Une exposition intitulée «Des choses étonnantes, les dessins de Victor Hugo» se tient jusqu’à la fin juin au niveau de la prestigieuse Royal Academy of Arts de Londres.
Monument des lettres françaises, Victor Hugo, le père des Misérables, était aussi un dessinateur prolifique. Cette facette méconnue de son génie est mise en lumière dans une grande exposition organisée à Londres 140 ans après sa mort. Baptisée «Des choses étonnantes, les dessins de Victor Hugo», cette exposition ouverte vendredi à la prestigieuse Royal Academy of Arts doit durer jusqu’à la fin juin.
En France et à l’étranger, cet aspect du génie de l’auteur de Notre-Dame de Paris et des Châtiments reste encore confidentiel. Mais Victor Hugo est l’auteur d’une œuvre graphique foisonnante, constituée en parallèle de ses travaux d’écriture.
Cette passion pour le dessin a longtemps été son «jardin secret», souligne Sarah Lea, l’une des curatrices de l’exposition, dans le communiqué. Elle rappelle que ces dessins étaient autrefois réservés aux seuls intimes de l’écrivain.
Même s’il s’est lui-même assuré de la postérité de cette œuvre, dont il a fait don, avec ses manuscrits, à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Conçue comme une déambulation dans la psyché de l’auteur, l’exposition, qui met en lumière soixante-dix dessins, s’ouvre avec une caricature. C’est ce genre qui l’a fait entrer dans l’art graphique.
Son style évolue à partir de 1834 au gré de ses voyages en Europe avec Juliette Drouet, son amante. Place désormais à des paysages bucoliques, des clochers d’église ou des châteaux de style gothique. La diversité des techniques utilisées, mélange d’encre, de graphite et de lavis, comme celle des thèmes abordés, montre la richesse de cette œuvre.
En effet, si son œuvre littéraire est profondément ancrée dans le réel, explorant des sujets tels que la misère sociale, la peine de mort ou les événements politiques de son temps, ses dessins transcendent le réel et ouvrent la porte de l’imaginaire. Comme ceux qu’elle a baptisés «Tâches», des compositions abstraites et énigmatiques.
Ou encore cet impressionnant champignon vénéneux monumental, surmonté d’une figure humaine, sobrement baptisé «Champignon». La plupart des dessins ont été réalisés entre 1850 et 1870, soit pendant son exil sur l’île de Guernesey, à la suite du coup d’Etat du 2 décembre 1851 perpétré par Louis-Napoléon Bonaparte.
C’est durant cette période qu’il publie ses œuvres majeures, parmi lesquelles Les Châtiments et Les Misérables. Si ses dessins montrent son goût pour l’expérimentation, il ne tourne toutefois jamais le dos à ses combats, dont celui contre la peine de mort. En témoignent deux dessins glaçants, Le Pendu et Ecce, dont le dernier a été transformé en gravure.