Suspension du traité d'amitié avec l'Espagne : L’Algérie juge les déclarations de l'UE "hâtives et infondées"

11/06/2022 mis à jour: 03:32
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Siège du Ministère des Affaires étrangères / Photo : D. R.

L'Algérie a réagi, aujourd'hui, samedi 11 juin, aux déclarations faites au nom de l'Union européenne par deux responsables au sujet de la suspension du traité d'amitié et de coopération avec l'Espagne. 

«L’Algérie déplore et rejette les déclarations hâtives et infondées faites hier au nom de l’Union Européenne à la suite de la décision souveraine prise par l’Algérie de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération la liant à l’Espagne», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères. 
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A cet effet, le département de Ramtane Lamamra estime que «la précipitation et le parti-pris de ces déclarations mettent en évidence le caractère inapproprié de leur contenu, s’agissant d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’Union Européenne et ne nécessitant par voie de conséquence nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective».  

Dans cet ordre, l'Algérie rappelle que «la décision de suspendre le Traité algéro-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération répond à des considérations légitimes, qui tiennent pour l’essentiel à ce que le partenaire se soit délié d’obligations et de valeurs essentielles inscrites dans ce Traité, prenant ainsi la responsabilité de vider cet instrument juridique de sa substance et de mettre en cause sa pertinence dans les relations entre les deux parties audit traité».  

«Au vu de ce constat, le Gouvernement algérien a pris soin de préciser publiquement la portée de la mesure conservatoire qu’il a été amené à prendre pour préserver des intérêts suprêmes, d’ordre moral et stratégique, du pays face à des actes attentatoires à l’objet et à la finalité du Traité», ajoute également le communiqué des AE. 

D'autre part, la même source indique que «la prétendue suspension des relations commerciales et d’investissement avec l’Espagne, étalée dans lesdites déclarations officielles européennes, y est précipitamment invoquée sans aucun fondement, et les instances communautaires européennes ne disposent en l’occurrence d’aucune base juridique pour établir leur compétence en la matière». 

Une "intrusion malencontreuse" qui «est le fait d’une personnalité manifestement commise à l’amplification des thèses de sa diplomatie nationale au détriment de la préservation des intérêts bien compris de l’Union Européenne au sein de laquelle l’Algérie s’honore de compter de nombreux amis et partenaires fiables et responsables», ajoute-t-on encore. 

«Cette intrusion est d’autant plus douteuse et paradoxale qu’elle prend la consistance d’une vaine tentative de pression sur un pays du Sud jaloux de son indépendance nationale lorsqu’on la compare avec la posture circonspecte de la Commission européenne dans le cas récent d’un contentieux commercial majeur concernant un Etat-clé de l’Union qui a été amené à rappeler ses ambassadeurs auprès de deux Etats développés non-européens avec lesquels il était en conflit d’intérêts», a encore estimé le département de Ramtane Lamamra. 

En dernier lieu, ajoute le ministère des AE, «l’Algérie qui a toujours tenu ses engagements dans le cadre de son Accord d’Association avec l’Union Européenne s’attache légitimement à promouvoir tous les volets pertinents de ce cadre, dans la transparence, en dépit du caractère asymétrique de la structure des échanges commerciaux entre les deux parties et des déséquilibres empêchant le développement d’un partenariat économique mutuellement avantageux». 

Par ailleurs, «l’Algérie rejette également, comme fantaisistes et malveillantes, les insinuations et interrogations relatives à la question de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz, alors même le Président de la République lui-même a eu à affirmer solennellement la détermination de la partie algérienne à s’acquitter de ses obligations contractuelles y afférentes». 

«Au demeurant, cette question qui concerne des entreprises des deux pays sur des bases strictement commerciales ne se pose nullement dans le contexte des relations énergétiques avec les autres acquéreurs de gaz algérien dans l’espace euro-méditerranéen qui s’acquittent de leurs obligations contractuelles avec la même bonne foi que l’Algérie», indique pour finir le département des Affaires étrangères.

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