Téléphérique de Constantine : Le projet sera-t-il repris en 2022 ?

05/01/2022 mis à jour: 07:00
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Photo : El Watan

Après la proposition du directeur des transports de la wilaya de Constantine de débloquer une enveloppe supplémentaire de 1,8 milliard de dinars, afin d’achever les travaux de réhabilitation du téléphérique de la ville du Vieux rocher, le ministre des Transports ne s’est toujours pas exprimé à ce sujet depuis sa dernière visite effectuée le 29 septembre 2021 avec le Premier ministre, à l’occasion de l’inauguration de l’extension du tramway vers l’université Abdelhamid Mehri, à Ali Mendjeli. 

Une approbation officielle reste toujours attendue, afin de reprendre ce projet à l’arrêt depuis 2018, et qui est considéré par la population comme un véritable gâchis. Un gâchis au vu des budgets colossaux octroyés pour les travaux de réalisation et de maintenance pour une exploitation de 10 ans, sans oublier les recettes de ce moyen de transport. 

Face aux moyens de transport insuffisants se limitant à quelques bus et des taxis reliant le centre-ville à la partie nord de la commune, les habitants de Constantine se retrouvent souvent pénalisés et à la merci des transporteurs clandestins. 

Alors que durant 10 ans, le téléphérique avait rendu d’énormes services pour les Constantinois, leur permettant de rallier la station de l’Emir Abdelkader à partir de celle de Tatache Belkacem en une dizaine de minutes. 

Cette ligne permettait aussi aux citoyens et aux travailleurs de se déplacer vers le CHU de Constantine où se trouvait une station en cinq minutes seulement, en plus des services rendus aux habitants des cités environnantes. 

C’est dire que c’était un moyen de transport névralgique pour la population en plus de ses aspects touristiques offerts aux visiteurs de la ville du Vieux rocher.

Un financement très attendu

Aujourd’hui, le chantier que nous avons visité est complètement déserté, mis à part les agents de sécurité rencontrés sur place. Ces derniers nous ont parlé d’une relance du chantier prévue en 2022. 

D’ailleurs, une équipe d’experts et de techniciens dépêchée d’Alger s’est déplacée sur les lieux au mois de décembre dernier. Le ministre a-t-il promis d’accorder un nouveau budget pour achever les travaux, qui traînent depuis des années ? 

«La visite de l’équipe d’Alger est tout à fait ordinaire et normale. Un état des lieux périodique est nécessaire pour une maintenance et une installation qu’il faut contrôler. Le taux de montage des équipements est à 95 %. Mais, nous attendons toujours une enveloppe financière pour terminer l’installation. Je l’espère pour cette année, surtout pour les usagers», a déclaré Larbi Boumediène, directeur général adjoint (DGA) de l’Entreprise de transport algérien par câble (ETAC), un opérateur de l’Entreprise du métro d’Alger (EMA). 

Comment peut-on parler d’un taux global d’installation de 95%, au moment où beaucoup à faire en matière de travaux de génie civil de la station intermédiaire au niveau du CHU Dr. Benbadis. Selon le DGA de l’ETAC, cela s’explique par le fait que le montage et les travaux se font en parallèle. Il y a les travaux de génie civil qui sont en train de se faire. 

Il ajoute avec plus de précision : «L’installation du système mécanique a atteint un taux de 80% et nous avons environ une soixantaine de télécabines qui seront mises en exploitation. Même le génie civil est presque achevé, où à la station de la cité Emir Abdelkader (Faubourg Lamy) il ne reste rien à faire, alors qu’à Tatache Belkacem, nous sommes à 70 % d’avancement, et à la station du CHU nous avons atteint à 50%. En total, il ne nous reste que trois mois de travaux.» 

On est en droit de s’interroger sur les raisons qui empêchent la relance tant espérée, pour cette infrastructure à l’arrêt depuis 10 ans, au moment où environ 70 employés d’exploitation et de maintenance sont mis au chômage technique et les déclarations des responsables concernés demeurent figées dans des généralités et personne ne parle de la position du ministère. 

Car, qu’on le veuille ou non beaucoup de choses se discutent dans les coulisses, surtout que le chantier est suspendu depuis une décennie et les responsables parlaient toujours de manque de financement. 

Quelles sont les véritables raisons de tel blocage ? Y a-t-il eu vraiment une enquête sur l’attribution des marchés ? 

