Selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD) : La croissance devrait atteindre 3,9% en 2024 en Afrique du Nord

17/02/2024 mis à jour: 15:00
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Siège de la Banque africaine de développement (BAD)

L’interaction des crises mondiales et régionales avec les faiblesses structurelles régionales existantes menace d’interrompre la reprise économique progressive de l’Afrique et entrave les développements socio-économiques. 

C’est l’une des conclusions principales du dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD) publié hier. Intitulé «Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique 2024», le document relève, en effet, le ralentissement de l’élan de la forte reprise économique initiale de l’Afrique, après la profonde récession induite par la pandémie de la Covid-19, à la suite de plusieurs revers, dont une inflation élevée, un resserrement des conditions de financement et des risques importants liés à la dette et au climat. Globalement, la croissance du produit intérieur brut (PIB) réel a été de l’ordre de 3,2% en 2023, contre 4,1% en 2022. 
 

Malgré cette baisse de la croissance moyenne en 2023, «15 pays africains – menés par l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, Maurice et le Rwanda – ont affiché des augmentations de production de plus de 5%», nuance la Banque continentale. La forte croissance de ces pays «reflète l’impact positif d’un rebond des dépenses d’investissement, d’une reprise soutenue du tourisme, d’une forte performance du secteur minier et des avantages de la diversification économique». 

Pour 2024, la croissance devrait atteindre 3,8% en Afrique, un «taux généralisé dans tous les secteurs», indique la BAD qui estime que «les économies du continent restent résilientes». Concernant l’Afrique du Nord, la croissance devrait rester à 3,9 % en 2024 et augmenter de 0,2% pour atteindre 4,1% en 2025. 

«Malgré la croissance prévue pour tous les pays de la région, les expansions sont modestes ou en retrait par rapport aux estimations de 2023», souligne le rapport. Ainsi, la croissance en Libye, estimée à 12,6% en 2023, devrait tomber à 7,9% en 2024 et à 6,2% en 2025. L’Égypte enregistre également un ralentissement de la croissance qui passe d’une estimation de 4% en 2023 à une estimation de 3,7% en 2024. En Algérie, ce taux devrait augmenter à 4,2% en 2024 avant de retomber à 3,6% en 2025, selon les estimations de la BAD. 

Le continent devrait également «compter 11 des 20 économies affichant la croissance la plus rapide au monde», ajoute la Banque qui précise : «L’Afrique reste la deuxième région ayant la croissance la plus rapide, après l’Asie».
 

L’inflation : un plus depuis plus de dix ans 

L’autre indicateur du rapport, et non des moindres, la hausse de l’inflation. L’économie africaine est également essoufflée, en raison d’une inflation estimée à 17,8%. C’est son plus haut niveau depuis plus d’une décennie. Le phénomène continue d’être élevé sur le continent et devrait rester à deux chiffres dans 19 pays en 2023 et 14 pays en 2024, selon la même source. 

«L’inflation moyenne sur le continent a été estimée à 17,8% en 2023, soit 3,6 points de pourcentage de plus qu’en 2022», précise le rapport indiquant que l’inflation a augmenté en Afrique depuis le début de la pandémie de la Covid-19. «Le taux reste obstinément élevé, menaçant la stabilité macroéconomique», préviennent les rédacteurs du rapport. Et de noter que les pressions inflationnistes ont été alimentées par la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie notamment. Les facteurs nationaux, tels que les largesses fiscales, les chocs de l’offre agricole et les effets de la dépréciation des monnaies nationales par rapport au dollar américain, ont également contribué à cette poussée inflationniste. 

Laquelle devrait retomber dans certains pays comme l’Algérie pour passer à 6,2% entre 2024 et 2025. Comme recommandations pour faire redémarrer la croissance et freiner l’inflation, la BAD a énuméré une série d’actions à mener à court, moyen et long termes. Les données présentées dans ce rapport suggèrent ainsi que la transformation structurelle pourrait améliorer la capacité des économies africaines à résister aux chocs et à renforcer les amortisseurs pour accélérer la réduction de la pauvreté. 

Pour lever les obstacles à la transformation structurelle nécessaire à une croissance économique plus rapide et durable, la BAD propose plusieurs mesures, dont «l’adoption de politiques monétaires» permettant de trouver un «équilibre» entre «la maîtrise d’une inflation élevée et la création d’incitations à la croissance». 

Pour s’attaquer à l’inflation persistante, la BAD propose de mette en place une politique monétaire appropriée qui «consisterait à trouver un juste équilibre entre la poursuite du resserrement de la politique monétaire et le lancement d’une politique d’assouplissement dans les pays où une baisse substantielle de l’inflation est prévue.» «Il sera donc essentiel de déterminer le meilleur moment où commencer à assouplir la politique monétaire. Dans les pays confrontés à une inflation élevée, mais en baisse, les taux d’intérêt devraient être maintenus aux hauts niveaux actuels jusqu’à ce que l’inflation atteigne fermement son objectif», suggère encore la Banque. 

Et d’insister sur les réformes de la gouvernance pour renforcer la capacité de gestion de la dette. Il s’agit, par ailleurs, à moyen et long termes, d’accroître la mobilisation des ressources nationales pour accélérer l’assainissement budgétaire et la transformation structurelle de l’Afrique.
 

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