Sommet de Saint-Pétersbourg s'est achevé hier : La Russie courtise l'Afrique

29/07/2023 mis à jour: 04:54
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La deuxième édition du sommet Russie-Afrique s’est ouverte jeudi et s’est poursuivie hier à Saint-Pétersbourg. Le sommet, placé sous le thème «Pour la paix, la sécurité et le développement», a vu la participation de représentants de 49 pays africains, dont 17 chefs d’Etat. 

Dans un discours d’environ 27 minutes, le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé plusieurs projets en faveur du continent africain. Il s’est engagé également à «renforcer les liens de coopération entre son pays et les Etats africains sur les plans commercial, humanitaire, technologique, social, éducatif», a-t-il souligné dans une allocution lue devant plusieurs chefs d’Etat et diplomates africains. «Le potentiel de l’Afrique est évident pour tout le monde», a-t-il dit. 

Poutine a, à ce propos, rappelé que la croissance annuelle moyenne du PIB sur le continent africain au cours des 20 dernières années était de 4 à 4,5%, ce qui dépasse la moyenne mondiale. L’Afrique compte une population qui approche les 1,5 milliard et une classe moyenne, qui croît plus rapidement que dans la majorité des autres régions du monde. «Le gouvernement, les entreprises et le public russes sont sincèrement intéressés à approfondir davantage les liens commerciaux, d’investissement et humanitaires multiformes avec le continent, qui (…) favorisent une croissance et une prospérité stables», a-t-il indiqué. Il a souligné que le commerce Russie-Afrique a atteint 18 milliards de dollars américains en 2022. 

Au cours des seuls 6 premiers mois de 2023, les transactions d’import-export avec les pays africains ont augmenté de plus d’un tiers, selon lui. L’an dernier, les échanges agricoles entre la Russie et les pays africains ont augmenté de 10% pour atteindre 6,7 milliards de dollars, et ont déjà enregistré une croissance record en janvier-juin de cette année en augmentant de 60%. La Russie a exporté 11,5 millions de tonnes de céréales vers l’Afrique en 2022, et près de 10 millions de tonnes au cours des six premiers mois de 2023. «Tout cela a eu lieu malgré les sanctions illégales imposées à ''nos'' exportations, qui constituent un sérieux obstacle à l’exportation de produits alimentaires russes, compliquant le transport, la logistique, les assurances et les transactions bancaires», a affirmé le chef du Kremlin.
 

«Paradoxe» et «Hypocrisie»

Et d’ajouter : «Nous assistons à un paradoxe. D’un côté, l’Occident cherche à bloquer nos exportations de céréales et d’engrais, tout en nous accusant de la crise actuelle sur le marché alimentaire mondial. C’est de l’hypocrisie pure et simple.» «Nous avons vu cette approche en toute clarté avec le soi-disant accord sur les céréales. Négocié avec la participation du secrétariat de l’ONU, il a été initialement conçu pour promouvoir la sécurité alimentaire mondiale, atténuer la menace de la faim et aider les pays les plus pauvres, y compris en Afrique», a-t-il poursuivi. 

Près d’un an après cet accord, Poutine a affirmé que 32,8 millions de tonnes au total ont été exportées d’Ukraine, dont plus de 70% se sont retrouvées dans des pays à revenu élevé, dont principalement l’Union européenne.  Tandis que des pays comme l’Ethiopie, le Soudan, la Somalie et plusieurs autres ont reçu moins de 3% de ce total, soit moins de 1 million de tonnes. «Rien de ce qui avait été convenu ou de ce qui nous avait été promis ne s’est concrétisé. Aucune des conditions liées à la levée des sanctions contre les exportations de céréales et d’engrais russes vers les marchés mondiaux n’a été remplie», a-t-il expliqué.  

En réaction, la Russie a refusé de prolonger cet accord potentiel. «(…) La Russie peut très bien combler le vide laissé par le retrait des céréales ukrainiennes du marché mondial (…) d’autant plus que cette année attendez-vous à nouveau à une récolte record», a assuré le Président russe. Il a annoncé, dans ce cadre, que dans les trois à quatre prochains mois, la Russie pourra fournir gratuitement un approvisionnement de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales chacun au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, Somalie, République centrafricaine et Érythrée. La part de la Russie sur le marché mondial du blé est de 20%. «Cela signifie que c’est la Russie qui apporte une contribution significative à la sécurité alimentaire mondiale et qui est un fournisseur international solide et responsable de produits agricoles», a-t-il rappelé. La Russie est, a-t-il noté, aussi intéressée à développer davantage la coopération avec les pays africains dans le secteur de l’énergie. 

Lutte contre les épidémies

Plus de 30 projets énergétiques impliquant des entreprises russes sont actuellement en cours à des degrés divers dans 16 pays africains, avec une capacité totale d’environ 3,7 gigawatts. Les sociétés russes Gazprom, Rosneft, Lukoil et Zarubezhneft sont impliquées dans le développement de champs pétroliers et gaziers en Algérie, en Egypte, au Cameroun, au Nigeria et en République du Congo. Le président russe a, par ailleurs, encouragé les pays d’Afrique à utiliser plus énergiquement les monnaies nationales, y compris le rouble, dans le règlement financier des transactions commerciales. 

«Nous sommes prêts à aider les pays africains à développer leur infrastructure financière et à connecter leurs établissements bancaires au système de messagerie financière créé en Russie, qui peut être utilisé pour effectuer des paiements transfrontaliers indépendamment de certains systèmes occidentaux qui adoptent des restrictions», a-t-il plaidé.

 Il a soutenu, en outre, l’établissement d’une coopération entre l’Union économique eurasienne et la Zone de libre-échange continentale africaine au sein de l’Union africaine. La santé et la lutte contre les épidémies sont les autres domaines importants de la coopération russo-africaine. Un vaste programme russe a été élaboré et fonctionnera jusqu’en 2026 pour aider l’Afrique à lutter contre les infections, pour lequel 1,2 milliard de roubles seront alloués, a avancé Poutine. 

Dans le cadre de ce programme, 10 laboratoires mobiles seront approvisionnés.

 

 

 

Benabderrahmane prend part au sommet Russie-Afrique

Représentant le président de la République, le Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane, a assisté, jeudi et vendredi, aux travaux du 2e Sommet Russie-Afrique et de son Forum économique et humanitaire à Saint-Pétersbourg. Il est arrivé mercredi dernier en Russie pour prendre part à ce rendez-vous consacré à l’examen des moyens de coopération et de partenariat stratégique multilatéral entre la Russie et le continent africain. La réunion sera sanctionnée par l’adoption d’un plan d’action du Forum de partenariat russo-africain 2023-2026. Jeudi, le Premier ministre s’est entretenu avec le vice-président du Conseil de souveraineté de transition de la République du Soudan, Malik Agar, en marge de sa participation au sommet. La rencontre a été l’occasion d’évoquer les relations fraternelles qui lient les deux pays, et d’échanger les vues autour des efforts visant à surmonter la crise que connaît le Soudan.  M. A.

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