Syrie : Le ballet diplomatique continue

05/01/2025 mis à jour: 23:29
2803
Ahmad Al Sharaa rencontre les ministres allemand et français des Affaires étrangères - Photo : D. R.

Les représentants des pays arabes ou occidentaux continuent de défiler à Damas, après la fuite du président Bachar Al Assad, rompant ainsi l’isolement imposé à la Syrie depuis la violente répression du soulèvement populaire en 2011.

A près les visites de plusieurs délégations arabes, Ahmad  Al Sharaa, le nouveau dirigeant syrien qui a évincé Bachar Al Assad, a reçu, avant-hier, les chefs de la diplomatie française et allemande. Ces derniers ont plaidé pour une transition pacifique et inclusive en Syrie.

La réunion était la première à ce niveau entre des responsables de pays occidentaux et Ahmad Al Sharaa. Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock, dont la visite intervient sous mandat de l’Union européenne, se sont réunis avec lui dans le palais présidentiel surplombant Damas. «Un avenir meilleur pour la Syrie signifie un transfert de pouvoir inclusif et pacifique, une réconciliation et la reconstruction», a estimé Mme Baerbock dans une déclaration à la presse après l’entretien avec le nouveau dirigeant syrien.

«Il est désormais nécessaire d’instaurer un dialogue politique incluant tous les groupes ethniques et religieux et incluant tous les citoyens», a-t-elle dit. M. Barrot a indiqué sur X avoir obtenu, avec son homologue allemande, des autorités provisoires des «assurances sur une large participation – notamment des femmes – à la transition politique», l’accueil d’une mission de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et la coopération avec le Liban voisin.

Le chef de la diplomatie française, qui a rencontré les représentants religieux de la communauté chrétienne, des figures de la société civile et s’est entretenu avec le chef militaire des Kurdes, s’est fait l’écho de leurs inquiétudes depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir. «Une solution politique doit être trouvée avec les alliés de la France que sont les Kurdes pour qu’ils soient pleinement intégrés»  dans le nouveau processus politique, a-t-il dit.

A la veille de sa visite, Jean-Noël Barrot a eu un entretien avec le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), Mazloum Abdi, qui contrôlent de larges parties du nord-est de la Syrie.  Son homologue allemande a appelé de son côté à «de sérieuses garanties de sécurité pour les Kurdes, ainsi que l’intégration des forces kurdes» dans la nouvelle armée.

M. Barrot a annoncé que la France avait proposé l’organisation d’une conférence internationale fin janvier, «associant la Syrie et ses partenaires» pour accompagner la transition politique «dans la bonne direction». Et il a proposé l’expertise de son pays et celle de l’UE pour aider les Syriens à rédiger une nouvelle Constitution.

Depuis la chute de Bachar Al Assad, Ahmad Al Sharaa a accueilli des dizaines de délégations issues de la plupart des pays arabes, de l’Union européenne et des voisins de la Syrie. Toutes ont exprimé leur volonté de soutenir économiquement le pays après ces rencontres.  Il a réclamé une levée des sanctions internationales imposées au pouvoir de Bachar Al Assad après la répression d’un soulèvement populaire en 2011, qui a déclenché une guerre ayant fait plus d’un demi-million de morts, provoqué l’exil de millions d’habitants et dévasté le pays.

Il a annoncé son intention de convoquer un dialogue national, sans en préciser la date, et indiqué que l’organisation d’élections pourrait prendre quatre ans.  Face au défi d’unifier le pays, morcelé par plus de dix ans de guerre, Ahmad Al Sharaa s’est engagé à dissoudre les factions armées, notamment HTS.

Toujours sur le front diplomatique,  le nouveau chef de la diplomatie syrienne, Assaad Al Chibani, a annoncé, qu’il se rendrait en visite officielle cette semaine au Qatar, aux Emirats arabes unis et en Jordanie, après son premier voyage officiel en Arabie Saoudite. «Cette semaine, je représenterai mon pays, la Syrie, lors d’une visite officielle auprès de nos frères du Qatar, des Emirats arabes unis et du royaume hachémite de Jordanie», a déclaré Assaad Al Chibani dans un communiqué sur X.

