Silence embarrassé au Caire

09/05/2024 mis à jour: 15:52
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Beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux rappellent depuis deux jours à l’Egypte les précédentes déclarations de ses plus hautes autorités, considérant toute reprise en main du passage de Rafah par l’armée israélienne, dans le contexte actuel, comme une déclaration de guerre.

Près de quarante-huit heures après l’annonce par Tel-Aviv du déploiement d’une colonne blindée sur le site frontalier, Le Caire reste silencieux. Seule une déclaration de son staff de négociateurs assurant la médiation dans le cadre des tractations sur une trêve à Ghaza est venue signifier que le pays était quand même concerné par l’accélération des événements à sa frontière est.

La déclaration déplore que l’offensive israélienne menace l’aboutissement des pourparlers, alors que ces derniers semblaient mener vers la conclusion d’un accord, après l’avis favorable donné par le Hamas.

En février dernier, réagissant aux menaces israéliennes de porter la guerre à l’extrême sud de la bande de Ghaza, des responsables égyptiens avaient averti que toute offensive terrestre à Rafah, impliquant un prolongement vers les sites frontaliers avec le Sinaï, constituerait une violation des accords de Camp David, signés en 1979.

Dans la foulée, les mêmes responsables avaient signifié que Le Caire pourrait recourir unilatéralement à la dénonciation des mêmes accords, leur partie «protocole militaire» notamment.

Celui-ci limite la présence militaire des deux parties, de part et d’autre du périmètre frontalier, en plus d’instaurer un couloir complètement démilitarisé. L’offensive israélienne des trois derniers jours a pour terrain d’opérations, cependant, une zone située à un jet de pierre du territoire égyptien.

En janvier dernier, l’intention affichée par le gouvernement Netanyahu d’occuper le no man’s land Philadelphia, couloir longeant la bande frontière, avait fait réagir le gouvernement de Abdelfattah Al Sissi, d’autant que la résolution israélienne était accompagnée du reproche adressé aux forces armées égyptiennes d’être incapables d’endiguer le trafic d’armes qui transite par la zone sous leur contrôle.

Le porte-parole du gouvernement égyptien avait à l’occasion également évoqué «une ligne rouge» qu’Israël ne devrait pas s’aviser de franchir, au risque de remettre en question les accords de Camp David, ajoutant que Le Caire avait largement les moyens de défendre ses frontières en cas de nécessité.

Jusqu’à hier, le gouvernement d’Al Sissi a préféré s’abstenir de faire des déclarations sur les derniers développements pour, semble-t-il, laisser plus de chance aux négociations qu’accueille la capitale du pays sur une trêve à Ghaza, d’autant que l’Egypte est l’un des principaux médiateurs dans le conflit.

Les commentaires sur les réseaux sociaux, émanant parfois d’observateurs avertis de la géopolitique particulière de la région, sont beaucoup moins indulgents. Ils estiment, quant à eux, que la position actuelle du Caire renvoie à sa ferme résolution de ne pas se laisser entraîner dans le conflit, quelles que soient les «provocations».

Elle pourrait également s’expliquer, ajoute-t-on, par le tout récent et inédit renflouement de ses caisses en difficulté : un généreux prêt du FMI (8 milliards de dollars), une aide conséquente débloquée par l’UE (7,5 milliards d’euros), ainsi qu’un gros investissement du fonds souverain émirati (35 milliards de dollars). 

 

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