Le président de la République reprend ses concertations avec la classe politique.
Ce lundi, il a reçu Abdelkader Bengrina et Soufiane Djilali, respectivement présidents du mouvement El Bina et du parti Jil Jadid. Les deux responsables politiques ont été reçus séparément en présence du directeur de cabinet à la Présidence, Abdelaziz Khellaf. Contacté par El Watan, Soufiane Djilali affirme que sa rencontre avec Tebboune n’avait pas de «cadre précis» et «rien de formel». «Dimanche, les services de la Présidence m’ont contacté pour m’informer que le président Tebboune voulait avoir une discussion avec moi.
Il n’y avait pas d’ordre du jour sauf une volonté de la part du chef de l’Etat de dialoguer avec les partis politiques qui sont dans la légalité, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition», précise Soufiane Djilali, qui a accepté l’invitation, alors que la veille, rappelle-t-il, son parti s’est fendu d’un communiqué très critique quant à la situation qui prévaut dans le pays.
Face au Président et pendant deux heures, M. Djilali a réitéré le constat établi par sa formation et le regard critique qu’il avait concernant, notamment, les «défaillances» du gouvernement, le «manque» de communication institutionnelle et la situation économique et sociale qui laisse à désirer. Le patron de Jil Jadid affirme avoir fait un tour d’horizon au sujet de la gestion des affaires du pays et donné sa positon sur plusieurs points. «Le Président m’a demandé d’être franc, alors à cœur ouvert et très précis, j’ai dit ne pas comprendre ce que faisait le gouvernement et j’ai parlé des multiples décidions contradictoires et répressives, notamment dans la gestion économique, ce qui n’est pas fait pour rassurer les citoyens en général et les entreprises en particulier», raconte notre interlocuteur, qui a insisté sur la nécessité de réhabiliter la politique et faire face aux potentielles perturbations sociales à venir au vu de la faiblesse du système économique, d’un système financier rigide, du chômage, de l’inflation et de la bureaucratie qui est toujours là et qui est devenue l’outil par excellence pour une corruption active.
«Tebboune est lucide sur les difficultés du pays»
Soufiane Djilali explique que le pays est confronté à de graves problèmes structurels et que l’Etat a été déshabilité. Qu’a répondu le Président ? A cette question, le leader de Jil Jadid affirme que le chef de l’Etat est «lucide» sur les difficultés du pays qui sont multiples et auxquelles personne, dit-il, ne fait l’impasse, mais Soufiane Djilali refuse d’en dire plus. «Notre rencontre avec le Président entre dans un cadre d’échanges pour partager les idées et les points de vue.
Maintenant, en ce qui concerne les réponses du Président, je préfère laisser le soin aux services de la Présidence de communiquer à ce sujet.» A l’interrogation de savoir si l’entrevue avec le Président a un lien avec la «démarche de rassemblement attribuée justement au président Tebboune», Soufiane Djilali précise que le chef de l’Etat n’en a nullement fait allusion. «Nous n’y avons pas fait référence. Le Président n’a pas abordé cette question, ni a fait allusion à une initiative politique. Au fait, la rencontre ne s’est pas inscrite dans l’optique d’une proposition quelconque.
Pour moi, le Président voulait une évaluation de la situation du pays sous un angle d’un parti de l’opposition et en dehors du gouvernement», relève-t-il, affirmant avoir décelé chez le Président une «nette volonté de dialoguer en vue de renforcer le front intérieur». D’après Soufiane Djilali, le Président rencontrera d’autres partis politiques dans les prochains jours, car il aspire à l’établissement d’un climat d’apaisement.
De son côté, le président du mouvement El Bina, Abdelkader Bengrina, relève que le but du «dialogue» entamé par le Président est d’échanger de la manière la plus claire et la plus large qui soit autour des principaux sujets de l’heure.
De nombreuses questions ont été abordées. Elles ont globalement trait, selon lui, à l’économie, à la gestion des affaires publiques, à la lutte contre la corruption ainsi que «la performance de certains départements ministériels».
Le responsable d’El Bina affirme apporter son total soutien à «toute démarche susceptible d’appuyer la stabilité et la sécurité du pays ainsi que les institutions de l’Etat, et de faire face à quiconque oserait porter atteinte à l’unité du peuple, la stabilité et la souveraineté du pays».