Assaad Al Chibani et le ministre de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, accompagnés du chef des services de Renseignement, Anas Khattab, se sont rendus mercredi et jeudi à Riyad à la tête d’une importante délégation pour discuter des moyens de soutenir la transition en Syrie, marquant la première visite officielle des nouvelles autorités à l’étranger depuis la chute de Bachar Al Assad.

En décembre, une source proche du gouvernement avait déclaré à l’AFP qu’une délégation saoudienne avait rencontré à Damas le nouveau dirigeant syrien Ahmad Al Sharaa. Dans un entretien la semaine dernière avec la télévision saoudienne Al Arabiya, Ahmad Al Sharaa avait déclaré que l’Arabie Saoudite «jouera certainement un rôle très important» en Syrie, où elle pourrait tirer parti de «grandes opportunités d’investissement».

Les vols internationaux vont reprendre

Les vols internationaux à destination et en provenance de l’aéroport international de Damas reprendront mardi, après une suspension des liaisons commerciales consécutive à la prise de contrôle des rebelles en décembre, a annoncé l’agence de presse syrienne Sana. «Nous annonçons la reprise des vols internationaux à destination et en provenance de l’aéroport international de Damas à partir de mardi», a indiqué, hier, le chef de l’Autorité de l’aviation civile et du transport aérien, Achhad Al Salibi, cité par l’agence de presse syrienne Sana.

«Nous rassurons les compagnies aériennes arabes et internationales que nous avons entamé la phase de réhabilitation des aéroports d’Alep et de Damas avec l’aide de nos partenaires, afin qu’ils puissent accueillir des avions en provenance du monde entier», a-t-il ajouté.

Des avions d’aide internationale ont déjà atterri en Syrie et les vols domestiques ont également repris.  La compagnie Qatar Airways a annoncé, jeudi dernier, la reprise de ses vols vers la capitale syrienne à partir de mardi, après quasiment treize ans d’interruption. Le 18 décembre, le premier vol, depuis la fuite de l’ancien président syrien Bachar Al Assad, a décollé de l’aéroport de Damas à destination d’Alep, dans le nord du pays.

Par ailleurs, un avion-cargo égyptien a atterri, hier, à l’aéroport de Damas pour la première livraison d’aide humanitaire du Caire depuis l’éviction de Bachar Al Assad, a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères. L’appareil transportait 15 tonnes de fournitures et vivres, une livraison qui s’inscrit dans le cadre de «l’engagement de l’Egypte à soutenir le peuple syrien frère», a précisé le ministère dans un communiqué.  La cargaison fournie par le Croissant-Rouge égyptien a été remise à son homologue syrien.

Elle comprenait des tentes, des couvertures, de la nourriture et des fournitures médicales, a indiqué la chaîne d’Etat Al Qahera News. L’Arabie Saoudite avait lancé, mercredi dernier, un pont aérien humanitaire vers la Syrie, livrant de la nourriture, des tentes et des fournitures médicales, selon l’agence de presse officielle saoudienne. La Syrie est pénalisée par une série de sanctions internationales imposées au pouvoir de Bachar Al Assad après le début de la guerre dans le pays en 2011.

Reprise des vols internationaux à destination et en provenance de Damas

Les vols internationaux à destination et en provenance de l’aéroport international de Damas reprendront mardi, après une suspension des liaisons commerciales suite aux derniers développements dans le pays et l’installation d’un gouvernement transitoire, a annoncé l’agence de presse syrienne Sana.

«Nous annonçons la reprise des vols internationaux à destination et en provenance de l’aéroport international de Damas à partir de mardi», a indiqué hier le chef de l’Autorité de l’aviation civile et du transport aérien, Achhad Al Salibi, cité par Sana.

«Nous rassurons les compagnies aériennes arabes et internationales que nous avons entamé la phase de réhabilitation des aéroports d’Alep et de Damas avec l’aide de nos partenaires, afin qu’ils puissent accueillir des avions en provenance du monde entier», a-t-il ajouté. Des avions d’aide internationale ont déjà atterri en Syrie et les vols domestiques ont également repris.

Copyright 2025 . All Rights Reserved.