C’est le branle-bas de combat au complexe sidérurgique d’El Hadjar. Après l’enquête de la Brigade centrale de lutte contre les crimes économiques et financiers au Service central de lutte contre le crime organisé de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), la justice traque actuellement l’argent non justifié des mis en cause, soupçonnés d’enrichissement illégal dans l’affaire des groupes Imetal et Sider et de l’EPE Sider El Hadjar.
« Le juge d’instruction de la 8e chambre, près le pôle pénal économique et financier de la cour d’Alger compte aller le plus loin possible pour restituer tout l’argent public ayant permis aux accusés de s’enrichir illégalement notamment les prestataires», affirment nos sources. Et Sider El Hadjar en compte beaucoup. Il s’agit entre autres des entreprises des transporteurs qui, depuis plusieurs années, sont les mêmes. «C’est un marché qui coûte des dizaines de milliards.
Aucun autre prestataire dans le domaine n’a pu intégrer le cercle fermé des transporteurs de Sider El Hadjar. Ils sont tellement puissants qu’ils s’ingèrent directement dans la rédaction des cahiers des charges», affirment nos sources.
Les biens de l’ancien secrétaire général de l’Union de wilaya de l’UGTA Annaba sont aussi dans le viseur de la justice tout autant que les personnes placées sous contrôle judiciaire par le même magistrat instructeur. Parmi eux, le secrétaire général du syndicat de l’entreprise Sider El Hadjar. Objet de retrait de confiance par ses membres, il est revenu, avant-hier, à la charge.
Dans un communiqué rendu public dimanche, il s’est adressé aux travailleurs à l’effet de «quémander» leur soutien, perdu au lendemain de la mise sous mandat de dépôt du secrétaire général de l’Union de wilaya de Annaba. « A l’issue d’une réunion extraordinaire, tenue jeudi au niveau du siège du syndicat, nous avons décidé de multiplier les efforts pour hisser au premier rang l’intérêt du complexe et des travailleurs au-dessus de toutes les considérations, loin des intérêts personnels dont la révision de la convention collective permettant dans un proche avenir des augmentations salariales pour tous les travailleurs» a annoncé Ayad Mohamed Yacine, le secrétaire général du syndicat. Les réactions des sidérurgistes n’ont pas tardé.
En effet, selon plusieurs parmi eux : «Ce secrétaire général qui est sous contrôle judiciaire, décidé par la magistrate instructrice de la 8e chambre du pôle pénal financier et économique de Sidi M’hamed (Alger) n’a pas attendu la révision de la convention collective avec l’employeur pour voir son salaire augmenter. Lui et le chargé de la formation Azzedine Seghir et le SG de l’union locale de Sidi Amar ainsi que le chargé de l’organique Bourbia Farouk se sont servis exclusivement avant. Ils ont bénéficié, à la veille des élections syndicales, d’une augmentation conséquente, respectivement, de plus de 20 000 DA, 15 000 DA et 8000 DA. Cette augmentation a été décidée par le directeur général adjoint, actuellement en prison à Alger.
Ce qui a généré un mécontentement général parmi les travailleurs d’autant plus que les finances de Sider El Hadjar ne sont pas au beau fixe, sachant que ces mêmes syndicalistes ont toujours fait main basse sur l’administration du complexe».
Abondant sur un ton coléreux, ils tonitruent : «Il y a quelques jours le conseil syndical de Sider El Hadjar a voté le retrait de confiance à ces trois principaux membres du syndicat de l’entreprise. Même la tentative de réconciliation, organisée par les trois individus cités, a avorté.
Ce qui a été confirmé par les membres du syndicat qui, via les réseaux sociaux, ont démenti catégoriquement être revenus sur leur décision de retrait de confiance ».
Et de s’interroger : «Pourquoi la direction générale de Sider El Hadjar continue de négocier avec un syndicat dont le secrétaire général est sous contrôle judiciaire ? N’est-ce pas elle-même qui l’a sommé de remettre le véhicule de service et utiliser ses propres moyens dans ses déplacements ? Que prévoit la loi dans ce cas de figure ?». En attendant, l’instruction de l’affaire est toujours en cours au niveau du pôle pénal financier et économique. A suivre…