Le sommet annuel de l’Union africaine (UA) s’est ouvert hier dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba avec un appel du Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, à retirer l’accréditation accordée à Israël, rapporte l’AFP.
Décision à l’origine de vifs débats parmi les 55 Etats membres de l’organisation. «Nous appelons au retrait et à l’objection du statut d’observateur israélien auprès de l’Union africaine», a déclaré le Premier ministre à la tribune de l’UA, devant des dizaines de chefs d’Etat africains qualifiant l’accréditation de «récompense imméritée» pour les abus commis par l’Etat hébreu contre les Palestiniens. «Les peuples du continent africain ne connaissent que trop bien la dévastation et la déshumanisation qui caractérisent le colonialisme et les systèmes connexes de discrimination raciale institutionnalisée», a souligné le dirigeant de l’Autorité palestinienne, accréditée en tant qu’observateur auprès de l’UA depuis 2013.
La décision en juillet du président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, d’accréditer Israël a suscité des protestations de plusieurs Etats membres, dont l’Afrique du Sud et l’Algérie, qui ont rappelé qu’elle va à l’encontre des déclarations de l’organisation soutenant les Territoires palestiniens. Elle devait faire l’objet de discussions et d’un vote aujourd’hui. Et d’ajouter : «Israël ne devrait jamais être récompensé pour ses violations et pour le régime d’apartheid qu’il impose au peuple palestinien.»
Peu avant, dans son discours d’ouverture du sommet, Moussa Faki a défendu son choix et appelé à «un débat serein» sur le sujet. Il a assuré que l’engagement de l’UA dans la «quête d’indépendance» des Palestiniens est «immuable et ne peut que continuer à se renforcer». Mais l’accréditation d’Israël peut constituer, selon lui, «un instrument au service de la paix».
Vague de coups d’état
Israël était accrédité auprès de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), puis a perdu ce statut, lorsque cette dernière, créée en 1963, a été dissoute et remplacée par l’UA en 2002. En juillet, le ministère des Affaires étrangères israélien décrit cette exclusion comme une «anomalie».
Ce sommet sera aussi l’occasion d’aborder la vague des coups d’Etat sur le continent durant l’année écoulée, le dernier au Burkina Faso il y a moins de deux semaines. Mardi, un coup d’Etat a échoué en Guinée- Bissau. Le Burkina Faso, le Mali, la Guinée et le Soudan ont été suspendus par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA depuis juin en raison des putschs qui ont renversé les gouvernements en place dans ces pays. Mais une telle décision n’est pas appliquée au Tchad, où un conseil militaire a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Deby Itno en avril. Une délégation tchadienne est présente au sommet.
L’Ethiopie, est en proie à un conflit qui oppose dans sa région nord, depuis novembre 2020, les forces progouvernementales aux rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Sachant que l’Ethiopie abrite le siège de l’UA, comment aborder ce conflit sans pour autant provoquer l’ire d’Addis-Abeba ?
Moussa Faki a ainsi attendu le mois d’août, neuf mois après le début des combats, pour nommer l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, comme envoyé spécial chargé d’obtenir un cessez-le-feu. L’Ethiopie, qui siégeait depuis avril 2020 au Conseil de paix et de sécurité de l’UA, n’a pas été reconduite cette semaine parmi les 15 membres de cet organe en charge des conflits et questions de sécurité, selon des diplomates.
Sera aussi examinée, entre autres, questions la situation du continent conséquemment à la pandémie de coronavirus. Au 26 janvier, seuls 11% des plus d’un milliard d’Africains ont été entièrement vaccinés, selon les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies.