La France tente de garder son influence dans ses anciennes colonies en Afrique par tous les moyens, en soutenant notamment les groupes islamistes armés en Libye, au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Simultanément, les services secrets français activent ces mouvements terroristes transfrontaliers pour attiser les divisions interethniques et religieuses et justifier les interventions armées. Ces organisations extrémistes violentes, créées et financées par les Etats-Unis en Syrie et en Irak, et par la France au Sahel et au Maghreb, servent à justifier le contrôle sur ces territoires où sont concentrées les ressources naturelles indispensables pour l’Occident.
La France calque en Afrique la stratégie des Etats-Unis et de la Turquie au Moyen-Orient : créer des groupes islamistes armés pour ensuite pouvoir les utiliser dans n’importe quel pays de la région au gré des intérêts de Paris, de Washington et d’Ankara. Au Sahel, la porosité des frontières permet aux services secrets français d’actionner ces groupes de façon analogue, à leur guise, équipant et finançant ces organisations armées dont ils utilisent le potentiel de combat pour la déstabilisation de plusieurs régions du monde.
Il est notoire que les services secrets américains et français collaborent étroitement dans la mise en place de cette stratégie diabolique à nos frontières Sud, faisant planer sur l’Algérie une menace sérieuse sur sa sécurité nationale, une menace aggravée par le refus d’Alger de se soumettre aux desiderata de ces deux pays alliés d’Israël et du Maroc. Le but des deux puissances occidentales est de repousser l’influence russe et chinoise dans le continent.
De nombreuses sources médiatiques et sécuritaires indiquent que des armes sophistiquées, livrées par les Etats-Unis et des pays de l’Union européenne au régime de Kiev, sont tombées entre les mains des groupes islamistes armés. Des groupes dont même le régime de Zelensky se sert désormais pour commettre des attentats en Russie. Un récent rapport a indiqué, dans le sillage, que 13 000 mercenaires sont recensés en Ukraine et que près de 6000 ont été tués par l’armée russe.
La France «sponsor» du terrorisme islamiste
L’implication de la France dans la prolifération des groupes djihadistes est un secret de Polichinelle. Au Niger, le nouvel homme fort de Niamey a déclaré, récemment, que «la France est le sponsor du terrorisme dans la région du Sahel», affirmant qu’«on ne peut pas combattre un incendie avec de l’essence». «Le feu du terrorisme est alimenté par le soutien de la France au terrorisme», a soutenu le général Abdurrahman Tiani. «Au cours des quinze dernières années, les massacres perpétrés par des organisations terroristes séparatistes et réactionnaires en Afrique ont constitué l’agenda le plus brûlant du continent», s’accordent à dire de nombreuses sources médiatiques crédibles, qui précisent que l’opération militaire menée par la France en 2013, avec le soutien des Etats-Unis, sous prétexte de débarrasser le Mali des terroristes, «a constitué le début d’attaques dans la région du Sahel qui se poursuivent encore aujourd’hui». «Les soldats français sont entrés dans les principales villes du Mali, Konna, Tombouctou, Gao et Kidal, sans rencontrer pratiquement aucune résistance. Les organisations terroristes qui tenaient le nord du Mali se sont retirées sans tirer un seul coup de feu. Les organisations terroristes soutenues par l’Occident ont joué leur rôle et ont ouvert la voie à l’implantation de troupes françaises dans la région», souligne-t-on. Ces troupes, installées dans le pays sous prétexte d’éliminer les organisations terroristes qu’elles avaient elles-mêmes créées dans le Nord-Mali, ont également manipulé les Touareg en fondant le Mouvement de libération nationale de l’Azawad (MNLA), «le PKK de la région», rapproche-t-on.
Ce mouvement séparatiste, activant dans la région de Kidal, a repris les armes contre le pouvoir central de Bamako dès l’expulsion de l’armée française, décidée par les nouveaux dirigeants maliens issus du coup d’Etat de mai 2021. En décembre 2023, au Burkina Faso, quatre agents de la DGSE française avaient été interceptés à Ouagadougou, confirmant la présence active des services de renseignement français dans le pays. Les autorités françaises ont évidemment nié toute activité d’espionnage au Burkina Faso. «Les quatre individus, décrits comme des techniciens et titulaires de passeports diplomatiques en cours de validité, auraient été chargés d’une mission de maintenance informatique pour l’ambassade de France à Ouagadougou. Malgré le caractère officiel de leur mission, ils ont été arrêtés deux semaines plus tard, puis incarcérés au centre de détention de Maco, dans la capitale», indiquait le site Weafrica24.
De son côté, Jeune Afrique expliquait que les personnes arrêtées «seraient des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services de renseignement extérieurs français, accusés de se livrer à l’espionnage». «L’incident soulève des questions sur l’équilibre délicat entre les relations diplomatiques et les activités de renseignement dans la région. A mesure que la situation évolue, l’arrestation de ces responsables français au Burkina Faso souligne les défis liés au maintien de la coopération dans un environnement où les soupçons d’espionnage peuvent mettre à rude épreuve même des partenariats de longue date», fait constater Weafrica24. Au Moyen-Orient, le schéma tactique est similaire. Des sources médiatiques ont, en effet, révélé que l’armée américaine a transféré des prisonniers membres du groupe terroriste Daech, de la province syrienne de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, vers le nord de l’Irak.
Des militants locaux cités par l’agence de presse syrienne Sana ont rapporté que les éléments armés islamistes sont de nationalités différentes et ont été exfiltrés de la prison d’Al-Sinaa, contrôlée par la milice pro-américaine des Forces démocratiques syriennes (FDS). Introduits en Irak, ces terroristes ont été installés au plus près des bases américaines. L’action menée dans l’urgence fait suite à une visite programmée de diplomates et d’experts militaires américains dans le nord de la Syrie qui devait ainsi être vidée de ces terroristes à la solde de Washington.
Par Mehenna Hamadouche
Journaliste, traducteur, spécialiste des questions géostratégiques