Tarik Ouhadj. Fondateur du Festival Algé’Rire : «Le public assez exigeant. Il faut lui donner de la qualité»

11/07/2023 mis à jour: 04:09
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Le Festival Algé’Rire élira domicile du 12 au 15 juillet au palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba, à Alger. Le fondateur du Festival, Tarik Ouhadj, nous donne une vue globale de cette édition, sans omettre de revenir sur les nouveautés introduites.

Propos recueillis par Nacima Chabani

  • Le Festival Algé’Rire revient après une absence de sept ans sous le signe «L’Algérie aux cœurs» ?

Le festival, organisé par notre agence Broshing, revient cette année en Algérie pour différentes raisons, notamment après la pandémie de Covid-19, et aussi pour des raisons internes, parfois même indépendantes de notre volonté. 

Il faut dire que les conditions n’étaient pas réunies pour organiser une édition, mais nous avons quand même réussi, avec l’aide du ministère de la Culture et des Arts, à revenir cette année du 12 au 15 juillet au palais de la culture Moudfi Zakaria de Kouba, à Alger. 

C’est un festival avec une édition internationale. Cette nouvelle édition est inscrite sous le signe de  «L’Algérie aux cœurs» (au pluriel) pour son ancrage au cœur de l’Afrique, au cœur de la Méditerranée et au cœur du monde. Le rayonnement du festival Algé’Rire portera l’Algérie aux cœurs. 

  • Pourriez-vous nous donner les grandes lignes des cinq spectacles qui seront à l’affiche durant le festival ? 

Le festival s’étalera sur quatre jours avec cinq spectacles. On commencera par un gala d’ouverture international le 12 juillet à 20h30, où une quinzaine d’artistes vont se relayer. Nous aurons le maître de cérémonie Foudil Kaibou, A. Z., Sofia Belabbes, Ilyes Mela, Ayoub Marceau, Dolino, Kader Bueno, Eklips, Houria les yeux verts, John Sulo, Farid Chamekh, Redouane BH et Umut Koker. 

C’est un mélange entre des artistes locaux et ceux de la communauté algérienne résidant à l’étranger. Nous aurons, aussi, des étrangers qui viendront du Canada, du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la France et de la Tunisie. Le lendemain, le 13 juillet, l’humoriste Abdelkader Secteur présentera son dernier spectacle Marhaba. 

Le vendredi 14 juillet, nous aurons deux spectacles au niveau de l’auditorium du Palais de la culture. Le premier 100% DEZED à partir de 16h regroupera Krimo Derradji, Zoubir Belhor, Yamna, Mouaadh Bennacer, Walid Seddiki, Sid Ahmed Belahcene, Samy Gougam et Adem Kassouri et avec comme maître de cérémonie Moustazou. 

Suivra, en début de soirée, un deuxième spectacle baptisé Afro’Comedy avec Sacko Camara, Mukoko, Dolino, Kader Bueno et Sarah Linda, sous la houlette du maître de cérémonie Redouane BH. 

J’espère que nous n’aurons pas que des Algériens dans la salle. J’invite, à travers votre média, tous les étudiants subsahariens et toutes les associations qui résident en Algérie à venir nombreux découvrir notre programmation. Nous terminerons le 15 juillet avec l’humoriste Houria les yeux verts, qui présentera son dernier spectacle intitulé Enfin, moi. 

  • En tout, ce ne sont pas moins de 35 artistes algériens et étrangers qui se relayeront sur scène. Comment s’est déroulée la sélection des humoristes ?

Cela fait un peu plus de six mois que nous préparons ce festival. Pour pouvoir faire cette sélection, cela demande de voir beaucoup de spectacles, notamment à l’étranger. Pour l’instant, la scène algérienne n’est pas assez développée. 

Notre objectif, c’est justement de faire connaître des talents et d’essayer de les mettre sur scène de façon à ce que le public puisse les voir tout au long de l’année et non pas uniquement pendant le festival, qui ne dure que quatre jours chaque année. Nous avions été obligés de voyager, d’aller en Europe, au Canada, même parfois en Afrique pour voir des festivals et découvrir des artistes. 

Parler avec eux et à leur production. Les inviter et les convaincre de venir. Je dirai que les convaincre, ce n’est pas très difficile, mais pour les têtes d’affiche, c’est un peu plus compliqué parce qu’il y va de la crédibilité du pays et de l’événement en lui-même. 

