Série thriller/ Loi sur le cinéma, suite et fin

07/01/2024 mis à jour: 00:46
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Extrait de Tassaloul (Hors-jeu) de Imane Salah (2023), l'un des rares films de cinéma algériens qui parlent de cinéma. (La salle Olympia d'Alger où on passe des matchs de football)

Il aura fallu 4 ans depuis la promesse du Président de relancer le cinéma pour finaliser une loi sur le cinéma. Cette loi du ministère passera à l'Assemblée et sera ensuite le cadre pour tous les tournages et films à venir. 

Tout comme les professionnels du secteur ont été invités à l'élaboration de la loi sans pour autant adopter leurs propositions, ceux-ci seront aussi en partie invités par les députés à débattre, Ahmed Bejaoui, Mounès Khemmar ou Mehdi Benaïssa, pour ne citer que les plus connus. Mais qu'y a-t-il dans cette loi ?  

Au-delà de l'obligation pour un producteur de terminer son film en 18 mois, ce qui peut sembler absurde vu qu'il faut souvent un an pour finaliser un montage financier, comment rembourser un crédit bancaire sans avoir de circuit de commercialisation, la nouvelle loi n'ayant pas prévu d'obliger dans un cahier de charges les télévisions d'acheter et de diffuser des films algériens comme il l'avait été proposé. 

Ce qui aurait pu renflouer les producteurs et les pousser à faire d'autres films, les chaînes TV étant plus nombreuses en Algérie que le nombre de films produits chaque année en Algérie. Qu'en pensent les acteurs du secteur ? 

Contactés, ils sont loin d'être joyeux, Ahmed Bejaoui remarque que «les professionnels ont été rassemblés à grands frais lors des assises pour garder au final un tel texte que le Président avait demandé de soumettre aux intéressés pour le remanier», en soulignant que «l'absence du fonds d'aide, dont le Président a recommandé la relance, qui doit obligatoirement être adossé à la loi». 

De son côté, le réalisateur Malek Bensmaïl, qui avait fait des propositions, est déçu : «Rien n'a été retenu et le mal est profond, les conservateurs sévissent.» Pour Bachir Derraïs, «le rôle de l'administration est d'accompagner, d'assister et de créer toutes les conditions à la création cinématographique, or, on ne voit rien de tout cela dans cette loi», pendant que le producteur Boualem Ziani explique que «cette loi a été élaborée par l'administration pour se protéger des pressions d'autres secteurs plutôt que pour accompagner le projet de développement du secteur cinématographique et protéger la créativité».

Yacine Bouaziz, producteur et réalisateur, est du même avis : «La compétence est du côté des cinéastes, ils l'ont prouvé par leurs films primés dans les festivals internationaux, la compétence de ceux qui font les lois sur le cinéma reste à prouver», pendant que Adila Bendimered  précise : «On a demandé au ministère un compte-rendu des assises qui n'a jamais été rendu.»  

Dans la nouvelle loi, il est question de la création de centres, de studios, d'écoles, de structures, de bureaux et d'armoires, des projets, alors que les professionnels avaient souhaité regrouper les innombrables centres étatiques qui s'occupent du cinéma dans un seul centre, unique interlocuteur, pour décharger le ministère de la gestion et faciliter les démarches. 

Mais cette loi ne va certainement pas remédier au problème du nombre de plus en plus grand d'Algérien(ne)s qui partent à l'étranger soit pour y tourner des films, soit pour y trouver des producteurs et des autorisations de tournage, ce qui devrait faire réfléchir à cette étrangeté, l'Algérie importe des films et exporte des cinéastes. 

Mais au fond, la question qui n'a pas été posée renvoie à une question, il y a des pays qui n'ont pas de ministère de la Culture et ont pourtant un cinéma très productif : les Etats-Unis, l'Inde, le Canada, l'Australie, la Chine ou le Brésil. 

L'Algérie, qui a calqué son modèle sur le système français, n'a pourtant pas calqué le principe du CNC, Centre national de la cinématographie, non géré par le ministère et qui aide en pré-achats à produire et diffuser les œuvres cinématographiques, modèle calqué par plusieurs pays, sur la base d'une commission renouvelable qui donne les sommes exactes allouées à chaque projet ainsi qu'une notification écrite en cas de refus, ce qui n'existe toujours pas en Algérie. 

Avec l'évidence des restrictions budgétaires, a-t-on besoin d'un ministère de la Culture là où un simple centre de la cinématographie, des arts plastiques ou du théâtre, d'un bureau de la littérature et de la musique, d'une direction des festivals suffiraient ?

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