Une entreprise basée à Blida qui importe des bananes depuis l’Equateur se retrouve au cœur d’une offensive gouvernementale destinée à contrer la spéculation sur ce fruit essentiel.
Hier, au port de Annaba, le directeur général des Douanes algériennes, Bakhouche Abdelhafid, a donné l’ordre, en présence du DGSN, Ali Badaoui, de saisir 34 conteneurs de bananes, soit un total de 800 tonnes. Un seul conteneur a été ouvert et contrôlé devant les autorités locales, à leur tête le wali de Annaba, Abdelkader Djellaoui. «Même si la réglementation accorde à l’importateur un délai de huit jours pour traiter sa marchandise au niveau du port, il est essentiel de prendre en compte les besoins de la population, notamment durant le mois sacré du Ramadhan. Vous accomplissez, ainsi, les procédures nécessaires, les soumettre au scanner et procédez à la saisie de tous les conteneurs avant de les transférer à Agrodiv pour qu’ils soient commercialisés», a-t-il déclaré au directeur local des Douanes, marquant ainsi une action décisive pour endiguer la dérive spéculative.
Et d’abonder : «De plus, il est conseillé d’anticiper les déclarations des marchandises agroalimentaires des navires attendus au port de Annaba, afin de réduire le délai de traitement prévu par la loi.»
Ce geste fort intervient dans un contexte où les prix des bananes en Algérie connaissent une flambée spectaculaire. Alors qu’en Europe le fruit se vend à environ 140 DA/kg (soit environ un euro), son prix sur le marché algérien oscille aujourd’hui entre 600 et 700 DA/kg.
Cette hausse brutale, constatée en ce début de Ramadhan, suscite l’indignation des consommateurs et relance le débat sur la régulation du marché. Des associations de protection des consommateurs, comme l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), dénoncent ces augmentations abusives, rappelant que des mesures avaient pourtant été promises pour éviter de telles dérives durant le mois sacré.
«C’est de la pure spéculation»
Le président de l’Apoce désigne sans détour les importateurs et grossistes comme principaux coupables. «Il n’y a pas photo, c’est de la pure spéculation», déclare-t-il, dénonçant ainsi le comportement malhonnête de certains acteurs du marché.
Selon lui, étant donné que les prix internationaux n’ont pas subi de hausse significative, rien ne justifie une telle flambée des tarifs en Algérie, si ce n’est la volonté de certains de gonfler excessivement leurs marges.
L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a également réagi vigoureusement. Elle dément toute implication des commerçants et grossistes dans cette flambée des prix, et pointe plutôt du doigt les importateurs. Selon l’UGCAA, ces derniers imposent des prix élevés tout en pratiquant des facturations gonflées, faussant ainsi le marché et déclenchant une hausse artificielle des tarifs.
Dans le cadre d’une mission de contrôle opérée le 10 mars au marché de gros de fruits et légumes de Hattatba, des agents des services de contrôle économique et de lutte contre la fraude, relevant de la direction du commerce intérieur et de la régulation du marché national de la wilaya de Tipasa, accompagnés d’éléments de la Sûreté nationale, ont procédé à la saisie de 27 quintaux de bananes.
D’après des chiffres officiels et divers communiqués récents, cette saisie s’inscrit dans une série d’actions coordonnées par les services de sécurité et les Douanes pour lutter contre la spéculation.
Depuis le début du Ramadhan, plusieurs saisies d’importantes quantités de bananes ont été effectuées dans divers ports du pays, totalisant plus de 150 conteneurs saisis à l’échelle nationale. Les autorités espèrent ainsi rétablir un équilibre sur le marché en transférant les bananes saisies à Agrodiv, qui se chargera de leur commercialisation à des tarifs régulés.
Cette mesure vise à freiner les pratiques spéculatives qui, en gonflant artificiellement les prix, pénalisent les consommateurs et déstabilisent le secteur alimentaire.
Annaba
De notre bureau M.-F. Gaïdi