Tebboune aux opérateurs économiques : «Il faut répondre à la demande locale avant l’exportation»

21/12/2024 mis à jour: 02:54
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Le président Tebboune à l’ouverture de la Foire de la production nationale - Photo : D. R.

Lors de sa tournée inaugurale au niveau des stands d’exposition, Tebboune a insisté sur l’importance de répondre d’abord à la demande nationale avant de s’engager dans l’exportation.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a inauguré jeudi la 32e édition de la Foire de la production nationale au Palais des expositions de la Safex, à Alger, placée cette année sous le thème : «Notre production, pilier de notre souveraineté». La souveraineté réside d’ailleurs dans l’atteinte de l’objectif d’autosuffisance, prémunissant notre économie contre toute dépendance vis-à-vis des aléas du marché international. 
Lors de sa tournée inaugurale au niveau des stands d’exposition, Tebboune a insisté d’ailleurs sur l’importance de répondre d’abord à la demande nationale avant de s’engager dans l’exportation. Tout en saluant le «niveau atteint par l’industrie algérienne, qui a réussi en quelques années à fournir des produits de qualité tout en réduisant la facture des importations», le président Tebboune a tenu à rappeler que la priorité en matière de production réside dans la réponse «à la demande locale avant d’envisager l’exportation».

Une exigence qui concerne toutes les filières d’activité notamment l’agroalimentaire dont la production tend parfois à manquer sur les étals lorsque la demande à l’exportation est importante. Profitant de sa présence au niveau du stand du groupe La Belle, Abdelmadjid Tebboune a insisté en disant que l’exportation devrait se faire uniquement après couverture des besoins du marché national. La même remarque a été émise au niveau du stand de la Société nationale de sidérurgie, où il a appelé à «adapter la production aux besoins du marché national, plutôt que de se concentrer uniquement sur l’exportation».

Défense nationale, start-up, industrie agroalimentaire, automobile, production pharmaceutique, etc., Abdelmadjid Tebboune a émis un certain nombre de remarques et d’appréciations visant à encourager chacune des filières de la production économique, afin d’arriver à réduire de manière significative la facture d’importation. Entamant sa tournée par le stand de la Défense nationale, le chef de l’Etat a qualifié l’industrie militaire de locomotive de l’industrie nationale en atteignant, avec des taux d’intégration élevés, «un niveau dans l’industrie que je souhaite voir égalé par d’autres entreprises». Notamment l’industrie automobile, qui pourrait bénéficier du partenariat avec l’Afrique du Sud dans le domaine de la fabrication des pièces de rechange. 70 entreprises algériennes étant déjà concernées par ce secteur de la fabrication de pièces de rechange et pourraient développer davantage leur business grâce à l’apport du partenariat avec l’Afrique du Sud.

Atteindre un taux d’intégration de 50%

S’arrêtant au niveau du stand du constructeur automobile FIAT, Tebboune a souligné la volonté de l’Algérie de développer l’industrie automobile avec de la sous-traitance en matière de pièces détachées. Ceci en plaidant pour l’augmentation du taux d’intégration à 50% en profitant des possibilités offertes aux entreprises d’engager des investissements adaptés. Le président de la République a donné instruction pour commencer à réduire progressivement l’importation des plaquettes de freins à partir de 2025, suite au succès d’une entreprise privée nationale dont la production couvre les besoins du marché local. «La politique prônée ces dernières années, consistant à encourager la production locale, a permis de réduire la facture des importations de 40%», a rappelé le Président.

En matière de production industrielle agricole, le chef de l’Etat a mis en avant «l’importance de tirer parti des expériences des autres pays en matière de production de matériel agricole, mais aussi d’établir des partenariats et de se tourner davantage vers la recherche et le développement, en vue de mettre à disposition un matériel développé à même de répondre aux attentes des agriculteurs, ce qui pourrait permettre d’augmenter l’attractivité du secteur agricole pour les étudiants et de moderniser certaines activités agricoles, à l’instar de la récolte des olives», soutient Tebboune. C’est d’ailleurs, dit-il, de cette volonté que découle l’autorisation octroyée aux agriculteurs pour l’importation de tracteurs d’occasion. Le boom réalisé par les entreprises agroalimentaires a été salué par Tebboune. Au niveau du stand de l’entreprise Cebon, productrice de la fameuse pâte à tartiner El Mordjene, le Président s’est dit fier du succès réalisé par ce produit à l’international, en lui suggérant «d’envisager la production locale de noisettes».

