Sommet allemagne et républiques d’asie centrale : Berlin en quête de matières premières

17/09/2024 mis à jour: 03:56
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Le chancelier allemand, Olaf Scholz, lors d’une conférence de presse à Bonn

Le sommet 5+1 entre l’Allemagne et les cinq pays de l’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan,  Turkménistan, Tadjikistan) s’ouvre aujourd’hui au Kazakhstan. Cette rencontre  à laquelle prendra part le chancelier allemand, Olaf Scholz, intervient un an après que ce dernier eut reçu à Berlin les dirigeants de cinq pays d’Asie centrale. 

Une région riche en ressources naturelles convoitées par les grandes puissances, dont l’Union européenne (UE), la Chine, la Turquie, l’Iran, entre autres, qui concurrencent la Russie, ex-puissance tutélaire de cette région. «L’Ouzbékistan et le Kazakhstan sont pour nous des pays clés et des proches partenaires», a souligné vendredi Steffen Hebestreit,  le porte-parole du chancelier allemand. «Nous cherchons à approfondir notre coopération avec eux, notamment dans les domaines de la science, de l’économie, de l’énergie, de la connectivité et des matières premières».

Hier, Olaf Scholz a plaidé,  en Ouzbékistan, pour un renforcement du partenariat énergétique avec ce pays. «Nous voulons utiliser et développer ensemble les possibilités dans le secteur des matières premières», a indiqué le chancelier allemand, cité par son cabinet, relayé par l’AFP.

Fortement dépendante de la Russie pour son approvisionnement énergétique, l’Allemagne recherche des alternatives depuis l’intervention russe en Ukraine et se fournit déjà en pétrole auprès du Kazakhstan. «La participation d’entreprises allemandes au développement de gisements de minéraux critiques, à leur transformation (...) et leur exportation vers l’Allemagne et des pays tiers fait partie des domaines prioritaires du partenariat mutuellement avantageux entre l’Ouzbékistan et l’Allemagne», a affirmé l’administration présidentielle ouzbèke.

 D’après la même source, cette coopération industrielle concerne aussi  «les domaines de l’industrie chimique et de l’énergie verte». Outre l’exportation de gaz, pétrole et terres rares, la perspective d’envoyer depuis l’Asie centrale vers l’Europe via la mer Caspienne de l’énergie durable comme l’hydrogène  prend de l’ampleur. 

Le chancelier Scholz a également appelé à s’assurer que les «échanges commerciaux (entre l’Allemagne et l’Ouzbékistan) ne soient pas utilisés pour contourner les règles applicables au niveau international», alors que les Etats centrasiatiques sont soupçonnés par les Occidentaux de réexporter vers la Russie des biens sous sanctions.

A Astana, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a soutenu hier devant le chancelier allemand que la Russie est «militairement invincible» en Ukraine. Première puissance centrasiatique, le Kazakhstan est un allié militaire et économique de la Russie, avec laquelle il partage plus de 7500 kilomètres de frontière commune. «La coopération entre nos pays se développe dans le cadre d’un partenariat et d’une alliance stratégiques», a poursuivi K.J. Tokaïev, cité par son cabinet présidentiel, assurant toutefois qu’«au Kazakhstan, la population éprouve une véritable sympathie pour le peuple ukrainien».

Astana a diversifié ses liens militaires et économiques notamment avec la Chine et les puissances occidentales. Le président Tokaïev a  assuré que la «possibilité de paix existe toujours» et appelé à «soutenir les plans de paix proposés par la Chine et le Brésil». Depuis l’intervention russe en Ukraine en février 2022, la Chine, les Etats-Unis et l’UE tentent d’approfondir leurs liens avec les cinq ex-républiques soviétiques centrasiatiques, traditionnellement sous influence russe. Si les Etats centrasiatiques affichent diplomatiquement leur neutralité sur le conflit ukrainien, ils sont soupçonnés par les Occidentaux de réexporter vers la Russie des biens sous sanctions.
 

Convoitises

La présence du chancelier allemand en Asie centrale intervient après la tournée, début juillet, du président chinois Xi Jinping ; une tournée dans la région qui l’a mené au Kazakhstan et au Tadjikistan. Pékin a récemment intensifié ses efforts diplomatiques dans cette partie de l’Asie centrale, le président chinois appelant à un approfondissement des liens économiques lors d’un sommet organisé par la Chine en mai dernier auquel ont participé les dirigeants de plusieurs pays de la région. 


L’Asie centrale constitue un maillon essentiel des projets chinois de développement d’infrastructures des Nouvelles routes de la soie. En mai 2023, la Chine a organisé un sommet avec les dirigeants de cinq pays d’Asie centrale. Cette réunion s’est tenue dans la ville historique de l’Empire du Milieu de Xi’an (Nord), extrémité orientale de l’ancienne Route de la soie qui reliait l’Europe et la Chine via l’Asie centrale. A cette occasion, le président chinois a promis 26 milliards de yuans (3,7 milliards de dollars) de soutien à la région. Aussi, il a relevé la nécessité d’élargir la coopération en matière de sécurité pour lutter contre ce que Pékin appelle les «trois maux» de la région : le séparatisme, le terrorisme et l’extrémisme. 


Et d’ajouter : «Les six pays doivent s’opposer résolument aux ingérences extérieures dans les affaires intérieures des pays de la région et aux tentatives d’instigation de révolutions de couleur.» Le prochain sommet entre la Chine et les cinq pays de l’Asie centrale se tiendra au Kazakhstan en 2025.
 

Lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) tenu début juillet à Astana, les présidents chinois Xi Jinping et son homologue russe ont  plaidé en faveur d’un monde «multipolaire». 

Fondée en 2001, l’OCS comptait jusqu’ici neuf pays membres (Chine, Inde, Iran, Russie, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan). La Biélorussie en est devenue le dixième à l’occasion de ce sommet.                              

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