Sur les traces de la religieuse Robba de Sid Ahmed Hamdad : La valorisation du patrimoine mémoriel algérien

27/07/2023 mis à jour: 14:30
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Après la publication de Djebel Robba, Mythe et Réalité en 2021, l’auteur Ahmed Hamdad revient dans l’univers de l’écriture avec un nouvel ouvrage intitulé Sur les traces de la religieuse Robba, publié aux éditions Imal.

A la fois auteur, artiste-peintre, scénographe et chercheur dans le domaine du patrimoine matériel, Sid Ahmed Hamdad gratifie ses lecteurs d’une publication intéressante à plus d’un titre.

Ce pasionné de patrimoine convoque l’histoire pour exhumer certains sites millénaires. Dans ce présent ouvrage de 139 pages, il a choisi de mettre en avant plan la religieuse Robba, considérée  comme une martyre berbère donatiste sœur d’Honoratus, évêque d’Aquae Sirenses. Celle-ci est née en l’an 384 et tuée en 434 par des catholiques traditeurs.

Dans l’avant-propos, le chercheur Sid Ahmed Hamdad souligne d’une part qu’historiquement, nous ne connaissons de la religieuse Robba que ce qui est rapporté sur son épitaphe gravée à l’intérieur de son caveau.

Son assassinat par les traditeurs, son statut de religieuse chrétienne et son lien de parenté avec l’évêque de la cité berbéro-romaine, Aquae Sirenses, localisée non loin de Hammam Bouhanifia, dans la wilaya de Mascara, d’une part.

D’autre part, il «est formel que le nom de la petite montagne de Sfisef, portant le nom de Lalla Robba n’est pas subordonné à la religieuse chrétienne donatiste du Ve siècle. Autant d’ailleurs, que l’espace sacré de Lalla Robba de Koléa».

Dans le premier chapitre, le lecteur est convié à découvrir l’appellation des sites sous l’angle de la tradition maraboutique. L’auteur nous renseigne que Lalla Robba de Sfisef est un rustique mausolée fort connu de la région. Certains se plaisaient à l’appeler «Hawétat Lalla Robba». 

Faisant l’objet d’un culte maraboutique depuis 4 ou 5 siècles, le mausolée en question se situe sur le sommet de la petite montagne de Sfisef. Sid Ahmed Hamdad décrit ce lieu comme une petite chambrette où est aménagée une petite ouverture quadrangulaire sur le mur face à l’entrée et où des traces de bougies nous indiquent que l’espace est toujours vénéré selon les traditions locales.

«Lalla Robba avait choisi de son vivant cet endroit dominant le sud et l’est de la vaste pleine de Melghir, pour s’isoler et s’adonner à la méditation, c’est ce qui lui valu certainement cette sacralisation. Cela est d’autant plus vrai, que dans ce réduit de Lalla Robba, pendent quelques bouts d’étoffes».

Toujours, selon le chercheur en patrimoine, Lalla Robba de Koléa était venue de l’Ouest vers le milieu du XVe siècle. Elle effectue le pèlerinage des lieux saints de l’Islam en compagnie de son mari Sidi M’Barek et leurs fils Ali.

A partir de leur région entre Ghrisse et M’Cid soit la grande pleine de Melghir que domine  Djebel Lalla Robba, ils décidèrent de tracer vers l’Est. L’époux de Lalla Robba est atteint d’un malaise fatal. Sa tombe est encore visible sur la route de l’actuelle ville de Djendel.

La jeune veuve décide de continuer son périple vers l’Est avec son fils. Elle ressent le besoin de s’arrêter auprès d’une source, située à l’orée de la forêt, au sud de l’actuelle ville de Koléa.

«Son aura de femme sainte, épouse de Sidi M’Barek poussa les habitants de la région à venir la consulter et l’entourer de respect et de considération. Mais la mort la surprend, et elle fût enterrée en pleine forêt. Sa tombe fût entourée d’un petit muret délimitant son espace sépulcrale, à une cinquantaine de mètres au Sud de la source qui porte son nom», indique l’auteur.

Poussant son argumentaire, Sid Ahmed Hamdad estime que le dénominateur commun entre ces deux Robba de Sfisef et de  Koléa, c’est qu’elles se plaisaient à s’isoler dans des endroits difficilement accessibles et peu fréquentés dont Djebel Lalla  Robba de Sfisef et la Ghabet Lalla Robba de Koléa.

De plus, les deux dames avaient décidé non seulement d’élire domicile non loin d’une source  mais étaient aussi vénérées par les populations de Sfisef et de Koléa.

Pour l’historien, il s’agit de la même Robba, qui a continué de faire l’objet de ce culte par les populations rurales de M’Cid, avant d’être adulée à nouveau par les populations rurales de Koléa.

Au fil d’une lecture aérée, Sid Ahmed Hamdad creuse dans l’histoire pour offrir onze chapitres aux contenus riches en informations. Parmi ces derniers, citons entre autres : Découverte insoupçonnée de Bénien, recherche des liens historiques, recherche des liens archéologiques, la religieuse Robba dans l’histoire, les épigraphes dédicacées aux défunts amazighs de l’antiquité, les bilans des fouilles d’Ala Miliaria.

En guise de conclusion, l’auteur rappelle que l’Algérie dispose de capacités de mécanisation plus que conséquentes, et à former un grand nombre d’archéologues et d’anthropologues capables de procéder à des fouilles tant attendue, sur le site de l’antique Ala Miliaria, quitte à se faire assister par des spécialistes étrangers.

De ce fait, Sid Ahmed Hamdad préconise de lever le voile sur les secrets de la forteresse de Bénien et des ses dépendances. «Une telle œuvre est de mise au jour serait à l’honneur de toute structure étatique, ou association, comme celle de l’époque coloniale, le «comité de l’Association historique pour l’étude de l’Afrique du Nord», qui avait alloué des fonds  pour les fouilles de Bénien, à la fin du XIXe siècle».

Il est à noter que Sid Ahmed Hamdad est originaire de la wilaya de Sidi Bel Abbès.

De ses origines de Sfisef, il en tire la sève parentale liée au domaine du savoir. Il est artiste peintre depuis 1965 et très tôt passionné d’histoire. Sa formation d’ingénieur d’Etat à la retraite lui ouvrit le champ de l’écriture, validée d’une recherche académique, d’ouvrages traitant d’histoire et d’archéologie.

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