à supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones. S’il était adopté, il permettrait aux pays sud-américains d’écouler vers l’Europe de la viande, du sucre, du riz, du miel... En face, l’UE exporterait ses voitures, ses machines, ses produits pharmaceutiques...
Les éleveurs bovins français s’inquiètent. L’accord prévoit des quotas d’exportation de 99 000 tonnes d’équivalent-carcasse et la suppression de tous les droits de douane sur quelque 60 000 tonnes de viandes importées du Mercosur.
La Commission européenne parle de «petits volumes» en comparant les quotas prévus à ce que l’UE produit annuellement, soit 1,6% de la production de l’UE pour la viande bovine. Enfin, l’accord signé, la Commission européenne devra obtenir sa ratification avec l’approbation d’au moins 15 Etats membres représentant 65% de la population de l’UE, puis en réunissant une majorité au Parlement européen.