Tebboune a montré également sa satisfaction quant à l’évolution du secteur des start-up en soulignant que grâce à la jeunesse, «il est possible de créer une économie forte, intègre et fondée sur la connaissance». «Je crois en les start-up, car elles représentent l’avenir», dit-il en s’engageant à faire passer leur nombre qui est actuellement de 9000 à pas moins de 20 000, et d’appeler les grandes sociétés algériennes à soutenir cette source de créativité que représentent les start-up en finançant notamment leurs projets.

Lors de sa tournée au niveau de la Foire, le Président a par ailleurs évoqué les projets de dessalement d’eau de mer en cours de réalisation dans cinq wilayas et souligné la nécessité de mettre fin à la pénurie d’eau et d’entamer la mise en service des ces structures à partir de février 2025. Tebboune a également donné instruction de généraliser progressivement l’utilisation de l’éclairage public à partir de l’énergie solaire à partir de l’année prochaine, notamment dans les grandes villes, afin de réduire la charge financière pour les budgets des communes. Dans un autre registre, le Président a appelé le groupe pharmaceutique public Saidal à «retrouver son rôle en assurant la production d’une plus grande part de médicaments, sans toutefois impacter le secteur privé».

Registre du commerce  : Plus de 1,65 million d’entreprises recensées

Le tissu entrepreneurial en Algérie est composé de plus de 1,65 million d’entreprises de production et de services. Le ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché, Tayeb Zitouni, a souligné, lors d’un exposé présenté au président de la République à l’occasion de l’ouverture jeudi de la 32e Foire de la production national, que ce chiffre est le nombre d’entreprises enregistrées au niveau du registre du commerce jusqu’à la fin novembre 2024. Ainsi, le nombre d’entreprises inscrites cette année s’est accru en quatre années de plus de 200 000 nouvelles entreprises, en passant de 1 434 482 en 2020 à 1 656 656 au 30 novembre dernier.

Selon les données exposées par Tayeb Zitouni, rapporté par l’APS, le tissu économique productif national compte à l’échelle nationale quelque 186 725 opérateurs économiques, dont plus de 1800 exportateurs permanents. Les wilayas d’Alger, Oran, Sétif, Blida, Tizi Ouzou, Constantine, Boumerdès et Béjaïa disposaient de près de 50% de ce tissu. Alger arrive en tête de ce classement avec 17,26% du tissu économique productif, suivie par Oran avec 6,79%, Sétif avec 6,13%, Blida avec 4,37%, Tizi Ouzou 4,26%, Constantine 3,85%, Boumerdès 3,7% et enfin Béjaïa avec 3,55%.

Des chiffres qui montrent une concentration des projets d’investissement dans la région nord du pays. «Les projets d’investissement inscrits en matière de production sont concentrés dans 20 wilayas situées pour la plupart dans le nord du pays, d’où l’impératif d’orienter et de bien étudier le choix des sites de ces projets pour former des centres d’investissement spécialisés à travers le pays et créer un environnement d’affaires adéquat», a affirmé le ministre.

Notons par ailleurs que 70% des projets d’investissement recensés sont répartis sur 72 activités commerciales, dénotant ainsi, selon le même responsable, «que le marché algérien est toujours fertile dans plusieurs domaines productifs». Zitouni poursuit en estimant que «l’orientation de l’investissement vers la fabrication d’intrants de production contribuera à augmenter la valeur ajoutée, à travers l’augmentation du taux d’intégration, comme l’industrie des produits d’emballage plastiques, l’emballage papier, les pièces détachées automobiles, la transformation de bois et autres». N. B.

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