C’est-à-dire que pour un événement qui revient chaque année, il est plus facile d’avoir de grosses têtes d’affiche, qu’un événement qui revient tous les cinq ou six ans. C’est le travail que nous sommes en train de faire avec les autorités algériennes, notamment avec le ministère de la Culture et des Arts. 

Faire en sorte que ce genre de festival – et d’autres dans les autres arts – puisse revenir régulièrement afin que l’Algérie rayonne dans tous ces festivals, puisque tout est réuni pour que cela réussisse. 

La sélection s’est faite de différentes manières : c’est en voyant les artistes, en essayant de voir ce qui est adapté au public local, la langue, les sujets abordés ou encore la subtilité. 

On a un public assez exigeant. Il faut lui donner de la qualité. Je peux garantir que pour cette édition 2023, la qualité y sera. Le public sera ravi. Il en aura pour son argent. Il rira aux éclats et repartira plein de joie et de bonne humeur.

  • Outre les spectacles qui seront à l’honneur, cette édition 2023 se caractérise par plusieurs nouveautés...

Effectivement, cette édition se caractérise par plusieurs nouveautés, puisque les années présentes, la prestation se limitait au passage des artistes sur scène. Cette année, nous avons jugé utile d’introduire des nouveautés de taille, notamment une master class. Celle-ci sera assurée par un metteur en scène français. 

Il y a aura aussi un régisseur, un directeur artistique et une personne qui est dans l’écriture. Huit artistes locaux bénéficieront de deux séances de coaching les 13 et 14 juillet, avant leur spectacle. 

De manière à bien faire le filage de leur spectacle et de bien préparer les ordres de passage, le rythme de passage et la mise en scène. Comment écrire aussi, car comme on sera sur un format de plateau, chaque artiste devra respecter son temps et ne pas avoir un spectacle à rallonge. 

Toujours, dans les nouveautés, pour faire profiter les familles, tout au long du festival sera mis en place le Kids Corner, «Coin des enfants», un espace dédié aux plus petits avec animations et ateliers ludiques (ateliers récréatifs, spectacles de marionnettes, clowns, jeux…). 

  • L’English show a été déprogrammé. Quelles en sont les raisons ?

C’était le cas effectivement. On a dû pour des raisons économiques annuler l’English show, parce que le spectacle ne se vendait pas très bien, à notre grand désespoir. On ne pouvait pas se permettre de le maintenir avec une salle vide. Il y a une modification dans le programme. Au lieu d’avoir trois spectacles le vendredi 14 juillet, il y en aura deux. Ainsi, nous avons décidé de jumeler l’anglophone avec l’Afro’Comedy. On a décalé l’English show cette fois-ci, mais on espère le présenter bientôt.

  • Cette année, le festival est sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts. Quel a été son apport ?

L’apport du ministère est plutôt logistique. Il y a eu une entente sur le Palais de la culture qui est intéressant pour nous et aussi sur certains aspects. Il n’ y a pas eu d’apport financier. Et sincèrement, nous ne l’avons pas demandé au ministère. 

Nous estimons que ce n’est pas au ministère de la Culture de financer ce genre d’événement, mais plutôt à des sociétés, qu’elles soient privées ou nationales, surtout qu’elles sont exonérées d’impôts. Il y a beaucoup de facilités sur ce genre de budget. 

C’est d’aider la culture. Je ne défends pas notre festival, mais je parle qu’au-delà de la musique, du théâtre ou encore du cinéma, les grandes sociétés devraient sponsoriser les manifestations culturelles. 

Pour notre part, en tant que petite société, parfois des associations d’étudiants viennent nous voir pour leur événement. On les sponsorise avec de petits budgets, avec ce que l’on peut. Les grandes sociétés et les mécènes devraient faire la même chose. C’est comme cela qu’on pourra avancer et éveiller des consciences.

  • Ne caressez-vous pas le rêve de faire tourner ce festival dans d’autres wilayas ?

Mais bien sûr que nous avons envie de faire tourner ce gala Dz. Nous avons envie d’aller, entre autres, à Constantine, Oran, Annaba, Tizi Ouzou. Lors du 3e Festival Algé’Rire, nous avions fait tourner des artistes à Oran et Tlemcen. 

Encore une fois, je reviens au financement. L’avantage de faire le festival à Alger, c’est la proximité de l’aéroport international avec les vols qui arrivent d’un peu partout, dans le monde. 

Cela reste difficile d’aller dans d’autres villes. On espère faire tourner certains spectacles lors des prochaines éditions. J’espère qu’on arrivera à maintenir ce festival et à avoir des financements qui nous permettent d’aller de l’avant pour concrétiser nos projets.  

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