Soutien inconditionnel de Joe Biden à Israël : Grogne au sein du corps diplomatique américain

05/11/2023 mis à jour: 18:29
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Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu participant à une réunion bilatérale élargie avec des représentants des gouvernements israélien et américain, à Tel Aviv, le 18 octobre 2023. (Crédit : Evan Vucci/AP Photo)

La position du président américain, Joe Biden, concernant l’attaque en cours d’Israël contre la Bande de Ghaza et son soutien inconditionnel à l’Etat hébreu ne passent pas, y compris aux Etats-Unis. Depuis quelques jours, des voix, et pas des moindres, s’élèvent pour dénoncer cette attitude.

 En effet, la colère monte, depuis quelques semaines, dans les couloirs du département d’Etat américain ainsi qu’au sein du Conseil de sécurité nationale (US) et d’autres agences. 

C’est du moins ce qu’a relevé le magazine Foreign Policy (FP), affirmant que «de plus en plus de responsables américains appellent anonymement à un cessez-le-feu à Ghaza». Selon la même source, les diplomates américains du département d’Etat ressentent «une colère, un choc et un désespoir à cause de ce qu’ils considèrent comme un chèque à blanc que Washington a donné à Israël, dans sa guerre contre le Hamas». Pour FP, cette grogne fait déjà réagir le secrétaire d’Etat Anthony Blinken, qui a envoyé, le 20 octobre dernier, une longue lettre au personnel diplomatique américain, lui demandant «d’élargir l’espace de discussion et d’opposition, afin d’améliorer nos politiques et notre institution». 

Dans sa lettre, le chef de la diplomatie américaine, indique le même média, «souligne à quel point la crise actuelle est difficile pour les employés du département d’Etat», et «a réitéré ses appels et ceux du président Joe Biden pour qu’Israël ''respecte la règle du droit et des normes humanitaires internationales''». «Nous comprenons, nous attendons et apprécions que les différentes personnes qui travaillent dans ce département ont des convictions politiques différentes, des convictions personnelles différentes et des positions différentes sur ce que devrait être la politique américaine», affirme le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, cité par FP. Et d’ajouter : «Nous pensons que c’est l’une des forces de ce gouvernement américain.»
 

«Questions morales complexes»

Selon toujours Foreign Policy, cette colère s’est élargie pour inclure les employés du Conseil de sécurité nationale et d’autres agences, alors que l’affaire s’est transformée en une «vague d’opposition intense» à l’approche initiale de Biden «qui a mis les hauts responsables de l’administration américaine en position défensive à l’extérieur comme à l’intérieur». 

La position américaine, ajoute le magazine, fait réagir également des centaines de responsables de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid). Ces derniers ont signé une lettre appelant l’administration Biden à faire pression pour «un cessez-le-feu immédiat et une cessation des hostilités» à Ghaza. «La lettre ouverte du personnel de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international reflète l’inquiétude croissante au sein du gouvernement américain quant à la manière dont le président Joe Biden soutient Israël dans sa guerre contre le groupe militant islamiste Hamas», note FP. 

Cette pétition, ajoute le média, «représente un fossé croissant entre le cabinet de Biden et les responsables américains de base opposés en interne à l’approche de la guerre de la Maison-Blanche». Les signataires (370 responsables de l’Usaid) appellent également «les Etats-Unis à se joindre à la communauté internationale pour obliger toutes les parties, y compris l’Etat d’Israël, à respecter le droit international, qui inclut la fin de l’occupation illégale par Israël des territoires palestiniens et des colonies sur les terres occupées». 
 

La contestation contre l’approche de Biden prend aussi des formes radicales, comme la démission. C’est le cas de Josh Paul, ex-directeur du bureau militaire du département d’Etat, qui a jeté l’éponge le 18 octobre dernier, en guise de contestation contre la politique de l’administration américaine. Dans une interview accordée à Radio Canada, le 1er novembre, il a dénoncé la manière avec laquelle les Etats-Unis envoient des armes à Israël. «Ce n’est pas la première fois qu’on est confronté à des questions morales complexes. 

Mais dans le cas du conflit entre Israël et le Hamas, on ne suivait plus du tout les lignes directrices habituelles applicables à n’importe quel transfert d’armes à un pays. Dans le cas de l’Ukraine, par exemple, lorsqu’il a été question d’envoyer des bombes à fragmentations, il y a eu un débat, l’administration Biden était réceptive aux différentes recommandations et conditions, et a toujours tenu compte des droits de la personne. Pour Israël, il fallait juste répondre aux demandes», déplore-t-il. 

Pourtant, ajoute-t-il, «la politique de la Maison-Blanche sur le transfert des armes a toujours été claire». «S’il y a plus de chance que l’utilisation des armes américaines conduise à des violations des droits de la personne, alors le transfert ne sera pas autorisé. 

Dans le conflit entre Israël et le Hamas, il y a violation des droits de la personne, mais cette politique a été mise de côté», affirme-t-il. Pour cet ex-responsable, «il était inévitable que les armes fournies par les Etats-Unis à Israël soient utilisées contre Ghaza et provoquent des pertes massives au sein de la population civile». «Lorsque j’ai soulevé mes inquiétudes, il n’y a pas eu de volonté de m’écouter, pas d’intérêt. On s’est empressé de fournir des armes à Israël, sans le moindre débat. Je devais démissionner», explique-t-il.
 

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