«À ma connaissance, il n’y a eu aucune enquête. C’est un transport urbain, portant des milliers de passagers par jour», a indiqué M. Boumediène.

 

ALI AREZKI. Directeur général de l’Entreprise Métro d’Alger (EMA) : «Les travaux sont actuellement à un stade très avancé»

  • Après à peine dix ans du début de son exploitation, le téléphérique de Constantine est devenu un moyen de transport incontournable pour les habitants de la ville. Hélas, il a été fermé au début pour un contrôle technique, puis pour des travaux de rénovation en 2018. Depuis, le chantier est complètement à l’arrêt. Quel est le taux d’avancement des travaux ? Que reste-t-il à réaliser ?

En préambule, il faut préciser que le pas de maintenance (durée entre deux opérations de maintenance) se calcule en heures d’exploitation. Aussi, et pour rappel, la télécabine de Constantine a été réalisée en 2008. Initialement, l’exploitation de cet appareil a été confiée en 2008, à l’entreprise de transport de Constantine (ETC). L’exploitation de cet appareil a été par la suite confiée à l’Entreprise Métro d’Alger en août 2016. Lors de sa mise à disposition, l’appareil était à l’arrêt. Son état général se résumait comme suit : l’appareil affichait 25 000 heures d’exploitation. L’appareil était à l’arrêt pour cause d’écart à la réglementation. La grande inspection des 22 500 heures n’avait pas été réalisée. Le système électromécanique et les bâtiments présentaient des signes importants d’usure et d’absence de maintenance. Un protocole de démarrage dérogatoire (par rapport à la réglementation) a été établi et soumis à l’approbation de Verital qui intervient en qualité d’Organisme qualifié agréé (OQA) conformément aux dispositions du décret exécutif n°11-359 du 19 octobre 2011 fixant les prescriptions de sécurité relatives au transport guidé de personnes. Le protocole permettait de rouvrir l’appareil au public après certains travaux de vérification et d’entretien afin de l’exploiter jusqu’à 30 000 heures et ensuite réaliser les opérations de grande maintenance. L’exploitation a été reprise le 28/11/2016. Elle a été suspendue le 1er avril 2018 pour démarrer les travaux de grande inspection réglementaire. L’appareil affichait à cette date 32 000 heures d’exploitation, correspondant à l’échéance de la deuxième grande inspection réglementaire, conformément aux standards du constructeur et des normes en vigueur en la matière. Les travaux sont actuellement à un stade très avancé, plus de 85% et l’ensemble du matériel sont sur place à Constantine. Les travaux sont actuellement à l’arrêt à cause de l’absence de financement.

  • Lors de la visite du Premier ministre, le directeur des transports de la wilaya de Constantine avait fait au ministre de tutelle une demande d’autorisation exceptionnelle d’une valeur de 1,8 milliard DA (presque le même budget de sa réalisation), dans le cadre du Fonds spécial pour le développement des transports publics. Cette demande, selon ses dires, est pour achever les travaux de réhabilitation. Qu’en est-il de cette demande ? Avez-vous une réponse favorable de la part du ministère ?  

Comme expliqué au point précèdent, l’absence de maintenance et l’état d’usure de cet appareil ont nécessité une grande opération de maintenance. Les autorités publiques sont conscientes de l’importance de la télécabine de Constantine en tant que mode de transport urbain et le sujet est en cours de traitement.

  • Y a-t-il réellement une enquête, qui avait été diligentée au niveau du ministère des Transports, sur les modes d’attribution du marché du téléphérique et sa gestion durant les dix dernières années ?

Le ministère des Transports en sa qualité de maître d’ouvrage est informé de manière continue sur tous les aspects liés aux attributions des marchés.

  • Le même directeur de wilaya avait sollicité le ministre pour la réalisation de la deuxième tranche du téléphérique jusqu’à Bekira. Avez-vous une réponse sur cette extension du projet ?  

Il s’agit d’un nouvel appareil de transport par câble, qui fait partie des projets gelés depuis 2015. Cette télécabine, d’une longueur de 2 km, doit relier la Gare routière située au niveau de la Brèche (centre-ville) à Bekira en passant par le Monument aux morts et Sidi M’cid. Il s’agit de réaliser un transport urbain destiné à désenclaver les localités de Bekira et Sidi M’cid, tout en assurant un rabattement vers le réseau des bus et le tramway.  

Y. S.

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